Elevage bovins viande : améliorer son organisation du travail par l’ergonomie
L’intervention d’un œil extérieur, notamment d’un ergonome, sur un projet ou sur des aménagements peut permettre d’améliorer son organisation du travail.
L’intervention d’un œil extérieur, notamment d’un ergonome, sur un projet ou sur des aménagements peut permettre d’améliorer son organisation du travail.
Une analyse plus humaine du travail s’impose dans un métier où les missions sont multiples (gestion, administratif, relations commerciales, animalier…) et l’astreinte importante. « L’ergonomie peut aider l’agriculteur à penser, à concevoir son travail futur dans une optique de gestion du temps car tout l’enjeu est de rester performant, y compris dans des situations qui ne se passent pas comme prévu. Il existe en effet toujours un écart entre le travail prescrit et le travail réel et ce, d’autant plus dans des métiers du vivant, exposés à de nombreux aléas (météo, cours…) », expose Ferdinand Monéger, ergonome, gérant de la société Aphos spécialisée dans le secteur agricole et chercheur à l’université Clermont-Auvergne.
Dans le travail, chacun essaie de tenir des critères de performances (troupeau en bonne santé, viabilité économique, ne pas se faire mal…) sauf que lorsqu’on se trouve face à des situations critiques, il faut faire des choix. « Dans ce contexte, on peut prendre un risque – monter plus rapidement à l’échelle, se retrouver dans une position où l’on peut prendre un coup… c’est à ce moment-là qu’optimiser sa gestion du temps devient capital pour éviter toutes ces prises de risque et tous ces arbitrages », poursuit Ferdinand Monéger.
Penser à l’humain
« On accompagne des éleveurs à la conception ou à la réhabilitation d’anciens bâtiments. Les demandes concernent très souvent la contention, dépendante d’un volume de main-d’œuvre en diminution dans les élevages. La distribution de l’alimentation des bovins représente un second point souvent abordé. Il faut parfois chercher le bon compromis entre l’exigence technique et l’humain.
Il arrive que le diagnostic pointe un problème de bâtiment : une répartition des lots d’animaux non appropriée, des modes de stockage et de distribution des aliments peu fonctionnels… La mécanisation n’est pas forcément la solution à tous les problèmes de travail. La domestication des animaux est une stratégie peu usitée mais qui fait ses preuves », souligne Philippe Mazal, conseiller en prévention des risques professionnels à la MSA d’Auvergne dans le Puy-de-Dôme.
L’organisation du travail est remise en cause selon les aménagements apportés. Un aménagement, c’est donc déjà une réponse en soi. Il ne faut pas se dire, on fait un bâtiment et on verra à l’usage. Il est important d’identifier les besoins et ensuite d’apporter une solution en fonction de son mode d’élevage. « Ce qui est fait chez l’un n’est donc pas forcément duplicable chez l’autre. Notre mission en ergonomie consiste à échanger avec l’éleveur et les personnes qui travaillent avec lui (ouvriers agricoles, famille…) sur son fonctionnement, ses besoins réels et à adapter les réponses à ses besoins, son élevage. »
Prendre du recul sur ces pratiques
« Ces accompagnements ergonomiques permettent, aux éleveurs et aux personnes qui travaillent dans la structure agricole, une prise de recul nécessaire pour se questionner sur leurs pratiques. Ceci conduit à cibler et à prioriser les difficultés rencontrées et par conséquent de déterminer des solutions adaptées. Ces solutions ne sont pas forcément onéreuses car elles peuvent être trouvées dans de petits investissements, dans l’organisation du travail et/ou la formation. »
Le saviez-vous ?
Toutes les MSA de France disposent d’un service santé, sécurité, prévention au travail qui peut être contacté en cas de construction, de réaménagement, d’organisation du travail pour proposer des solutions adaptées à chaque besoin et personne. Ce service est pris en charge par la MSA pour tous les adhérents.
Définition
L’ergonomie
Le principe même de l’ergonomie consiste à accompagner les travailleurs à l’analyse de leur activité afin de concevoir des situations de travail futures qui allient la santé, la sécurité et les autres critères de performance. L’efficience dans le travail, la gestion optimale du temps sont des facteurs majeurs de prévention des risques.