150 euros de soutien par hectare et par an sur 5 ans pour l'AGPB
Compte tenu des difficultés qu’ils affrontent depuis plusieurs années, les céréaliers chiffrent à 14 milliards d’euros les investissements dont ils auront besoin dans les prochaines années pour « se transformer ». Ils attendent un vrai soutien de l’Etat.
Compte tenu des difficultés qu’ils affrontent depuis plusieurs années, les céréaliers chiffrent à 14 milliards d’euros les investissements dont ils auront besoin dans les prochaines années pour « se transformer ». Ils attendent un vrai soutien de l’Etat.
« Pour 2017, on devrait être dans un revenu disponible de 2000 euros par an », a souligné Philippe Pinta, président de l’AGPB (association générale des producteurs de blé), le 23 janvier en conférence de presse à Paris. Pour le responsable, une telle fragilité financière pendant si longtemps, c’est « du jamais vu ». Car pour l’AGPB, les revenus des producteurs n’ont pas cessé de s’effriter depuis 2013. « Le congrès [les 31 janvier et 1er février à Dijon] va être compliqué, a prévenu Philippe Pinta. L’ambiance est morose, les gens ne voient pas le bout du tunnel ».
Compte tenu de la très forte concurrence mondiale à l’export, qui absorbe environ la moitié de la récolte annuelle française de céréales, l’AGPB estime que les agriculteurs doivent parvenir à être compétitif avec un blé à 140 euros/t. Pour ce faire, « il faudra l’appui des pouvoirs publics, notamment sur le fer », a estimé Philippe Pinta. Dans le cadre des Etats généraux de l’alimentation, l’interprofession a chiffré le coût du « plan de transformation de la filière céréales » à 13,9 milliards d’euros, dont 10,2 milliards destinés à la production.
« Le gouvernement a demandé à la filière des efforts, nous avons chiffré la note »
« Pour accompagner une exploitation dans la phase de transition, nous pensons qu’il faudra 150 euros par an par hectare pendant 5 ans », a expliqué Jean-Marc Bournigal, directeur du syndicat. Au total, ce volet, commun à la filière oléoprotéagineuse, mobiliserait 9 milliards d’euros à raison de 12 millions d’hectares de grandes cultures. A cela, le plan prévoit d’ajouter 1,2 milliard d’euros d’investissement en équipement numérique dans les 120 000 fermes les plus concernées. Pour l’aval, la filière estime à plus d’1,5 milliard d’euros les investissements sur l’allotement, le stockage et la logistique. Ils seraient rejoints par 550 millions d’euros pour les transformations industrielles. Le plan intègre également une dépense transversale de 140 millions d’euros de recherche et développement.
« Le gouvernement a demandé à la filière des efforts, nous avons chiffré la note », a expliqué Eric Thirouin, secrétaire général de l’AGPB. Reste maintenant à financer ce plan, sachant que l’enveloppe évoqué par Emmanuel Macron, président de la République, est de cinq milliards d’euros sur cinq ans pour toute l’agriculture. « Il faut aussi compter avec la Pac, a souligné Eric Thirouin. Est-ce que la France va se battre pour un budget fort ? Dans ce budget fort, il faudra une partie sur les investissements. Et si les objectifs du contrat de filière ne sont pas faisables en cinq ans, ce sera sur six ans. »
L’une des demandes que Philippe Pinta compte bien faire remonter au Gouvernement lors du congrès des 31 janvier et 1er février à Dijon, c’est la fin des transferts budgétaires du premier vers le second pilier de la Pac. « On ne veut plus de transfert du premier vers le second pilier de la Pac», a-t-il insisté en conférence de presse le 23 janvier. Rappelons qu’en août dernier, Stéphane Travert, ministre de l’agriculture, avait pris la décision de transférer 4,2 % du budget du 1er pilier vers le second pour faire face à des dépassements budgétaires sur ce dernier. « Nous n’avons pas les moyens de ce genre de chose, a souligné Philippe Pinta en conférence de presse. Nous en avons un peu marre d’être considérés comme les banquiers de service ». Le responsable syndical compte également demander un abaissement à 5 % des prélèvements au titre du paiement redistributif. L’objectif : « redonner un peu de compétitivité à certaines exploitations, notamment en zone intermédiaire », a-t-il souligné.