Charges de mécanisation : « Je n’achète que du matériel d’occasion pour limiter les coûts »
Agriculteur dans l’Yonne, Jean-Baptiste Tribut ne travaille qu’avec du matériel d’occasion, parfois vieillissant. Il obtient des charges de mécanisation inférieures aux références connues pour le même type d’exploitation, mais il est tributaire de certaines pannes et ses débits de chantier sont limités.
Agriculteur dans l’Yonne, Jean-Baptiste Tribut ne travaille qu’avec du matériel d’occasion, parfois vieillissant. Il obtient des charges de mécanisation inférieures aux références connues pour le même type d’exploitation, mais il est tributaire de certaines pannes et ses débits de chantier sont limités.
« Mon père avait déjà, à son époque, adopté la stratégie de faire durer le matériel le plus longtemps possible, afin d’éviter les investissements trop lourds, explique Jean-Baptiste Tribut, installé à Tronchoy dans l’Yonne. J’ai repris la même approche, n’étant moi-même pas favorable à disposer d’un gros capital en matériel sur l’exploitation. Toutefois, je dois accepter les pannes, l’immobilisation des machines et le budget dédié à l’entretien. » Ce qui importe à l’agriculteur, c’est de faire face aux mauvaises années et de ne pas mettre en péril sa structure. En différant certains entretiens qu’il juge non prioritaires, il pilote tant que possible le montant annuel de ses charges de mécanisation.
Jean-Baptiste Tribut a réalisé un diagnostic de mécanisation en 2021 avec l’outil Mécagest, mis à disposition par la fédération des Cuma. « Je voulais connaître mes coûts et me situer. Comparées aux autres exploitations du même type que la mienne, il s’avère que mes charges de mécanisation sont inférieures de 18 euros/ha (carburant compris) par rapport à la référence moyenne, soit 213 euros/ha contre 231 euros/ha. Toutefois, mon matériel étant vieillissant, je suis conscient qu’il va falloir que je planifie des investissements pour pouvoir les lisser dans le temps. »
Fiscalement, Jean-Baptiste Tribut trouve un intérêt à disposer de matériels vieillissants ou d’occasion. « C’est une stratégie qui me convient bien, mais il faut avoir le tempérament qui va avec. De toute manière, je n’ai financièrement pas le choix. J’ai repris 70 hectares en 2015, une belle opportunité qui, cependant, ne me permet pas d’un point de vue économique de renouveler plus régulièrement tout le matériel que je souhaiterais. » Ainsi, l’année où il réalise du résultat, il investit dans des réparations ou anticipe certains entretiens, comme le changement de pneus. L’agriculteur détient pratiquement tout son matériel en propriété. Il avoue qu’il aimerait développer la copropriété et réduire davantage ses coûts. Ce serait aussi pour lui l’occasion d’augmenter ses débits de chantier qu’il considère trop faibles, la vétusté de certains outils étant un frein.
« Mon raisonnement est surtout économique. Je ne suis pas un adepte du matériel moderne et neuf. Je souhaite juste qu’il soit fiable. » Dans son parc, l’agriculteur dispose d’une moissonneuse-batteuse Deutz-Fahr 4045H achetée d’occasion en 2004, qui affiche aujourd’hui 3 200 heures au compteur. « Elle est bien entretenue et j’espère qu’elle va encore durer quelques années, même si je suis conscient qu’il va falloir que je songe à la renouveler. » Selon les années, la machine réalise entre 160 et 190 heures, alors que celle plus puissante d’un voisin moissonne la même surface en seulement 65 heures. « C’est vrai que la différence de débit de chantier est importante, mais je reste serein. J’avoue que certaines années, selon la météo, il peut arriver que la récolte s’éternise. »
Pour les traitements, l’exploitant utilise un pulvérisateur porté Caruelle Olympia 120S datant de 2002. Cet appareil est équipé de la régulation DPM (débit proportionnel au régime moteur) ne permettant pas de faire varier la pression en fonction de la vitesse d’avancement. « Je règle la pression à 1,7 bar et je sais à quelle vitesse d’avancement cela correspond. Ce matériel donne de bons résultats, même si je reconnais qu’un DPAE (débit proportionnel à l’avancement électronique) serait plus confortable. »
De réels gains en déléguant certains travaux
Pour optimiser ses charges et son temps de travail, Jean-Baptiste Tribut fait appel à un prestataire de services pour épandre ses fumiers de poulets. « Auparavant, je réalisais moi-même cette tâche qui me coûtait cher en mobilisant à la fois du matériel et des chauffeurs. Aujourd’hui, le prestataire équipé de matériels performants et rapides, réalise un travail efficace et de qualité, avec une répartition homogène du fumier. » Alors que l’agriculteur mettait trois semaines pour réaliser le chantier, l’entreprise le boucle en quatre jours pour un coût plus faible.
« Nous connaissons peu d’indicateurs concernant les critères de renouvellement du matériel, se désole l’exploitant. Je me souviens d’avoir appris que pour être rentable un tracteur devait au minimum effectuer 1 000 heures par an. C’est pourquoi je ne comprends pas cette stratégie qui consiste à changer les équipements au bout de 2 000 heures, à moins que ce ne soit pour des raisons fiscales. Je suis partisan de faire durer le matériel, mais de le renouveler avant qu’il ne soit trop usé, car la vétusté peut coûter cher. » Jean-Baptiste Tribut suit régulièrement les annonces de matériels d’occasion pour établir son référentiel de prix. Patience et réactivité sont les maîtres mots pour dégoter la bonne affaire, même s’il lui arrive parfois d’avoir de mauvaises surprises.