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Économies d'énergie : Prérefroidisseurs et récupérateurs de chaleur sont de plus en plus rentables

La nécessité de maîtriser les coûts énergétiques relance l’intérêt des prérefroidisseurs du lait et des récupérateurs de chaleur. Voici un aperçu de la rentabilité attendue avec ces équipements du bloc traite. Une analyse chiffrée personnalisée s’impose avant d’investir.

Placé entre la pompe à lait et le tank, le prérefroidisseur refroidit le lait avant son entrée dans le tank. ©
© Charriau

Installer un prérefroidisseur de lait

L’installation d’un prérefroidisseur de lait offre l’opportunité de réduire la consommation d’électricité du tank de 50 % en moyenne. Le principe est simple. Il s’agit d’un échangeur thermique dans lequel deux fluides – le lait chaud et l’eau froide – circulent à contre-courant dans des circuits adjacents. Cet échangeur permet à l’eau d’extraire les calories du lait trait et d’abaisser sa température avant qu’il n’entre dans le tank. La température du lait prérefroidi est comprise entre 17 et 23 °C, tandis que l’eau tiédie peut atteindre 18 °C à 22 °C. Celle-ci est envoyée dans un abreuvoir en sortie de salle de traite pour l’abreuvement des animaux, ou dans une cuve pour le nettoyage des quais.

Plus le litrage livré augmente, plus l’économie sur la facture d’électricité sera importante.

 

 
Économies d'énergie : Prérefroidisseurs et récupérateurs de chaleur sont de plus en plus rentables

« L’intérêt économique de ces équipements va encore se renforcer si les tarifs électriques continuent d’augmenter. » Joanna Herrera du GIE Elevages de Bretagne

Dans les systèmes très pâturants, il est primordial de réfléchir en amont à la valorisation de l’eau tiédie afin que celle-ci ne devienne pas un facteur limitant de la performance de l’installation et donc de sa pertinence économique.

« En période de pâturage, l’utilisation du prérefroidisseur est parfois suspendue afin de ne pas gaspiller l’eau qui s’accumule sans être réutilisée. Les économies d’énergie sur le fonctionnement du tank à cette période se révèlent alors nulles si d’autres solutions n’ont pas été mises en place », souligne Joanna Herrera, du GIE Elevages de Bretagne.

En traite robotisée, investir dans un prérefroidisseur se révèle encore plus intéressant économiquement. « Le coût d’investissement est moins élevé et la performance est meilleure (plus proche de 60 %) du fait d’un volume de lait instantané moins important », détaille Jean-François Julliot, de l'entreprise Charriau, spécialisée dans le refroidissement du lait.

La fourchette de prix peut varier de 4 000 à 10 000 € selon l’installation de traite et les équipements nécessaires pour la valorisation de l’eau tiède.

Installer un récupérateur de chaleur sur le tank

récupérateur de chaleur à côté d'un tank à lait
Tubulaires ou à plaques, les récupérateurs de chaleur captent la chaleur du tank avant qu'elle ne s'échappe dans l'air. © GIE Elevages de Bretagne

Placé sur le circuit frigorifique du tank à lait, le récupérateur de chaleur permet d’alimenter le chauffe-eau en eau préchauffée autour de 55 °C, avec à la clé une économie de 60 à 90 % de la consommation électrique du chauffe-eau. Le principe consiste à transférer les calories du lait vers l’eau plutôt que de les évacuer vers l’air via les condenseurs du tank.

Point important avant la mise en place d’un récupérateur de chaleur : « L’accord de la laiterie est indispensable si le tank lui appartient, rappelle Thomas Gontier, de l’Institut de l’élevage. Soit la laiterie acquiert le matériel, soit c’est le producteur qui réalise lui-même l’investissement. Dans tous les cas, une convention précisant les responsabilités engagées pour chacune des parties est réalisée. »

Ce frein explique que seulement 10 % des élevages sont équipés, soit nettement moins que les prérefroidisseurs. Mais économiquement, le récupérateur de chaleur n’apparaît pas moins intéressant. Au contraire, « il s’avère moins cher qu’un prérefroidisseur, de 5 000 à 6 000 €, et génère plus d’économie de kilowattheures pour un même litrage produit », indique Thomas Gontier. Même en fonctionnant sur le tarif heures creuses, l’intérêt est au rendez-vous vu l’augmentation du prix de l’électricité. « L’investissement se justifie pleinement à partir de 500 000 litres de lait, estime Patrick Massabie, de l’Institut de l’élevage. En deçà, le temps de retour sur investissement dépasse cinq ans. »

Coupler prérefroidisseur et récupérateur de chaleur

« Le fait d’ajouter un récupérateur de chaleur si l’élevage dispose déjà d’un prérefroidisseur risque de réduire la performance du récupérateur car il y aura moins de calories à céder », concède Joanna Herrera. Pour autant, cette stratégie reste celle qui génère le plus d’économie d’électricité au final, même si le temps de retour sur investissement s'avère un peu plus long. Cela étant, à la ferme de Derval en traite robotisée, « chacun des équipements est resté à l’optimum de ses performances en fonctionnement simultané, tempère Thomas Huneau, responsable de la ferme expérimentale. Même prérefroidis, les 2 000 litres de lait journaliers contiennent suffisamment de calories pour atteindre le maximum d’économie sur le chauffe-eau grâce au récupérateur. Il y a peut-être un effet seuil ».

Diverses subventions possibles

Des aides régionales dédiées aux économies d’énergie étaient historiquement en place à travers les PCAEA. Avec la nouvelle PAC, un nouveau dispositif les remplace. Les équipements éligibles, les taux de subvention ainsi que les conditions d’accès différent selon les régions. En Bretagne, le programme Agri Invest Résilient rend les aides accessibles dès 6 000 € d’investissement avec un plafond à 120 000 € en individuel et 170 000 en Gaec à deux. Le taux d’aides est de 40 %.  

Les laiteries peuvent subventionner certains équipements avec des fonds RSE.

Le dispositif des certificats d’économie d’énergie (CEE) permet d’obtenir une prime sur les prérefroidisseurs et récupérateurs de chaleur, financée par les fournisseurs d’énergie (Total, EDF, etc.). Peu d’installateurs s’emparent de ce dispositif qui peut rapporter quelques centaines d’euros. Le montant varie en fonction du prix de marché du CEE (8 €/mWhC).

L’Ademe soutient des projets mais plutôt sur le volet énergies renouvelables (chauffe-eau solaire, etc.), financé par le Fonds Chaleur.

 

Pour en savoir plus

Retrouvez en ligne l’évaluation des performances énergétiques des prérefroidisseurs et récupérateurs de chaleur, réalisé par le GIE Elevages de Bretagne. Les matériels ont été passés au banc d’essai par le Pôle Cristal de Dinan, centre technique spécialisé dans les techniques du froid et du génie climatique.

 

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