Moisson 2024 : quelles précautions à prendre dans les parcelles infestées d’adventices ?
Les céréales d’hiver arrivent à la récolte avec de fortes infestations d’adventices. Le nettoyage de la moissonneuse-batteuse sera très important cette année pour ne pas augmenter le stock semencier dans les sols.
Les céréales d’hiver arrivent à la récolte avec de fortes infestations d’adventices. Le nettoyage de la moissonneuse-batteuse sera très important cette année pour ne pas augmenter le stock semencier dans les sols.
Les graminées, tels que les vulpins et ray-grass, sont très présentes cette année dans les parcelles de céréales. « Presque toutes les parcelles sont touchées, certaines sont envahies, parfois méthanisées, d’autres ont quelques tâches, peu sont très propres », a indiqué Benoît Piétrement, président du conseil spécialisé Grandes cultures de FranceAgriMer, qui s’est tenu le 12 juin.
Au-delà de la nuisibilité sur la culture en place, ces adventices vont produire des graines qui vont augmenter le stock grainier du sol et réinfester la parcelle la campagne suivante. La gestion de ces populations avant leur grenaison est donc indispensable.
Bien nettoyer sa moissonneuse-batteuse
La première chose à faire est de nettoyer la machine entre chaque parcelle pour éviter la dissémination des graines d’adventices. Le nettoyage commence moteur éteint, par le fond de la barre de coupe et le dessus du convoyeur, puis on vide le bac à pierres sous le convoyeur et on nettoie les grilles. Il faut également vérifier les trappes des pieds d’élévateur et de vis de retour ainsi que l’intérieur de la trémie et la trappe de vidange (quand elle existe) car des graines se nichent dans les recoins. L’avant-dernière étape s’effectue moteur allumé, en réglant les vents et le batteur à la vitesse maximale : faire monter et descendre plusieurs fois la barre de coupe en faisant tourner la vis de vidange. Cette opération est à répéter deux à trois fois pendant 30 secondes. Enfin, moteur arrêté, il faut nettoyer l’extérieur de la moissonneuse, le dessus du déflecteur du broyeur et l’essieu arrière.
Cette pratique, très efficace pour limiter la dissémination des graines, a pour inconvénient de limiter le débit de chantier des récoltes. Chaque nettoyage prend 20 à 30 minutes. Si le temps manque pour bien nettoyer la machine, il est conseillé de récolter en premier les parcelles propres puis terminer par les plus sales. Et si deux parcelles voisines comportent des zones infestées par la même adventice, on peut récolter dans la foulée les zones sales des deux parcelles, pour faire l’économie d’un nettoyage.
Gérer les menues pailles
Un autre levier pour éviter que les graines d’adventices retournent au sol, est celui de récolter ou broyer les menues pailles, pour ne pas réalimenter le stock semencier du sol. Damien Brun, ingénieur agroéquipements chez Arvalis, explique que cette méthode est efficace uniquement avec des adventices qui n’ont pas encore grainé : « Ce sera le cas pour les ray-grass, mais par contre les graines de vulpin seront déjà tombées au sol à la récolte des blés ». Les essais réalisés par Arvalis ont montré des résultats intéressants dans des parcelles très sales quand cette technique est mise en œuvre sur plusieurs campagnes. Mais la gestion des menues pailles ne s’improvise pas, elle complique la récolte et nécessite des outils très spécifiques et coûteux, récupérateurs ou broyeurs. Et elle suppose une éventuelle valorisation des menues pailles (paillage, méthanisation, combustible..) qui se réfléchit en amont.
La gestion des menues pailles reste du préventif, un levier parmi d’autre, à associer à d’autres leviers comme le travail du sol (labour et/ou faux-semis), le décalage de la date de semis sur la céréale suivante ou un changement de rotation (culture de printemps à la place d’une culture d’hiver), rappelle Damien Brun.
Pour aller plus loin
Retrouvez nos témoignages d’agriculteurs sur la gestion des adventices :
Désherbage : « J’ai diversifié mon assolement pour gérer le vulpin »
Désherbage : « Un seul traitement sur la majorité de mes blés, à l’automne »