Productions biologiques
Filière bio : les grandes cultures, moteur de la croissance en 2020
Selon les derniers chiffres de l’Agence Bio dévoilés le 10 juillet, en 2020, le marché bio a progressé de 10 % pour atteindre 13,2 milliards d’euros. Les grandes cultures tirent les surfaces à la hausse.
Selon les derniers chiffres de l’Agence Bio dévoilés le 10 juillet, en 2020, le marché bio a progressé de 10 % pour atteindre 13,2 milliards d’euros. Les grandes cultures tirent les surfaces à la hausse.
Dans un contexte perturbé de crise sanitaire, d’évolution réglementaire, et de négociation de la Pac, la filière bio monte en puissance. Son marché représente 6,5 % de la dépense alimentaire des ménages. Et le nombre d’opérateurs continue à croître: avec 7800 engagements supplémentaires en un an, l’agriculture bio compte 53255 fermes,en hausse de 13%.
« Désormais, 12 % des exploitations françaises sont conduites en bio, se réjouit Philippe Henri, président de l’Agence Bio et polyculteur-éleveur bio en Meurthe-et-Moselle. La tendance se renforce même en ce début d’année, au vu des engagements réalisés au cours des quatre premiers mois de 2021.»
Quant aux arrêts pour cessation d’activité ou retour en conventionnel, ils ne concernent que 4 % des fermes bio de 2019, soit 1800 structures.
Tassement des conversions
Avec un bond de 12 % par rapport à l'année 2019, les surfaces cultivées en bio atteignent 2,55 millions d’hectares, soit 9,5% de la SAU française: «Ce n’est pas rien. Signe de la vitalité du secteur, elles ont doublé en cinq ans», appuie le président. Devant les vignes, fruitiers, et cultures légumières, les grandes cultures contribuent à cet essor, avec un envol de 29 % des surfaces certifiées, atteignant 464089 hectares répartis dans 20168 exploitations. Au total, en tenant compte des conversions, 668508 ha de grandes cultures sont cultivés en bio, soit 5,9 % des terres françaises consacrées à ces productions.
Or avec 95000 ha passés en première année de conversion en 2020, on note un tassement des surfaces engagées comparé à 2019, et surtout 2018, cru exceptionnel, soit -7 % sur deux ans: «Depuis 25 ans, la bio se développe par paliers, et les grandes cultures, qui s’appuient sur les rotations, s’ajustent aux marchés, rassure Philippe Henri. Les nouveaux volumes doivent être absorbés, et pallient peu à peu les importations.»
Le plafonnement des aides à la conversion, les incertitudes de la Pac, les prix du conventionnel raffermis, peuvent freiner les candidats. Aujourd’hui, ce sont plutôt les régions de l’Est, du Centre, de l’Ouest qui prennent le relai du Sud. Malgré leur potentiel, les Hauts-de-France peinent encore à décoller.
Se développer en cohérence
Le blé meunier reste moteur, mais les oléagineux –lin, soja, tournesol-se renforcent.
Toujours très dynamique, la filière pondeuse, en progression de 13 % et représentant 18% du cheptel français de cette production, reste le principal débouché -et de loin-des céréales et oléoprotéagineux bio pour l’alimentation animale.
« L’essentiel pour la bio est de se développer en cohérence, insiste Philippe Henri. Les années 2020 et 2021 sont compliquées, avec une restauration collective et commerciale très impactée, donc un potentiel de débouchés réduit. C’est pourquoi, malgré un enveloppe à la conversion renforcée, le signal pour la nouvelle Pac d’aligner les bio sur les HVE dans l’éco-régime, et ne pas les rémunérer pour leurs services rendus à l’écosystème, -l’eau, l’air, le sol, la biodiversité-, est négatif», s’insurge Philippe Henri.
Pourtant, la bio s’inscrit dans les démarches de souveraineté alimentaire et d’autonomie protéique, prônées par l’Etat.Par exemple, sa filière légumes secs–pois chiche, lentilles-, représente déjà 46 % de la production nationale en surface, mais elle reste encore déficitaire.