Adapter le budget de la PAC 2023 aux objectifs d’augmentation des surfaces bio
Il faut plus d’argent de la PAC pour l’agriculture biologique, c’est ce qu’ont défendu les intervenants du débat parlementaire organisé par la Fnab le 7 avril 2021. 2 % du budget, c’est la part qui y est consacrée actuellement. Pour un objectif de 20 % des surfaces, c’est insuffisant, selon le syndicat.
Il faut plus d’argent de la PAC pour l’agriculture biologique, c’est ce qu’ont défendu les intervenants du débat parlementaire organisé par la Fnab le 7 avril 2021. 2 % du budget, c’est la part qui y est consacrée actuellement. Pour un objectif de 20 % des surfaces, c’est insuffisant, selon le syndicat.
« Réforme de la PAC : il est temps de développer l’agriculture bio ! », tel était le thème d’un débat parlementaire organisé en ligne par la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab).
La rencontre sur la politique agricole commune (PAC) et l’agriculture biologique était organisée autour d’un public de parlementaires dont trois intervenants :
. Sandrine Le Feur, députée du Finistère,
. Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle,
. Daniel Salmon, sénateur d’Ille-et-Vilaine, venu remplacer Joël Labbé, sénateur du Morbihan, qui n’a pu participer à ce débat.
Ce rendez-vous d’un peu plus d’une heure a permis d’entendre les points de vue de :
. Guillaume Riou, président de la Fnab,
. Jean Plagge, président de Bioland, première organisation de producteurs bio allemande,
. Michèle Rivet, vice-présidente du Conseil régional Centre Val-de-Loire.
La Fnab demande une augmentation du budget de la PAC pour le bio
Atteindre 15 % de surfaces en bio avant la fin de la mandature présidentielle, puis 20 %, c’est l’objectif du Gouvernement français. Au niveau européen, le Green Deal prévoit 25 % de bio en moyenne à l’horizon 2030 sur l’ensemble des surfaces agricoles.
Actuellement, 2 % de l’argent de la PAC est destiné au bio. « 2 % pour aller vers 20 % de nos surfaces, ce n’est pas suffisant pour atteindre nos objectifs, » constate Guillaume Riou, président de la Fnab. Pour les terres agricoles françaises, les aides sont de 210 € / ha avec un supplément de 35 € / ha pour les pratiques spécifiques en agriculture biologique (AB). « Ce n’est pas suffisant, » martèle le président. « Nous avons d’autres propositions que nous pourrions intégrer dans le PSN, » le Plan stratégique national, poursuit-il. Pour lui, « il faut réorienter les fonds de la PAC ». Et d’évoquer les PSE, paiements pour services environnementaux. La proposition de la Fnab est une aide dans ce cadre des éco-régimes de 145 € / ha, ce qui représente une enveloppe globale annuelle d’un milliard d’euros / an. C’est une « inversion du concept, » observe-t-il. D’aides prévues pour compenser des pertes et dédommager, avec les PSE, on passe à une idée de rémunérer les agriculteurs pour services rendus, ce qui est plus « proactif » et plus « valorisant ».
Le président des agriculteurs bio plaide aussi pour une aide au maintien. « Il est difficile d’inverser conceptuellement ses pratiques sur 5 ans. Pour tout réformer, tout réapprendre, ce n’est pas suffisant, » explique-t-il. « Ailleurs, il y a des possibilités de contrats plus longs, » assure-t-il. Et de citer l’exemple de la Bavière où la durée d’aide à la conversion est de 7 ans.
Un modèle allemand plus généreux
Jan Plagge, président de Bioland en Allemagne, a témoigné de l’expérience de son organisation de producteurs bio, qui rassemble 10 000 exploitants en Allemagne et en Italie. « L’agriculture biologique est un moteur de l’innovation » estime-t-il. L’objectif en Allemagne est de se situer à 25 % de conversion. Pour cela il faut une « coopération transversale » assure-t-il, de l’agriculteur au distributeur. En Allemagne, les agriculteurs reçoivent une prime de 260 € / ha pour la conversion et le maintien. La protection des espèces, le maintien de la biodiversité et la protection de l’eau sont rémunérés dans le système allemand. En Allemagne, le pourcentage d’agriculture bio est différent selon les landers. Il est au minimum de 20 % et l’objectif est d’atteindre une moyenne de 35 %. La Bavière est à 30 % et le Bade-Wurtemberg à 40 %. Pour développer l’agriculture bio, il faudrait que le paiement direct aux éco-régimes concerne l’agriculture biologique. « Nous militons pour un transfert progressif vers le 2e pilier, » indique Jan Plagge. Pour atteindre 3,3 millions d’hectares en bio d’ici à 2027, il faut « 1 % de transfert par an du 1er au 2e pilier, » précise le président.
Le système des éco-régimes devrait conduire à une révision des aides vers l’élevage. « L’industrialisation de l’élevage intensif n’est plus acceptée par la société » affirme-t-il. Les Allemands souhaitent donc transformer ce système et « être leader dans ce domaine » affirme Jan Plagge. Et d’ajouter : « la France et l’Allemagne peuvent réaliser de grandes choses ensemble mais il faut rémunérer les agriculteurs pour services environnementaux. Ce sont des investissements rentables et positifs sur le long terme. »
L'AB, enjeu pour les territoires qui doit devenir plus attractif
Michèle Rivet, agricultrice, maire de sa commune et conseillère régionale écologiste en Centre-Val de Loire plaide pour plus d’agriculture biologique dans sa région. Avec 4 % d’agriculture bio, sa région se situe en dessous de la moyenne nationale. « Nous avons besoin d’agriculteurs, nous manquons de surfaces, » assure-t-elle. Un enjeu important à ses yeux pour maintenir les cours d’eau en bon état et préserver les ressources en eau mais aussi pour atteindre les objectifs d’approvisionnement de 20 % en bio ou local dans les cantines. La bio dans les écoles répond à l’enjeu démocratique et sociétal de « rendre la bio accessible à tous, » rappelle-t-elle. « La ruralité est en grande souffrance, » constate-t-elle « nous manquons de monde ». A l’époque où la PAC a été mise en place, les agriculteurs ont su répondre à la demande qui était de produire plus pour nourrir l’Europe. Aujourd’hui, « les attentes sociétales sont autres, » observe-t-elle. Il faut répondre aux enjeux de biodiversité, d’alimentation saine et de préservation de l’emploi. « L’agriculture biologique répond à tous ces enjeux, » affirme-t-elle, raison pour laquelle « elle doit devenir beaucoup plus attractive ». Dans le PAC actuelle, « les agriculteurs n’ont aucune raison de passer à l’agriculture bio, » estime-t-elle. « Nous avons besoin que l’agriculture bio soit plus soutenue. »
Les intervenants parlementaires, lors de cette visio-conférence, ont rappelé leur engagement pour le développement des pratiques biologiques, estimant qu'il est temps de définir un cadre exigeant pour que l'argent du contribuable soutienne une agriculture qui réponde aux attentes du citoyen. Les négociations pour la mise en place de la PAC 2023 se poursuivent, tant au niveau européen qu'au niveau français.