Aller au contenu principal

Jachère Ukraine : comment adapter son assolement 2023-2024 ?

Entre récoltes, préparation des sols et semis de colza, les agriculteurs doivent faire preuve d’adaptation pour que leur assolement puisse répondre aux règles de la PAC 2023, avec toutes les incertitudes qui subsistent, comme l’éventualité d’une reconduction de la jachère Ukraine pour 2024.

En l'absence de réponse à la demande de renouvellement de la dérogation "Jachère Ukraine" il est nécessaire de prévoir un minimum de jachères.
En l'absence de réponse à la demande de renouvellement de la dérogation "Jachère Ukraine" il est nécessaire de prévoir un minimum de jachères.
© H. Challier

C’est la grande interrogation de la rentrée pour tous les agriculteurs européens : la dérogation jachère Ukraine sera-t-elle reconduite pour la campagne 2023-2024 ? Alors que la situation géopolitique actuelle liée à la guerre en Ukraine supposait que les motifs de reconduction étaient réunis, mieux vaut éviter de fonder trop d’espoirs dans le renouvellement de cette mesure.

Pour rappel, la dérogation avait permis dès mars 2022 de lever les obligations de jachère en 2023 dans l’optique de répondre aux besoins alimentaires dans un contexte de guerre en Ukraine et de flambée des prix des matières premières. Malgré une demande de reconduction portée notamment par les syndicats agricoles FNSEA et Coordination Rurale, à ce jour les interrogations subsistent, avec des enjeux à la fois politiques mais aussi juridiques.


Jachère Ukraine : une dérogation peu probable qu’il convient d’anticiper

« Beaucoup d’États membres demandent le renouvellement de la dérogation jachère Ukraine, explique Roch-Marie Stern, du service études économiques et PAC au sein de la FNSEA. Il semble compliqué pour la Commission européenne d’accéder à cette requête car il y a déjà eu une dérogation en 2023. Or, une seule dérogation par programmation n’apparaît possible. L’enjeu est de déterminer comment y remédier d’un point de vue réglementaire et juridique. »

Des démarches qui peuvent donc prendre du temps, ce qui ne coïncide pas avec les échéances liées au calendrier cultural. « Nous avons relancé le ministre de l’agriculture car tout le monde s’interroge, déplore Damien Brunelle, président de France Grandes Cultures (N.D.L.R. : section de la Coordination Rurale). Ça change tout dans les calculs des pourcentages pour être dans les clous de la nouvelle PAC s’il y a de la jachère ou non. Sachant que les colzas sont déjà semés ou en cours d’ensemencement. Sans parler des intrants qui ont déjà été achetés. »
 

Prendre les devants en se conformant à la BCAE 8

Alors que faire dans cette situation d’incertitude qui a un effet direct sur le respect des règles des Bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE) ? « On conseille aux agriculteurs de respecter la BCAE 8 telle qu’elle est écrite dans le règlement européen, suggère Roch-Marie Stern. Si le plus accessible est de mettre en place de la jachère, il existe également d’autres solutions, comme les infrastructures agroécologiques (IAE). »

Le premier obstacle, pour les agriculteurs, réside donc dans la méconnaissance des règles de la nouvelle PAC. Et des confusions peuvent être faites entre écorégime et BCAE. Rappelons que la BCAE 8 fait référence au principe de conditionnalité des aides, qui signifie donc qu’il est impératif de respecter ces règles pour percevoir les aides de la PAC. Et la PAC 2023-2027 a instauré les IAE à la place des Surfaces d’intérêt écologique (SIE) avec une bascule du paiement vert vers la conditionnalité.
 

Quel pourcentage minimum de jachère ou d’IAE à respecter ?

Les agriculteurs peuvent choisir entre deux options pour se conformer aux règles de la BCAE 8. La première est de consacrer au minimum 4 % des terres arables à des IAE et des terres en jachère. Des équivalences de surfaces selon le type d’IAE sont communiquées. Par exemple, 1 mètre linéaire de haies équivaut à 20 m2 d’IAE, ou encore 1 m2 de jachère mellifère équivaut à 1,5 m2 d’IAE.

La deuxième option est d’avoir un taux minimal de 7 % des terres arables dédié à des IAE et terres en jachères, ainsi qu’à des cultures dérobées et/ou des cultures fixatrices d’azote, sur lesquelles aucun produit phytosanitaire n’est utilisé. Dans ce cas, il reste pour autant nécessaire de respecter un taux de 3 % de terres arables dédié à IAE et terres en jachère.

Les plus lus

<em class="placeholder">Culture de tournesol soufrant de la sécheresse.</em>
Changement climatique en Nouvelle-Aquitaine : « Une ferme charentaise descend de 8 km vers le sud tous les ans »

En 2050, les températures en Charente seront celles du sud de l’Espagne aujourd’hui, mais le volume de précipitation sera…

<em class="placeholder">Sol nu après une récolte partielle du maïs grain.</em>
Culture secondaire et PAC : des dérogations à leur implantation dans certaines zones

Le contexte météorologique de cet automne 2024 n’ayant permis, l’implantation des cultures secondaires avant le 1er …

<em class="placeholder">champ de betteraves sucrières avec le feuillage bruni à cause de la cercosporiose</em>
Betterave : les variétés tolérantes à l’assaut de la cercosporiose
La cercosporiose devient un problème majeur dans des situations plus nombreuses chaque année. Des variétés à haut niveau de…
<em class="placeholder">Enlèvement d&#039;un silp de betterave par l&#039;industriel Saint Louis Sucre, département de la Somme, novembre 2024</em>
Betterave 2024 : un rendement et une richesse en sucre décevants

Après une campagne betteravière marquée par les excès d’eau, la filière ne cache pas sa déception. Le rendement betteravier s’…

<em class="placeholder">Un fossé non entretenu ne joue pas son rôle d&#039;évacuation rapide de l&#039;eau quand une inondation survient.</em>
Entretenir les fossés pour réduire les conséquences des inondations sur les cultures

Le mauvais entretien des fossés a été parfois pointé du doigt pour expliquer les fortes inondations et une décrue trop lente…

<em class="placeholder">Jean et Pierre Niesner, agriculteurs à Remering (Moselle),  &quot;FertiRoc est le premier biostimulant minéral à obtenir la norme CE pour ses capacités d&#039;amélioration de ...</em>
Biostimulant: deux agriculteurs de Moselle conçoivent le premier produit foliaire à base de roche volcanique

Fertiroc : ce nouveau biostimulant associe une roche volcanique (zéolithe) micronisée à des éléments nutritifs. Jean et…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures