Des nouvelles variétés de tomate grappe

Tomate de diversification il y a encore une quinzaine d’années, la tomate grappe est devenue le premier segment de production dans les serres françaises et le plus courant sur les étals. Ainsi, la grappe enregistre le taux de notoriété le plus élevé avec 94,2 % lors de la dernière étude sur les usages et les habitudes des consommateurs réalisée par Catherine Roty, CTIFL, en mars 2014.

Bonnes conservation et présentation pendant la commercialisation

Ce type de tomate se caractérise par son mode de récolte, la grappe entière est récoltée. « La sélection des fleurs du bouquet en production permet d’obtenir des fruits réguliers. Le nombre de fruits dépend de la variété et du calibre attendu, en général cinq à six fruits sont gardés », précise Raphaël Tisiot, CTIFL⁽¹⁾. Les critères qualitatifs portent sur le fruit. Celui-ci doit être de forme régulière, ronde ou parfois aplatie, rouge, ferme et se conservant bien. La rafle et les sépales sont aussi importants et doivent rester verts. L’homogénéité de la présentation de la rafle en « arête de poisson » est un autre critère. L’ensemble doit avoir des critères de bonne conservation et d’évolution maîtrisée pour garder une bonne présentation pendant le circuit de commercialisation.

« La fermeté des fruits est toujours plus faible après conservation et sur cette typologie, la différence entre variétés est rarement significative. La mesure Durofel du fruit frais sur l’ensemble des variétés est de 79 et de 69 pour la tenue en post-récolte », précise le spécialiste. Le choix variétal de ce type de tomate est également influencé par les conditions de culture et les types d'outils utilisés. D’une manière générale, la tomate grappe est produite dans des serres verre, hautes, facilitant le training des plantes et bénéficiant d’un grand volume pour homogénéiser au mieux la température. Les variétés observées et cultivées dans les différents bassins de production témoignent de certaines variantes régionales. Elles donnent lieu à des travaux d’expérimentation, notamment aux centres CTIFL de Balandran et de Carquefou ainsi qu’au Caté pour les cultures hors-sol. Ainsi, onze nouveaux hybrides de tomate pour une récolte en grappe ont été comparés au centre CTIFL de Balandran en 2019 à la variété de référence Climberley (Syngenta). Précocité, rendement, qualité et tenue post-récolte ont été passés au crible.

Plante équilibrée avec un feuillage aérien

« Chez les producteurs du sud de la France, Climberley reste une référence gustative », note Raphaël Tisiot. Dans les essais du CTIFL, cette variété débute sa production avec le meilleur rendement malgré un taux de déchets le plus important dû majoritairement à un dernier fruit souvent vert. Son rendement est l’un des plus faibles (33,3 kg/m² à fin juin) avec un taux de déchets encore élevé (5 %) et une mauvaise tenue en conservation avec la présence de sépales jaunes.

« Clomimbo (Syngenta) et Trovanzo (Rijk Zwaan) sont les variétés de cet essai qui présentent des potentialités supérieures à Climberley », remarque l’observateur. Ainsi, Clomimbo présente des résultats supérieurs à Climberley pour le rendement commercial (37,8 kg/m²) et le poids moyen (132 g), et un nombre de fruits en déchets (3 %) et en vrac (3,6 %) inférieur. Cette variété est « jointless », sans joint arthritique au pédoncule, avec des fruits rouges brillants et des sépales verts qui donnent un ensemble homogène en couleur et en calibre. « Des fruits à facettes en début et fin de culture qui donnent des fruits creux avec un pivot réduit et une carcasse moyenne sans remettre en cause la qualité globale de cette variété », précise le compte rendu d’expérimentation. Trovanzo est une plante productive avec un bon rendement (40,8 kg/m²), un poids moyen correct (138 g) et des pourcentages de fruits vrac (5 %) et déchets (3 %) faibles. La plante est équilibrée avec un feuillage aérien, un port horizontal et des fruits exposés. Le fruit est haut et rond, de couleur rouge légèrement striée de jaune, avec un calibre parfois hétérogène sur la grappe (premier fruit souvent plus gros). Le fruit est sensible à la microfissure et au point doré en fin de culture. Le pivot est un peu gros mais la carcasse est fine. En début de culture, les fruits peuvent être creux.

« Lancaster (Gautier) et Xaverius (Voltz) présentent elles aussi des qualités agronomiques d’intérêt mais leur qualité gustative reste toutefois inférieure à Climberley », mentionnent les observations réalisées au CTIFL de Balandran. Lancaster se présente comme « une grappe à gros fruits ». Celle-ci a un rendement supérieur de 1,5 kg/m² (39,5 kg/m²), un poids moyen supérieur (142 g), avec un pourcentage de déchets de 4 %. Cette variété est « jointless », le fruit est rond, de coloration rouge homogène, de brillance correcte sur une rafle en forme d’araignée. G562 (Gautier) a de bons résultats agronomiques. Le pivot et la carcasse sont importants durant toute la culture mais elle présente peu de fruits creux. La tenue en conservation est correcte. Toutefois, le fruit terni présente des sépales jaunes et sa qualité gustative n’est pas à la hauteur de la référence. Le plus gros rendement de l’essai est effectué par T 815 413 (Syngenta) mais les fruits présentent une qualité gustative également inférieure à Climberley. Les autres variétés de l’essai ont des rendements agronomiques ou des qualités gustatives trop inférieures à la variété de référence.

Variété adaptée aux itinéraires zéro pesticide

Dans l’ouest de la France, les observations réalisées au Caté notent peu de nouveautés dans le créneau tomate grappe classique alors que la station bretonne d’expérimentation conduit depuis trois ans des essais plus innovants sur des variétés de tomate grappe gustatives . « La Bretagne préfère des variétés à fruits plus plats et légèrement côtelés avec un intérêt marqué pour les hautes tolérances aux maladies, notamment à l'oïdium, pour faciliter les conduites Zéro pesticide », explique Alain Guillou au Caté. Ainsi, Plaisance (De Ruiter) est une variété cultivée depuis 2005. Toujours mise en production, elle montre cependant des limites de rendement et des faiblesses face à l’oïdium, qui l’écarte progressivement des calendriers de plantation. Clodano (Syngenta) présente un très bon niveau de production avec notamment un potentiel de récolte précoce. « Elle peut toutefois s’avérer sensible à la désorganisation des bouquets en été », analyse le spécialiste.

Luminance (De Ruiter) est une variété cultivée essentiellement en Bretagne car elle correspond au calibre de fruit recherché dans la région, 120 à 130 g, avec une belle qualité de fruit régulière qui permet d’atteindre 95 % de catégorie Extra. « Elle n’est pas la plus précoce dans nos essais et se montre sensible à l’oïdium », note Alain Guillou. Observée depuis trois ans, Confiance (De Ruiter) présente un très gros potentiel de production en saison en partie lié à son calibre de fruit élevé (environ 140 g). « Il s’agit d’une plante rustique, peu sensible aux maladies et est notamment hautement tolérante à l’oïdium. C’est une variété adaptée aux itinéraires de production Zéro pesticide », précise-t-il. Elle est peu précoce. Les jours courts et le manque de lumière peuvent créer des problèmes de fécondation sur les bouquets. Son fruit est très brillant mais peut être sensible au blossom en condition estivale très prononcée. Xaverius (Axia/Voltz) est une variété à gros potentiel de production. Elle présente un fruit de gros calibre, rond et haut alors que la région recherche des fruits plus plats et légèrement côtelés. Le Caté conduit tous les ans un essai de variétés dans le segment grappe, en observant une quinzaine de variétés et en mettant l’accent sur le niveau de production, la facilité de conduite des plantes, le comportement en jours courts, la qualité de présentation des grappes et l’intérêt sur le plan sensoriel et enfin la tolérance aux maladies.