Aller au contenu principal

Betterave : les variétés tolérantes à l’assaut de la cercosporiose

La cercosporiose devient un problème majeur dans des situations plus nombreuses chaque année. Des variétés à haut niveau de tolérance à ce pathogène sont mises sur le marché.

<em class="placeholder">champ de betteraves sucrières avec le feuillage bruni à cause de la cercosporiose</em>
Le feuillage est maintenue vert plus longtemps face à la cercosporiose avec des variétés de betterave tolérantes à cette maladie.
© ITB

« Presque la moitié des surfaces en betterave sucrière ont été semées avec des variétés tolérantes à la cercosporiose en 2024. Pour 2025, cela pourrait atteindre entre deux tiers et trois quarts de surfaces avec ce type de variétés, en espérant de bonnes disponibilités en semences. » Responsable expérimentation à l’Institut technique de la betterave (ITB), Ghislain Malatesta constate le développement en quelques années des betteraves sucrières avec une tolérance à la cercosporiose qui est d’un niveau moyen à élevé.

Cette maladie fait peur à juste raison. « Elle a été très présente en 2024 dès le mois de juin et jusqu’aux arrachages. L’humidité et les températures douces lui ont été très favorables avec un fort impact sur la production », constate le spécialiste de l’ITB. Ce pathogène a été plus présent en 2024 qu’en 2023 où c’était déjà une année à forte pression cercosporiose. Les secteurs les plus touchés sont la Champagne, le sud Île-de-France et l’Alsace, mais le pathogène progresse dans toutes les régions. Le changement climatique explique en partie la progression de la maladie en France et dans d’autres pays.

Variétés Cerco + ou Cerco Tech, très tolérantes à la cercosporiose

Les sélectionneurs mettent l’accent pour proposer les variétés avec la meilleure tolérance possible. « Des variétés sont présentées désormais comme très tolérantes à la cercosporiose. Nous avons quelques exemples aux semis 2024 provenant de plusieurs semenciers comme les variétés KWS Antonica, FD Equipe, Caméléon, BTS 6975… », cite Ghislain Malatesta.

Depuis quelques années, certaines obtentions ont franchi un palier en termes de tolérance à la cercosporiose. « Nous développons ces variétés dénommées Cerco + depuis trois ans. Ce sont des obtentions comportant un gène supplémentaire de tolérance à la cercosporiose, leur conférant un meilleur comportement à la maladie tout en restant productives », explique Patrick Mariotte, de KWS. Le semencier a relevé le défi de présenter ce type de variétés sur les créneaux des betteraves également tolérantes à la rhizomanie, aux nématodes ou au rhizoctone brun avec respectivement Antonica KWS, Bertida KWS et Simonara KWS.

Du côté de Betaseed, les variétés avec un haut niveau de tolérance, reçoivent également la dénomination Cerco +. « Nous en avons deux sur le créneau des variétés résistantes à la rhizomanie, dont BTS 2620 qui montre une note de très faible sensibilité à la cercosporiose. Pour, l’autre variété (BTS 2030), nous ne disposerons pas d’assez de semences pour la commercialiser en 2025 en grande quantité », précise Benoît Rose, directeur de Betaseed. Deux autres variétés phares montrent également un bon niveau de tolérance : BTS 2045 et BTS 5090. Sur le créneau des variétés « rhizomanie + nématodes », la société propose BTS 6975 N se comportant très bien à la maladie. Florimond Desprez commercialise FD Equipe, variété rhizomanie présentée comme ayant « une très bonne tolérance à la cercosporiose. »

Des variétés qui tiennent mieux en fin de végétation

SESVanderhave prépare des nouvelles variétés dites « Cerco Tech » équivalentes aux Cerco + des autres semenciers avec Ours (rhizomanie) et Lupin (rhizomanie + nématode). « Elles seront commercialisées dès 2025, mais en quantité limitée en semences, pour quelques milliers d’hectares », précise Bruno Dequiedt, directeur de SESVanderhave. La société propose d’autres variétés avec un bon niveau de tolérance : Hibou, Caméléon pour les « rhizomanie » ainsi que Laser, Glycine, Chêne, Arum pour les « rhizomanie + nématode ».

La tolérance à la cercosporiose est de plus en plus prise en compte par le Geves dans les inscriptions au catalogue français des variétés avec l’instauration d’un témoin Cerco + pour comparer les nouvelles obtentions. Les meilleures d’entre elles peuvent bénéficier d’un bonus à l’inscription. En 2024, les nouvelles inscriptions notées supérieures au témoin Cerco + par le Geves étaient Bertida KWS, Blanchetta KWS, Manuela KWS, Amantina KWS. En 2023, les variétés les mieux classées étaient Antonica KWS, BTS 2620, BTS 2030, Simonara KWS et en 2022, Christopha KWS, Mamba, BTS 5090…

Que peuvent faire gagner ces variétés aux producteurs ? L’impact de la cercosporiose sur le rendement peut être de plusieurs dizaines de pourcents notamment pour les arrachages après le 15 octobre. « Les variétés tolérantes tiennent mieux à la maladie, mais ce n’est pas une assurance tous risques. Il faut bien suivre les recommandations de traitement fongicides des services agronomiques des sucreries et de l’ITB », souligne Benoît Rose. Tous les spécialistes s’accordent sur l’importance de choisir des variétés tolérantes à la cercosporiose et à maintenir la protection fongicide contre cette maladie. Ce dernier levier de lutte est aussi « un moyen de limiter le risque de voir la tolérance génétique craquer à cause des mutations du pathogène », selon Bruno Dequiedt.

Les plus lus

<em class="placeholder">Paysage avec diversité culturale.</em>
Telepac 2025 : la rotation des cultures de la BCAE 7 n’est plus obligatoire

La version révisée du plan stratégique national (PSN) de la PAC 2023-2027 vient d’être validée par l’Europe. Pour la PAC…

<em class="placeholder">Plante de datura stramoine en fleur. </em>
« La télédétection du datura par drone me coûte 72 €/ha, mais c’est un outil de lutte indispensable sur mon exploitation des Pyrénées-Atlantiques »

Anne Darrouzet est agricultrice en bio à Bougarber, dans les Pyrénées-Atlantiques. Elle a mené pendant des années une…

<em class="placeholder">Vincent Prévost, agriculteur à Gueux, dans la Marne</em>
Chardon : « Je garde une attention constante tout au long de la rotation pour limiter cette adventice dans mes parcelles dans la Marne »
Producteur de grandes cultures à Gueux dans la Marne, Vincent Prévost reste vigilant tout au long de la rotation pour limiter au…
champs de céréales bio
Comment obtenir le crédit d’impôt bio en 2025 ?

Le crédit d’impôt en faveur de l’agriculture biologique a été prolongé jusqu’à l’année 2025 par la loi de finances 2022 avec…

<em class="placeholder">Les corneilles noires s&#039;attaquent aux maïs surtout entre la levée et le stade &quot;3 feuilles&quot;.</em>
Dégâts de corvidés : prolongation de l’usage du produit Korit 420 FS sur maïs et nouveautés à venir en traitement de semences

Sur maïs, l’emploi du produit de traitement de semences corvifuge Korit 420 FS pour lutter contre les dégâts d'oiseaux, et en…

<em class="placeholder">Visite d&#039;un essais colza organisé par la coopérative Vivescia.</em>
Colza : « Nous recherchons dans le Grand-Est des variétés calmes à l’automne pour les semis de début août, et des variétés très dynamiques pour les semis plus tardifs »
Étienne Mignot est expert innovation agronomique au sein du groupe coopératif Vivescia. Il explique quelles sont les gammes de…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures