Cinéma : La ferme des Bertrand ou le destin familial d’éleveurs laitiers en Haute-Savoie
Comme un écho à la colère actuelle du monde agricole, le film La ferme des Bertrand de Gilles Perret retrace le quotidien de trois générations d'éleveurs laitiers en Haute-Savoie.
Comme un écho à la colère actuelle du monde agricole, le film La ferme des Bertrand de Gilles Perret retrace le quotidien de trois générations d'éleveurs laitiers en Haute-Savoie.
« C’est qu’ils rentrent, il ne fait pas encore nuit ! ». C’est avec cette aimante remontrance qu’André Bernard fait rire les spectateurs du film La ferme des Bertrand, de Gilles Perret, en salle le 31 janvier. Il y observe avec bienveillance la seconde génération qui a repris sa ferme laitière de Quincy dans la vallée de l’Arve en Haute-Savoie.
Déjà avant-gardiste, pour mieux organiser le travail, il avait revu, avec ses deux frères, Joseph et Jean, le bâtiment de leurs parents, toujours existant et fonctionnel. Puis la mécanisation s’est accentuée avec l’installation en 1997 de leur neveu Patrick et de sa femme Hélène. Notamment pour les foins « avec ses andaineurs super rapides ». Le départ à la retraite de cette dernière marquera l’arrivée des robots sur la ferme.
Son fils Marc, dont la dextérité aux commandes d’un tracteur sur des parcelles en pente ne peut qu’impressionner André, s’est rapidement installé avec ses parents. Leur beau-fils, Alex, a pris le relai de Patrick à son décès.
Et c’est tout le quotidien de la ferme qui change. Plus question de s’esquinter avec excès au travail, ni de passer à côté de sa vie de famille. Les trois frères étant restés célibataires, peut-être trop focalisés sur leur ferme qu’ils n’ont jamais quittée, même à leur retraite.
Ces images retracent la vie, le travail et les aspirations de trois générations d’éleveurs laitiers. Elles nous rappellent à quel point une transmission n’est pas que celle du capital mais aussi de l’expérience et de l’amour du métier d'éleveur.
Gilles Perret, réalisateur de La ferme de Bertand : "On pourrait critiquer l’arrivée des robots, qui serait la marque du productivisme ou de la déshumanisation. Mais quand Hélène dit qu’elle a les épaules et les mains défaites et que les robots la remplaceront avantageusement, de quel droit les juger ?"
Trois générations filmées sur une même ferme
En 1972, la ferme des Bertrand, exploitation laitière d’une centaine de vaches laitières tenue par trois frères célibataires, est filmée pour la première fois par Marcel Trillat dans le cadre de l'association «Télé promotion rurale ».
En 1997, en voisin, le réalisateur Gilles Perret leur consacre son premier film, alors que les trois agriculteurs sont en train de transmettre la ferme à leur neveu Patrick et sa femme Hélène.
25 ans plus tard, le réalisateur reprend la caméra pour accompagner Hélène qui, à son tour, va passer la main.