Collectifs d’agriculteurs : les outils numériques pour simplifier les échanges et le partage de données
Le Covid a dopé la tendance : les collectifs d’agriculteurs utilisent de plus en plus les outils numériques utiles au bon fonctionnement du groupe. Reste à choisir le bon et à le faire adopter par tous.
Le Covid a dopé la tendance : les collectifs d’agriculteurs utilisent de plus en plus les outils numériques utiles au bon fonctionnement du groupe. Reste à choisir le bon et à le faire adopter par tous.
Il existe plus d’une vingtaine d’outils numériques qui peuvent être utiles à la vie d’un collectif d’agriculteurs. « Pour un groupe qui travaille dans une logique de transition et qui doit capitaliser sur ses expérimentations et ses savoirs techniques, le numérique apporte un réel appui », considère Ambroise Garnier, fondateur de la plateforme Amiculteurs.
Au départ, c’est souvent le besoin de maintenir les échanges entre les réunions qui poussent les collectifs d’agriculteurs à se pencher sur ces outils en lien avec leur animateur. Il existe des plateformes collaboratives qui permettent non seulement d’échanger mais aussi de « garder la mémoire du groupe ». Elles facilitent le partage des ressources et une utilisation participative. Elles peuvent être généralistes, comme Slack ou Whaller, ou spécifiques au monde agricole, comme Farmleap, Landfiles ou Amiculteurs. Ces dernières sont intéressantes car elles proposent de conserver et de mutualiser des données issues du terrain (résultats d’expérimentations, données agronomiques et observations des agriculteurs…). « La digitalisation permet de gagner en productivité sur la gestion des données », estime Anaël Bibard, président de Cofarming et cofondateur de Farmleap.
Ces plateformes agri disposent en effet d’un module qui « digère » les données pour en tirer des enseignements. « Les remontées et le partage des données permettent d’accélérer le changement, assure Nicolas Minary, directeur de Landfiles. En s’organisant ainsi, un groupe d’agriculteurs peut, par exemple, déterminer précisément une date optimale de semis pour un secteur donné. »
Choisir son outil en fonction de ses besoins
Les applications de conversation instantanée bien connues du grand public, tels que Whatsapp ou Messenger, font aussi de plus en plus partie du quotidien des groupes, même si le nombre d’utilisateurs dans ce cadre reste difficile à mesurer. « Les conversations instantanées permettent aux agriculteurs d’échanger et de trouver les réponses entre eux, c’est une source d’autonomie de décision », constate Christelle Samson, de la chambre d’agriculture du Morbihan, qui accompagne un groupe 30 000 d’une vingtaine d’agriculteurs utilisateurs de Whatsapp.
« Ces applications sont souvent choisies, pourtant, il en existe d’autres », avance Aurélie Garcia-Velasco, de la Fédération régionale des Cuma de l’Ouest (FRCuma Ouest) qui a travaillé sur le projet #Agriculturedegroupe2.0 (1). Elle remarque que les agriculteurs s’orientent parfois un peu vite vers ses applications qu’ils connaissent bien à titre privé alors que cela ne correspond pas forcément aux besoins du groupe. Difficile en effet de retrouver ses petits dans le fil d’une conversation instantanée !
Le choix de l’outil va bien sûr dépendre des besoins du groupe. « Ce n’est pas l’outil qui fait le projet, mais bien l’inverse », avance Aurélie Garcia-Velasco. Le groupe doit d’abord déterminer sa problématique, puis la traduire en « besoin numérique » pour ensuite choisir le bon outil. Par exemple, la problématique “nous n’arrivons pas à trouver facilement les documents dont nous avons besoin”, se traduit par le besoin numérique de “stocker et partager des documents pour un accès facile et rapide”. Il faudra donc aller vers un outil de stockage en ligne.
Accompagner la transition digitale du groupe
L’intérêt de ses outils est qu’ils permettent à tout le monde d’avoir le même niveau d’information… à condition que l’ensemble des membres du groupe les adoptent et les utilisent. « Cela demande un vrai investissement de la part de l’animateur », explique Aurélie Garcia-Velasco. Et de respecter certaines étapes, à commencer par la présentation de l’outil choisi : intérêt, objectifs, fonctionnalités… « Cela doit de préférence se faire en présentiel avec tous les membres du groupe », avance-t-elle. Le guide méthodologique réalisé par la FRCuma et ses partenaires, pour aider les groupes à se lancer dans l’utilisation des outils numériques, est formel : « Envoyer par mail l’invitation pour se connecter à un outil ne suffit pas, même complétée d’une procédure à suivre pour l’utiliser ». L’idéal est de procéder à l’installation de l’outil sur l’ordinateur et/ou le smartphone lors d’une réunion physique. C’est l’occasion de prendre connaissance des problèmes matériels rencontrés par certains et de voir comment y remédier.
Il est également conseillé d’établir des règles de fonctionnement. Par exemple, sur Whatsapp, on détermine quelles informations peuvent être partagées sur l’application, et lesquelles doivent être communiquées par mail. « Par la suite, l’animateur peut faire rapidement un point à chaque réunion ou lorsqu’il se rend sur le terrain chez les exploitants, conseille la chargée de mission. Quand on bloque sur un outil numérique, on abandonne vite. » Ces conseils pour favoriser l’adoption d’un outil numérique par un groupe ne doivent pas cacher l’essentiel : « la première condition à l’adoption d’un outil est qu’il réponde à un réel besoin du groupe », conclut Aurélie Garcia-Velasco.
Un site ressources pour choisir le bon outil numérique
pour un groupe
Dans le cadre du projet #Agriculturedegroupe2.0, les partenaires ont regroupé des ressources en ligne à destination des animateurs de collectifs d’agriculteurs. Fiches pratiques, tutoriels, outils d’aide à la décision, vidéos de témoignages… sont à disposition pour engager un groupe dans la transition digitale. Les infos sont à retrouver ici.