[Génétique] Les hautes productrices ne sont pas condamnées à perdre trop de poids
En race Holstein, une étude menée dans le cadre du projet Deffilait (1) a montré qu’il était possible de sélectionner sur la production laitière sans trop favoriser la mobilisation des réserves corporelles.
En race Holstein, une étude menée dans le cadre du projet Deffilait (1) a montré qu’il était possible de sélectionner sur la production laitière sans trop favoriser la mobilisation des réserves corporelles.
Quand une vache augmente sa production en début de lactation, ses besoins augmentent également, mais ils ne sont généralement pas couverts par les apports alimentaires. D’où une mobilisation plus ou moins marquée des réserves corporelles. Cette dernière peut, quand elle est trop forte, conduire à des problèmes de santé (cétose…) ou de reproduction avec à la clé un impact économique défavorable.
D’où la question suivante : est-ce qu’en sélectionnant sur la production laitière, je sélectionne aussi sur la capacité d’un animal à (trop) mobiliser ses réserves corporelles. Dit autrement, est-ce que ces deux caractères sont génétiquement fortement liés ?
Améliorer les deux caractères en même temps
Heureusement, la réponse est non. La corrélation génétique entre production et variation de poids vifs varie selon le rang et le stade de lactation, mais elle n’excède pas 0,3 ou 0,4. « On s’attendait à beaucoup plus. Il devrait donc être possible de sélectionner sur la production tout en limitant la perte de poids », explique Didier Boichard, directeur de recherche à l’Inrae.
« Il faudrait pour cela éviter de sélectionner sur la production laitière des 2-3 premiers mois de lactation et privilégier la production de milieu de lactation. Cela impliquerait d’avoir des index production construits différemment », précise le scientifique. « On pourrait aussi sélectionner directement contre la perte de poids, mais ce caractère n’est pas mesuré à grande échelle. »
Pour en arriver à cette conclusion, Didier Boichard et Thierry Tribout, également chercheur à l’Inrae, ont analysé les données de 36 élevages adhérents à Bcel-Ouest équipés de robot de traite Lely. Les données enregistrées entre juillet 2014 et juillet 2018 concernent 6745 vaches Holstein, plus de 7 millions de visites au robot, 2,8 millions de productions de lait par jour et 2,3 millions de poids de vaches.
(1) Ce projet de recherche est dédié à l’amélioration de l’efficacité alimentaire des vaches laitières