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L'expérience de Jean-Claude Lajous, en Haute-Garonne
Adieu l'érosion avec le semis direct

Sur des parcelles en pente, le semis direct est une solution de non travail du sol que Jean-Claude Lajous a adoptée pour stopper les pertes de terres. Il en tire d’autres bénéficies.

 

 


« J’ai oublié ce qu’était l’érosion sur mes parcelles. » Depuis que Jean- Claude Lajous est passé en non labour et surtout en semis direct, ses parcelles en pentes ne sont plus exposées aux pertes de terres. « J’ai un fossé en fond de pente d’une de mes parcelles. Quand je pratiquais le labour, il fallait le nettoyer à la pelle tous les deux ou trois ans car il se comblait de terre fine. Maintenant, je ne retrouve plus de terre dedans. »


À Esparron dans le Comminges en Haute-Garonne, le relief expose les sols aux phénomènes d’érosion avec les collines, les vallons, les cultures sur des pentes accentuées... « Le danger vient des orages violents au printemps. Certaines de mes parcelles font 35 % de pentes avec des sols argilo-limo- neux et d’autres argilo-calcaires. La lutte contre l’érosion a été une des raisons de mon passage au non labour. »


ÉCONOMIES DE TEMPS ET DE CARBURANT


L’agriculteur se souvient. C’était à la fin des années 90. « Je suis adhérent d’une Cuma et j’ai assisté à une démonstration d’équipement Horsch dans le Gers. Cela a été le déclic. Sur la parcelle travaillée de façon simplifiée avec le Horsch, j’ai été frappé par la souplesse du sol. On arra- chait une poignée de blé et une motte de terre venait avec. Dans la parcelle à côté menée de façon conventionnelle, le sol était dur, compacté. Les pieds de blé se cassaient en les arrachant. »


En 1998, un matériel Horsch Sem-Exact de 3 mètres est acheté au sein de la Cuma (200 000 francs à l’époque) par- tagé entre sept agriculteurs. Pour Jean- Claude Lajous, la motivation première était le gain de temps dans la préparation des sols — l’exploitation de l’agriculteur s’était agrandie de 40 hectares — et des économies de gasoil. « Une fois l’outil acheté, je me suis préoccupé de la vie du sol. Nous continuions à expérimenter d’autres techniques et je passais toujours le décompacteur. Mais, avec un conseiller de la société PRP, j’ai fini par me rendre compte que cela desservait l’enracinement de cultures comme le maïs et qu’il valait mieux ne plus toucher le sol en pro- fondeur. »


Puis l’agriculteur est passé au semis direct avec, en 2002, l’achat en Cuma du JD 750A de 3 mètres (20 000 euros). « En effet, avec le travail superficiel à 10 centimètres, les risques d’érosion subsistaient sur les parcelles en pente. Et avec le JD 750A, j’écono- mise encore davantage en gasoil et en temps. Par exemple, 8 litres/hectare suf- fisent à tirer cet outil pour le semis contre 12 litres/hectare pour le Sem-Exact. » En semis direct depuis 2002, Jean-Claude Lajous a dû adapter ses pratiques sur ses 110 hectares, notamment les dates de semis. « Pour le blé, je sème plus tôt à l’automne, autour du 15 octobre et je ne pratique plus de désherbage chimique à cause des résidus de culture. Mon contrôle des adventices se base sur le traitement de sortie d’hiver ou de printemps. Mes blés viennent toujours après un soja. »


DÉLICAT POUR LES CULTURES D’ÉTÉ


Avant les cultures d’été, l’agriculteur sème un couvert végétal : 35 hectares de féve- role actuellement. « C’est une bonne solution pour la restructuration du sol et pour la remontée du taux de matière organi- que, ce qui a pour effet d’enrichir la terre et d’en limiter l’érosion. La féverole est semée sur la seconde quinzaine de septembre et laissée en place jusqu’en mars. Le couvert se détruit facilement de façon mécanique au moment du semis direct. » Mais l’agriculteur ne s’interdit pas parfois d’effectuer un léger travail du sol. Le semis direct nécessite d’ex- cellentes conditions qui ne s’obtiennent qu’avec des dates de semis plus tardives au printemps par rapport à une situation avec labour.


Jean-Claude Lajous ne cache pas que certaines difficultés apparaissent avec des espèces, le tournesol en particulier. « Du fait de nos terres argileuses, la ligne créée par le disque pour placer la graine ne se referme pas toujours bien, constate l’agriculteur. Nous sommes à la recherche d’un équipement pouvant résoudre cette question du bon positionnement de la graine au semis.» Les plantes peuvent être gênées dans leur levée et/ou croissance, d’où des répercussions sur les rendements.


Dans le Sud-Ouest, ils sont plusieurs dizaines d’agriculteurs à plancher sur les techniques de non labour les mieux adaptées à leurs contextes. Certains d’entre eux se sont fédérés au sein de l’association AOC Sols. Avec divers partenaires techniques, trente agriculteurs et la chambre d’agriculture du Midi-Pyrénées comme pilote, une étude CasDAR sur les techniques très simplifiées d’implantation des cultures (TTSI) a abouti à des préconisations pour les systèmes de cultures du Sud-Ouest(1). Il en va de la durabilité du potentiel agronomique des sols de la région.


(1) www.mp.chambagri.fr

L'exploitation de Jean-Claude Lajous en chiffres


- Surface : 110 ha, blé tendre, soja, orge, avoine, féverole (parfois tournesol, sorgho, colza) ; q Irrigation : 64 000 m3 d’eau disponible ;

- Coût de passage du matériel (récolte, semis, pulvéri- sations) : entre 200 et 220 €/ha contre 300 €/ha en moyenne sur les exploitations conventionnelles de la région ;

- Gasoil : 46 €/ha sur l’itinéraire blé et soja, soit 50 l/ha environ (contre 120 à 150 l/ha en conventionnel) ;

- Temps de travail : 2h25/ha sur blé et 3h25 sur soja;

- Rendements 2012 : 60 q/ha en blé et 27 q/ha en soja ;

- Marges nettes (hors DPU) : 253 €/ha en blé et 700 €/ha en soja (destiné à l’alimentation humaine).

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