Ensilage d’herbe : trois conseils pour éviter les pertes de la fauche à l’auge
La qualité de l’ensilage d’herbe ne se résume pas à la simple fauche au bon stade ; elle implique une gestion méticuleuse de chaque étape du processus, depuis le champ jusqu’à la mise en conserve, pour préserver la qualité de l’herbe fauchée.
La qualité de l’ensilage d’herbe ne se résume pas à la simple fauche au bon stade ; elle implique une gestion méticuleuse de chaque étape du processus, depuis le champ jusqu’à la mise en conserve, pour préserver la qualité de l’herbe fauchée.
L’ensilage d’herbe est certainement une des meilleures façons de faire du stock d’herbe pour des animaux exigeants. Cependant, pour garantir la quantité et la qualité du fourrage, il est essentiel de respecter certaines règles. La fenêtre météo choisie, la précocité de la fauche, l’exposition maximale à la lumière pour un séchage rapide, la minimisation des interventions mécaniques, l’atteinte rapide de 35-40 % de matière sèche, un tassage efficace, et la couverture rapide du tas sont autant de points cruciaux à considérer.
En cas de mauvaise maîtrise de la chaîne de récolte, les pertes au champ et par la suite lors la conservation peuvent être multipliées par trois : de 10-12 % minimum à plus de 30 % dans certains cas. Cela représente un manque à gagner au niveau de la quantité de fourrages distribuables mais aussi une perte nette au niveau de la qualité énergétique (UFL/kg MS) et protéique (MAT/kg MS).
1- Choisir le bon stade de récolte
Le choix judicieux du stade de fauche constitue le premier élément essentiel pour garantir la valeur nutritive de l’ensilage d’herbe. À partir de la montaison, la valeur énergétique et protéique de l’herbe diminue rapidement, faisant de la détermination de la bonne date de fauche un enjeu crucial.
Traditionnellement, le stade « début d’épiaison » (10 % d’épis sortants) a été considéré comme le compromis idéal entre quantité et qualité. Cependant, une tendance émergente privilégie de plus en plus la qualité à la quantité, préconisant une fauche au stade « épis 10-15 cm » pour obtenir un ensilage répondant aux attentes des animaux les plus exigeants.
Une fois l’herbe fauchée, l’attention se porte sur la préservation de la qualité du fourrage jusqu’à la table d’alimentation. Les pertes, à ce stade, peuvent se produire au champ et lors de la mise en conserve.
2 - Faire sécher rapidement pour limiter les pertes au champ
Au champ, les pertes sont de deux ordres : les pertes mécaniques de feuilles, notamment pour les légumineuses, et les pertes par respiration. Si les pertes mécaniques sont souvent prises en compte en limitant le nombre d’interventions mécaniques et en utilisant des outils moins agressifs, les pertes par respiration sont très souvent sous-évaluées.
Tant que l’herbe fauchée n’a pas atteint 35-40 % de matière sèche, la plante est toujours vivante, son métabolisme consomme une partie des sucres solubles qu’elle contient. Cela entraîne une perte de matière sèche très digestible, qui sera nécessaire lors du processus de fermentation dans le silo.
L’herbe, une fois fauchée, atteignant rapidement 35-40 % de matière sèche, l’ensilage d’herbe est le mode de récolte qui permet de limiter les pertes au champ. Les pertes sont faibles (<6-7 % MS) à condition d’avoir une vitesse de séchage rapide, c’est-à-dire 24 à 48 heures maximum. Pour cela, l’exposition à la lumière est l’élément le plus important. La lumière permet d’ouvrir les stomates (pores sur les feuilles) et ainsi d’évacuer l’eau des feuilles. Il est donc important, dès la fauche, de bien éparpiller l’herbe même si cela nécessite un andainage le lendemain.
3 - L’ensilage et la mise en conserve
L’ensilage est aussi la forme de stockage de l’herbe qui a le risque de pertes en cours de conservation le plus élevé. Il faut savoir que les pertes visibles dans le silo ne représentent qu’une faible part des pertes au silo : la majorité des pertes sont invisibles !
Le tas doit être bâché dès la fin du chantier d’ensilage. Il est important de chasser l’air au maximum lors de la conception du silo. Une coupe fine, entre 3 et 7 cm, et une matière sèche ne dépassant pas 45 % permettent de faciliter le tassage.
À noter que plus un fourrage est humide et riche en MAT, plus il sera difficile à acidifier. Si le pH n’est pas assez bas après la fermentation lactique anaérobie, les fermentations, notamment butyriques, peuvent démarrer et occasionner des pertes importantes. C’est souvent le cas pour des ensilages d’herbe trop humides. C’est pourquoi il est nécessaire d’atteindre 30 % de matière sèche minimum au moment de l’ensilage. Si cette teneur en matière sèche n’est pas atteinte, l’utilisation d’un conservateur sera probablement nécessaire. Les légumineuses, du fait de leur teneur en MAT élevée et de leur richesse en calcium, ont un pouvoir tampon élevé ce qui freine la baisse du pH. À l’inverse, l’acidification est plus rapide avec un fourrage riche en sucres solubles, c’est le cas pour les graminées et pour les fauches précoces.
À l’ouverture du silo, l’oxygène est de nouveau disponible au niveau du front d’attaque et les fermentations reprennent, il faut donc avancer suffisamment vite pour limiter les pertes.
Benoît Posseme
À retenir
Un ensilage d’herbe réussi, c’est :
Évolution d’un ensilage d’herbe, étape par étape
Une fois le silo d’herbe bâché, la première étape est une phase en présence d’oxygène (aérobie), cette phase doit être la plus courte possible (moins de 24 h). L’acidification nécessaire du silo par les bactéries lactiques ne peut avoir lieu qu’en l’absence d’oxygène (anaérobie). L’oxygène doit donc être consommé, cela se fait majoritairement par la respiration des plantes débutée au champ qui se poursuit dans le silo. Un début de fermentation par les entérobactéries et les levures finit de consommer l’oxygène restant. L’odeur piquante de vinaigre présente dans les ensilages est produite à ce moment-là, si elle est très forte cela veut probablement dire que cette phase a duré trop longtemps.
Une fois l’oxygène consommé, la phase de fermentation lactique va commencer, elle dure généralement deux semaines. Les bactéries lactiques consomment une partie des sucres solubles disponibles pour produire de l’acide lactique. Cet acide lactique diminue le pH du fourrage et permet sa conservation sur la durée.
Lorsque le pH est descendu assez bas (pH<4,3 à 30 % MS et pH>4,7 à 50 % MS), les fermentations s’arrêtent. Et tant que le silo reste hermétique, le fourrage reste stable jusqu’à l’ouverture.