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L'agriculture bio va-t-elle manquer de fertilisants organiques ?

Les bureaux d’études AND-International et Cérès-Press ont réalisé une étude sur les besoins actuels et futurs de fertilisants organiques en agriculture biologique sur la demande du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Elle pointe une fragilité de l’équilibre entre offre et demande.

étude
Les biodéchets vont jouer un rôle important dans la fertilisation en agriculture bio.
© P. Cronenberger

Une étude des bureaux d'étude AND-International et Cérès-Press sur l'évolution des besoins en fertilisants organiques pour l'agriculture biologique arrive à la conclusion qu’il existe une fragilité de l’équilibre entre une offre provenant de façon quasi-exclusive du secteur agricole, en particulier de l’élevage bovin, et une demande issue des surfaces fourragères, et dans une moindre mesure des grandes cultures. Cette vulnérabilité liée au facteur limitant qu’est l’azote se conjugue à une grande disparité spatiale, en fonction de la spécialisation des productions agricoles dans les territoires.
 

Cartographie du gisement d’azote utilisable en agriculture biologique (en tonnes)

Carte de gisement d'azot utilisable en agriculture biologique

Source : Etude des bureaux d'étude AND-International et Cérès-Press

La carte présente le gisement d’azote de MAFOR utilisable en agriculture biologique par région. C’est en Bretagne que le gisement est le plus important (plus de 20 millions de tonnes). À l’inverse, c’est en Île-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Centre-Val de Loire qu’il est le plus faible (moins de 500 000 tonnes).

 

Besoins en azote, phosphore et potassium pour différents couverts cultivés en agriculture biologique

Besoins en azote, phosphore et potassium pour différents couverts cultivés en agriculture biologique, en 2020, exprimés en tonnes équivalent-engrais

 

Source : Etude des bureaux d'étude AND-International et Cérès-Press

Ce tableau présente les besoins en azote, phosphore et potassium pour différents couverts cultivés en agriculture biologique, exprimés en tonnes équivalent-engrais. Les surfaces fourragères représentent à elles seules 74 % des besoins totaux en azote (171 794 tonnes équivalent-engrais), 68 % de ceux en phosphore (57 587 tonnes équivalent-engrais) et 81 % de ceux en potassium (214 251 tonnes équivalent-engrais).

 

Tension sur l'approvisionnement en fertilisants organiques à cause du recul du cheptel bovin

Des tensions pourraient s’exercer pour répondre à la demande en MAFOR (Matières fertilisantes d’origine résiduaire) utilisables en agriculture biologique selon l’étude. Elles concerneraient surtout l’azote, mais aussi le lien étroit existant entre agriculture biologique et conventionnelle, en particulier s’agissant de l’élevage bovin pour la fourniture de MAFOR UAB.

La méthanisation pourrait aussi priver l'agriculture biologique de ressources

La baisse des effectifs d’animaux (notamment bovins), la poursuite de la concentration des élevages (notamment porcins), associées à l’essor de la méthanisation, pourraient priver les productions biologiques de ressources dans le cadre règlementaire actuel.

Le développement de nouvelles ressources issues de biodéchets ne permettrait pas de compenser cette baisse. La compétition sur ces gisements, avec le secteur conventionnel, n’a pas été étudiée mais celle-ci pourrait s’accroître avec la hausse du prix des engrais et la volonté de décarbonation des filières agricoles

Un gisement total d'effluents d'élevage de 123 Mt/an

L’analyse estime que le gisement total de matières fertilisantes d'origine résiduaire s’élève en 2020 à 123 Mt/an, dont 112 Mt utilisables en production biologique. Les MAFOR agricoles, c’est-à-dire les effluents d’élevages, sont de loin la première source en volume brut, puisqu’ils constituent 97 % du gisement de MAFOR UAB. En éléments nutritifs, les MAFOR UAB représentent 671 kilotonnes (kt) d’azote, 358 kt de phosphore et 918 kt de potassium.

Les effluents issus « d’élevage industriel » interdits

Les effluents issus d’élevages bovins, prépondérants parmi les MAFOR UAB, totalisent 66 % de l’azote, 58 % du phosphore et 75 % du potassium efficaces du gisement. Cette prédominance des effluents d’origine bovine résulte en partie de l’interdiction d’utiliser des effluents issus « d’élevages industriels », ce qui exclut de fait une bonne partie des lisiers, fumiers et purins provenant d’élevages de volailles, et dans une moindre mesure de porcs.
 

Déchets bois, biodéchets et digestats de méthanisation, de nouvelles ressources à exploiter

Les effluents d’élevages conventionnels représenteront une ressource importante dans la couverture des besoins de la production biologique, quelles que soient les hypothèses faites concernant l’évolution de la Surface agricole utile en agriculture biologique. Dans ce contexte, la définition de « l’élevage industriel » et l’évolution des types d’élevage auront un impact majeur sur le gisement de MAFOR disponible pour l’agriculture biologique. La mise à disposition de nouveaux gisements, comme le compost de déchets bois, de biodéchets ou encore les digestats de méthanisation, contribueront de façon significative au renforcement du volume mobilisable d’azote : la part de ces « nouvelles ressources » pourraient s’élever à 25 % du gisement total.

Mise à jour | Obligation de tri des déchets organiques : une opportunité pour l’agriculture biologique

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