Cameline en interculture : « Le semis est le point clé de sa réussite »
En interculture d’été ou d’hiver, la conduite de la cameline est celle d’une culture classique, car pour être rémunérée, elle doit être récoltée à maturité. Toute la difficulté consiste à réussir cela sans pénaliser l’implantation de la culture suivante.

En interculture d’été, la cameline s’implante après une culture d’hiver se récoltant tôt comme un pois ou une orge, pour pouvoir être récoltée durant la première décade d’octobre. Louis-Marie Allard, ingénieur de développement chez Terres Inovia, explique que les variétés à cycle très court ont la capacité d’arriver à maturité en 100 jours, mais qu'« après le 10 juillet, chaque jour de retard au semis entraîne deux à trois jours de retard à la récolte en octobre ». Pour un semis au 25 juin, la maturité sera atteinte au 20 septembre dans le sud, au 30 septembre dans le centre, au 10 octobre dans le nord. Mais si on la sème au 10 juillet, on ne la récoltera, par exemple, pas avant le 31 octobre dans le nord.
Un semis direct avec un outil à dent (disque à proscrire) est recommandé en interculture d’été, à 3 cm de profondeur, et une densité de 8 kg/ha. Il faudra aussi une parcelle propre, et bien gérer les repousses d’orge et de pois. Louis-Marie Allard explique qu’avec une précédente orge, il est conseillé de retirer les pailles (obligatoire si déchaumage superficiel) . Il faut aussi faire attention à la rémanence de certains herbicides (groupe 2 et 14).
40 unités d’azote à apporter à la cameline sur une précédente orge
Pour garantir la levée, un apport de 40 unités d’azote est recommandé sur une précédente orge et de 10 unités sur un précédent pois, avec une irrigation de 10 à 20 mm en absence de pluie (facteur limitant en zone sud).
La cameline sensible au gel à floraison
Dans le cas d’une cameline conduite en interculture d’hiver, Domitille Jamet, de Terres Inovia, préconise un semis entre le 1er et le 20 octobre, pour une récolte en mai-juin, avant un tournesol ou un sorgho. Un semis précoce permet de gagner des jours à la récolte qui peuvent être déterminants pour la culture suivante, mais il ne faut pas la semer trop tôt (pas avant fin septembre), car la cameline est sensible au gel à floraison.
En interculture d’hiver, on privilégiera un semis en rang ou à la volée, à 2 cm de profondeur, à 6-8 kg/ha, avec un apport d’azote de 40 à 60 unités en début de cycle et/ou au stade rosette.
Une culture peu gourmande en intrants
Que ce soit en interculture d'été ou d'hiver, la cameline est peu sensible aux bioagresseurs (altises et méligèthes) et aux maladies (une attaque de mildiou en fin de cycle sera peu impactante). Autre atout : si elle est bien implantée, elle va concurrencer les adventices. En interculture d'hiver, le seul désherbage éventuel sera un antigraminée en post-levée ou sortie hiver dans certaines situations.
Ne pas rater le coche pour la récolte
La maturité de la cameline est atteinte quand les siliques passent du jaune au brun (8-10% d'humidité du grain). Louis-Marie Allard indique qu’à ce stade, « il ne faut pas attendre plus de 7 à 10 jours pour récolter ». Que ce soit au printemps ou à l’automne, le fauchage andainage est conseillé, car « il va permettre d’anticiper la récolte de 4 à 10 jours ». Le fauchage andainage se fait à 30-35 % d’humidité du grain et nécessite une fenêtre de cinq jours sans pluie pour le séchage et la reprise des andains. Une opération qui n’a pas d’impact négatif sur le rendement en grain et qui sécurise l’implantation de la culture suivante.