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Ravageurs
AVIS DE PULLULATION DE CAMPAGNOLS

Du jamais vu depuis vingt ans: les infestations de campagnols ont atteint 3 000 individus par hectare. Les attaques vont sans doute se renouveler ce printemps. Que faire ? Une molécule reste utilisable… avec précaution.

Les campagnols ont pullulé en 2007. Et 2008 s’annonce sous les pires auspices. « Au 15 janvier 2008, je dénombrais déjà 250 campagnols des champs à l’hectare dans des jachères, des bords enherbés de parcelles (bernes), des colzas ou des luzernes… C’est très élevé pour la période.Déjà avec une population hivernale à 40 ou 50 campagnols à l’hectare, on peut s’attendre à une surpopulation en mai… » Le constat émane de Pascal Fadat, technicien à la FDGedon(1) des Deux-Sèvres. « En plus, j’ai pu constater que cette forte population était constituée de 40 % d’individus en état de se reproduire, ce qui est élevé », ajoute-t-il.

DES LIGNES DE GRAINS ESPACÉES
La messe est–elle dite? Quels sont les moyens d’endiguer le développement de ces rongeurs à fort pouvoir de reproduction ? Il n’existe qu’une seule molécule chimique homologuée contre le campagnol des champs : la chlorophacinone. Plus de 150 produits commerciaux sont constitués à base de cette matière active. Pour ses adhérents, la FDGedon des Deux- Sèvres utilise le produit pour fabriquer ses propres appâts : des grains de blé enrobés de chlorophacinone. « Nous rétrocédons ces appâts pour un prix de 80 euros du quintal de grains traités. Nous préconisons l’utilisation de ces grains de 10 à 12 kilos/hectare avec plusieurs passages si nécessaire », précise Pascal Fadat. Pour être efficaces, les grains doivent être disposés d’une façon très précise dans la parcelle. « Il faut les épandre sur des lignes espacées entre elles de 5 à 6 mètres à raison de 150 à 200 grains par mètre linéaire. Il faut donc adapter un semoir comme par exemple un épandeur d’anti-limaces dont on aura enlevé l’hélice. » Le technicien met à disposition des agriculteurs de son département un semoir adapté par ses soins. Le semis en surface de grains tous les 5-6 mètres répond aux spécificités comportementales du campagnol. Ce dernier vit essentiellement sous terre et circule dans des galeries pouvant s’étendre jusqu’à 10 mètres autour du nid. Les trous de sortie auront toute chance d’être à proximité des lignes de grains empoisonnés. De plus, une telle méthode minimise les risques d’empoisonnement d’autres animaux non visés. La chlorophacinone n’est pas un produit anodin, loin s’en faut. C’est un anticoagulant dange-reux, classé très toxique (T+). Il est sur la sellette puisque les autorisations de commercialiser les produits contenant cette substance active seront retirées le 31 décembre 2010. RISQUES SUR LE GIBIER Autre rodenticide anti-coagulant, la bromadiolone n’est pas homologuée pour lutter contre le campagnol des champs. Expert national en vertébrés nuisibles officiant au Service régional de la protection des végétaux de Franche- Comté,Denis Truchetet reconnaît les risques du traitement sur la faune non cible, notamment le gibier. D’autres méthodes de lutte directe existent mais elles sont plus difficiles à mettre en oeuvre sur le terrain. Il s’agit de l’enfouissement de grains dans les terriers ou l’utilisation de pièges. « De telles méthodes exigent d’y consacrer beaucoup de temps », observe, réaliste, Denis Truchetet.

RAPACES ET RENARDS À LA RESCOUSSE
Les méthodes préventives de lutte apparaissent pourtant nécessaires. « Le principe est de jouer sur l’habitat des rongeurs, explique Denis Truchetet. Les haies, talus et bernes sont des refuges à campagnols. Il faut les entretenir de façon à laisser un minimum de végétation qui est leur source de nourriture : fauchage, gyrobroyage et extraction des andains. Le travail du sol des parcelles infestées (labour, cover-crop) sera très efficace contre ces rongeurs aux moeurs souterraines. Enfin, on favorisera la prédation par les rapaces (busards) et même les renards. » Pour son cousin, le campagnol terrestre, qui sévit plutôt sur les prairies, des perchoirs à rapaces ont été disposés dans certains secteurs et le renard a fait l’objet d’un régime de faveur. Il a été déclassé de son statut de « nuisible » sur certains territoires par arrêté préfectoral. C’est le cas dans le Doubs,mais aussi en Isère. « En jouant sur tous les facteurs, la lutte chimique apporte 70 à 80 % de la contribution dans la destruction des campagnols des champs, » précise Denis Truchetet. Car Goupil ne saurait contenir tous les rongeurs à lui tout seul. !
Christian Gloria
(1) Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles.

Campagnol ou mulot, ne pas se tromper de cible...

Le terme de mulot est souvent cité pour désigner un petit rongeur rencontré dans ses champs. « Les mulots sont bien présents mais ils ne représentent jamais plus de quelques pourcents de la population de rongeurs sur une parcelle », observe Pascal Fadat. « Le mulot sylvestre est plutôt inféodé aux milieux bocagers et boisés », ajoute Denis Truchetet. Il ne faut pas se tromper de cible: les seuls rongeurs susceptibles de pulluler et de causer des dégâts significatifs sont le campagnol terrestre dans les prairies et le campagnol des champs sur les parcelles de grandes cultures.
Comment reconnaître un campagnol d’un mulot ? Le mulot a un nez long, de grandes oreilles, de gros yeux saillants, une longue queue et se déplace par petits bonds. Le campagnol est plus « rondouillard »: corps trapu, queue courte, yeux et oreilles petits. Le campagnol des champs creuse des galeries très superficielles jalonnées de nombreux trous ronds. Avec de cinq à huit portées par an et trois à sept petits par portée, on imagine facilement le pouvoir considérable de reproduction de ce rongeur. Mais il ne vit pas plus d’un an. Ouf !

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