Energies renouvelables: en volaille les aides sont nécessaires pour booster le chauffage au bois
En Bretagne, grâce à des aides spécifiques, les associés de la Ville aux houx, éleveurs de poulet lourd et de dinde, ont pu installer une chaufferie au bois qui sera rentable plus rapidement.
En Bretagne, grâce à des aides spécifiques, les associés de la Ville aux houx, éleveurs de poulet lourd et de dinde, ont pu installer une chaufferie au bois qui sera rentable plus rapidement.
Depuis le mois de décembre 2020, la SCEA de la Ville aux houx de Trédion (56) chauffe au bois ses cinq poulaillers comptabilisant 7 800 mètres carrés. « Nous y avons pensé dès 2015 lors de la construction de deux bâtiments supplémentaires pour élever du poulet lourd, dépeint Jean-Michel Choquet, associé avec son fils Jérémy, installé en 2018.
Nous avons d’abord exploré la piste de la combustion du fumier, avec un prototype (NDLR : Atanor) couplé à une chaudière à gaz de 450 kW. » Ce prototype n’a jamais chauffé les poulaillers, mais ce fut leur premier pas vers le chauffage par échange eau/air. Il a permis de faire un premier investissement estimé à près de 250 000 euros et de goûter à l’intérêt technique de ce mode de chauffage.
Coup de pouce grâce aux collectivités territoriales
La seconde incitation est venue en 2019, avec l’opportunité de bénéficier du dispositif national « Fonds chaleur », plus avantageux que les aides régionales du Plan Bois Énergie Bretagne (PBEB). « Ces subventions publiques étaient indispensables pour rendre notre projet économiquement viable », explique Jérémy Choquet. Avec ce nouvel investissement de 364 000 euros – essentiellement pour la chaufferie – l’aide du Plan Bois aurait atteint environ 85 000 euros.
En réalité, la SCEA a touché 162 000 euros (44 % de l’investissement). « L’accès au Fonds chaleur a été rendu possible grâce au contrat de développement des énergies renouvelables thermiques, signé pour trois ans (2021-2023) entre l’Agence de la transition énergétique (Ademe) et l’établissement public de coopération intercommunale (EPCI) « Golfe du Morbihan Vannes agglomération », dont fait partie notre commune », précise Jean-Michel. En 2021, première année de mise en œuvre, dix dossiers ont été subventionnés dont un seul en agricole, le leur.
Sans cela, le poids supérieur de l’annuité du prêt aurait presque complètement absorbé l’économie réalisée avec le combustible bois. Dès la première année, celle-ci a été de l’ordre de 66 % (56 000 euros) en se basant sur un tarif de gaz à 740 euros la tonne et du bois revenant à euros la tonne.
La solution bois énergie est plus rentable dès le début. En intégrant les autres coûts (entretien, annuités, travail), l’économie globale atteint 40 % (25 000 euros). Le retour sur investissement sera de sept ans. Le bilan environnemental comparatif est de 318 tonnes de CO2 émises en moins.
« Chauffer les volailles au bois est possible à deux conditions, estime Jean-Michel Choquet : avoir des aides à la transition énergétique suffisamment incitatives et pouvoir accéder à du bois ne dépassant pas 100 euros la tonne prête à incinérer. C’est possible car, ayant du matériel (manutention, stockage) et des haies disponibles, les agriculteurs sont bien placés pour gérer cette ressource. »
Quatre fois plus de bois que de gaz
Avec un besoin de puissance évalué à 1 000 kW à terme (avec un sixième poulailler de 2000 mètres carrés prévu pour installer Maxence le second fils), une chaudière Heizomat d’une puissance de 650 kW a été jugée suffisante, sachant qu’il y avait déjà une chaudière à gaz de 450 kW et un ballon accumulateur de 20 mètres cubes. D’ailleurs, la première année de fonctionnement, le bois a couvert 98 % des besoins.
L’eau réchauffée jusqu’à 85-90 °C est envoyée dans le ballon, puis répartie dans les cinq circuits séparés menant aux bâtiments. Elle revient des poulaillers vers la chaudière avec une température abaissée de 10 à 15 °C. La chaudière est alimentée en bois déchiqueté par une trémie désileuse que les éleveurs remplissent tous les deux jours au télescopique. Le bois séché est stocké juste à côté de la chaufferie dans une ancienne stabulation. « Nous consommions 11 kilos de gaz par mètre carré et par an. Il faut multiplier grosso modo par quatre pour obtenir l’équivalent en bois, soit plus de 500 tonnes dans la future configuration avec 9 800 mètres carrés. »
Un séchoir à bois fait maison
En plus des poulaillers et du bureau, une sortie d’eau chaude alimente un échangeur eau/air à l’air libre. Six gros ventilateurs insufflent de l’air chaud pour assécher les plaquettes de bois.
Pour l’instant, ce système de séchage a été réalisé avec une ancienne remorque aménagée de caissons dans sa partie basse. L’air chaud y circule et les plaquettes sont ventilées à travers le fonds grillagé. Il faut compter 8 à 10 heures pour déshydrater environ huit tonnes de plaquettes en 6 tonnes prêtes à brûler. Comme ce dispositif est moins efficace en période humide, il a essentiellement servi l’été.