Betterave sucrière : du bon et du moins bon à prévoir en rendement et richesse en sucre
Optimisme chez les uns, pessimisme chez les autres : les rendements en betterave sucrière pourraient dépasser en moyenne nationale ceux de 2023, mais avec une forte hétérogénéité entre régions et une richesse en sucre pas toujours au rendez-vous.
Optimisme chez les uns, pessimisme chez les autres : les rendements en betterave sucrière pourraient dépasser en moyenne nationale ceux de 2023, mais avec une forte hétérogénéité entre régions et une richesse en sucre pas toujours au rendez-vous.
Le rendement de la betterave sucrière en 2024 devrait être du même niveau qu’en 2023, soit 83,6 t/ha en moyenne, selon une note du service de statistiques du ministère de l’agriculture (Agreste) parue le 17 septembre. « Avec une surface de 411 000 hectares en 2024 supérieure à celle de 2023 (379 000 ha), la production augmentera de 6,3 % pour atteindre 34,38 millions de tonnes. »
« Nous nous étonnons de l’optimisme de ces prévisions, déclare Nicolas Rialland, directeur de la CGB, syndicat des betteraviers français. Les rendements vont être très hétérogènes. Le potentiel est correct en Champagne, Bourgogne, Alsace, Centre Val-de-Loire. Il n’est pas bon en Normandie, Île-de-France et Hauts-de-France à cause de semis tardifs et d’un déficit d’ensoleillement au printemps. » Heureusement, le mois d’août a été favorable à l’élaboration du rendement. « Nous prévoyons malgré tout plutôt un rendement de l’ordre de 80 t/ha et la teneur en sucre va être historiquement basse, précise Nicolas Rialland. Nous sommes autour de 16 pour les premières récoltes et il faut s’attendre à des richesses beaucoup plus basses dans certaines parcelles pour les arrachages à venir. »
Des prévisions de rendement de 85 t/ha chez Cristal Union et à l’ITB
Maladie causant une destruction de feuillage très impactante sur le rendement, la cercosporiose se remarque par sa forte présence cette année. C’est le constat, entre autres, de Ghislain Malatesta, ITB. « L’utilisation de variétés tolérantes et les traitements fongicides devraient limiter les dégâts ainsi que les conditions météorologiques annoncées avec des températures pas trop élevées ne favorisant pas la maladie. Hormis en Eure-et-Loir, la jaunisse a été quasiment absente cette campagne, en revanche. Il y a apparition de rhizoctone brun çà et là, sur les zones tassées et humides. » Le spécialiste de l’ITB table malgré tout, sur une moyenne de rendement de 85 t/ha, légèrement supérieure à celle de 2023.
Le groupe Cristal Union fait la même prévision de rendement « proche de 85 t/ha », dans un communiqué paru le 12 septembre, avec « un désherbage bien maîtrisé, une cercosporiose restant sous contrôle, un impact de la jaunisse modéré… » La campagne d’arrachage courra sur 125 jours et les premières récoltes ont démarré à Fontaine-le-Dun (Seine-Maritime) le 5 septembre. Pour Nicolas Rialland, les bonnes prévisions de rendement de Cristal Union peuvent s’expliquer par son implantation en majorité dans des régions où l’on enregistre des productions élevées. « Avec cette bonne moyenne de rendement, la performance économique et la solidité financière de notre groupe, nous sommes en mesure de confirmer l’objectif de prix de 40 euros la tonne de betterave à 16° pour nos coopérateurs pour la campagne 2024 », annonce Olivier de Bohan, président de Cristal Union, tout en déclarant « anticiper des conditions de marché moins favorable pour les mois à venir. »
Gare à la rentabilité avec un prix proche des coûts de production
Nicolas Rialland confirme cette tendance baissière « avec des prix en repli significatif par rapport à l’an dernier. Aujourd’hui, nous nous dirigeons vers un excédent de production de sucre dans l’UE, ce qui fait diminuer les prix. » Le marché est orienté à la baisse et ce, malgré l’annonce de l’Inde de ne pas exporter et les incendies d’importantes surfaces en canne à sucre au Brésil. « Nous gardons comme point de repère le prix de 40 euros la tonne de betterave. L’annonce claire de Cristal Union est une bonne chose mais nous nous montrons prudents, constatant que ce prix n’est pas loin du coût de production à l’hectare de la betterave à 35 euros pour un rendement de 82-83 t/ha, » souligne Nicolas Rialland. La rentabilité de la culture est en jeu. « Si en 2025 le marché est effectivement en excédent, il serait bienvenu de la part des groupes sucriers d’annoncer la couleur en termes d’évolution de surfaces. Le néerlandais Royal Cosun incite déjà ses adhérents à réduire de 10 % les surfaces, et d’autres groupes européens, à 15 %. »