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Adventices, maïs, tournesol et colza au menu des abeilles

Si les abeilles privilégient le nectar de colza et de tournesol dans leur alimentation, c’est le pollen de maïs qu’elles aiment particulièrement en été. Et quelques fleurs d’adventices…

Le maïs serait-il une plante bienfaitrice pour les abeilles ? « Cette culture est fortement utilisée pour la ressource pollinique. Il fleurit simultanément avec le tournesol mais les abeilles rapportent plus de pollen de maïs que de tournesol à leurs ruches. » Partageant son temps entre l’Inra du Magneraud (Charente-Maritime) et le CNRS de Chizé (Deux-Sèvres), Fabrice Requier met une dernière touche à sa thèse sur « l’écologie de l’abeille domestique en paysage agricole intensif »(1). Sur un vaste territoire de grandes cultures (45 000 hectares) au sud de Niort, il a étudié le régime alimentaire de ces insectes pollinisateurs.
L’étude le démontre. Sur la durée d’un mois, à cheval sur juillet-août, près de 70 % du pollen rapporté par les abeilles provient de cultures dont près de 50 % du maïs .


Maïs en tête pour le pollen


Même sur la durée de l’année, le maïs reste la plante en tête des ressources polliniques (un peu plus de 11 % du butin pollinique annuel), le tournesol arrivant en troisième position (9,4 %). Surprise : la deuxième plante est une adventice, le coquelicot. Plus de 200 espèces végétales sont utilisées annuellement par les abeilles pour le pollen.
Si les pollens des maïs et tournesols sont importants en quantité, leur qualité est médiocre. « Pour l’abeille, le pollen constitue la ressource en protéines et minéraux indispensable à la survie de la colonie. Chez celui du maïs et du tournesol, ces teneurs sont faibles. Les abeilles doivent donc trouver d’autres ressources polliniques de qualité, explique Fabrice Requier. C’est dans la diversité florale que les abeilles vont puiser ce besoin en qualité. Les ligneux tels que l’aubépine et les érables fournissent des pollens de haute valeur nutritionnelle en début de saison et les adventices telles que le coquelicot, la moutarde et la mercuriale en période estivale. Les abeilles ont donc  besoin d’une grande diversité végétale pour leurs besoins polliniques trouvés dans les bords de champs, les haies et les lisières forestières. »

Colza et tournesol pour le nectar


En plus des protéines et minéraux, les abeilles trouvent dans le pollen une part de leurs ressources énergétiques. Mais c’est le nectar qui fournit l’essentiel de l’énergie aux insectes pollinisateurs. Les cultures oléagineuses dominent largement dans la ressource en énergie : aux alentours de 80 % dans les pics d’alimentation des abeilles mellifères avec le colza au printemps (floraison courant avril) et le tournesol en été (floraison en juillet et août). Ce qui fait dire à Bernard de Verneuil, président du Cetiom, que « les productions oléagineuses sont le plat de résistance des abeilles ». De façon étonnante, on ne trouve quasiment aucun pollen de colza ramené dans les ruches, « peut-être dû à des grains de pollen trop petits augmentant la dépense énergétique pour créer une pelote de pollen par les butineuses. Mais nous n’avons pas d’explications claires à ce sujet », reconnaît Fabrice Requier.
Le thésard note une dynamique bimodale dans la récolte du nectar et du pollen avec des pics en avril-mai et en juillet-août. Hors ces périodes, les abeilles sont confrontées à une disette alimentaire dans les régions de grandes cultures. Les apiculteurs doivent alors nourrir artificiellement les abeilles lors de ces périodes critiques. « Mais l’agriculture peut jouer un rôle pour atténuer ce manque alimentaire comme la mise en place de bandes fleuries sur les bords de champs, la conservation des adventices, ou le recours aux MAE instituant dans la rotation culturale des espèces mellifères telles que le sainfoin, la luzerne, le trèfle », mentionne Fabrice Requier. Les floraisons de quelques grandes cultures ne suffisent pas à couvrir toute la saison de butinage des abeilles.


(1) Présentation au colloque Polinov
www.itsap.asso.fr/travaux/polinov.php

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