Grandes cultures
HVE : Beaucoup d’annonces, peu de concrétisation dans les céréales
Le secteur céréalier est aussi à la recherche de l’excellence en matière de respect de l’environnement pour produire l’alimentation humaine. Enjeux et difficultés.
Le secteur céréalier est aussi à la recherche de l’excellence en matière de respect de l’environnement pour produire l’alimentation humaine. Enjeux et difficultés.
Après le grenelle de l’environnement (2007), la loi sur la certification environnementale (2010) et la création du logo HVE (2014), le plan biodiversité actuel du gouvernement prévoit 15 000 exploitations certifiées Haute Valeur environnementale (HVE) en 2022 et 50 000 en 2030. Parmi elles, on trouvera, bien sûr, des représentants de la filière grandes cultures. Au 1er juillet 2019, elles étaient 101 certifiées HVE contre 2 270 pour l’ensemble des lauréates (dont 1 904 en viticulture). Ce simple chiffre rappelle toute la difficulté à décrocher le Graal pour cette filière.
Le passage au niveau 3, seul permettant de communiquer sur la certification HVE, s’accompagne d’une obligation de résultat (et non de moyen comme en niveau 2). L’exploitation agricole devra alors attester du respect de l’ensemble des seuils de performance environnementale concernant la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la gestion de la fertilisation et celle de la ressource en eau, mesurés soit par des indicateurs composites, soit par des indicateurs globaux. Et c’est là que le bât blesse : l’indicateur de fréquence des traitements, extrêmement contraignant pour les exploitations céréalières, rend très difficile la démarche.
Le niveau 3 reste très difficile à atteindre
Pour faire avancer la filière céréales, l’Association générale des producteurs de blé (AGPB) a fait savoir, en mars 2019, qu’elle mettait en place un dispositif d’incitation auprès de ses adhérents pour rejoindre le niveau 2 de la notion de HVE précisant toutefois que « le niveau 3 de la certification environnementale reste encore à ce stade très difficile à atteindre ». Le président de Coop de France Métier du grain, Antoine Hacard, a estimé, quant à lui, le 3 février, que « 2 % de la production de blé tendre pourrait répondre aux exigences du niveau 3 », très difficile à atteindre en céréales. En fin d’année, l’Association des producteurs de maïs (AGPM) s’est engagée aussi sur cette voie affichant l’objectif d’atteindre les 10 000 exploitations maïsicoles en HVE d’ici à 2025 et de capter 1 million de tonnes supplémentaires de carbone.
Les exploitations et les structures qui souhaitent le faire ne partent pas de rien. Elles travaillent déjà sur des problématiques de RSE, biodiversité ou encore développement durable et ont déjà obtenu des signes distinctifs de qualité (label Rouge, AB, CRC…). L’une des interrogations porte souvent sur la façon de concilier la ou les certifications acquises avec cette démarche HVE.
Treize exploitations de Dijon Céréales auditées
De nombreuses structures font part de leur intérêt et reconnaissent réfléchir et évaluer le dispositif avant de se lancer. La démarche, réalisée sur le terrain, la plus aboutie dans la filière blé-farine-pain implique Intermarché/Agromousquetaires, associé à deux coopératives et à trois moulins. D’autres réflexions existent comme celle autour de l’entreprise de négoce agricole Suplisson, avec le syndicat professionnel de négoce agricole Centre-Atlantique et les moulins Foricher (Loiret).
Autre exemple avec la coopérative Dijon Céréales : « Dijon Céréales a ouvert un front de réflexion pour accompagner ses adhérents vers la certification environnementale (niveaux 2 et 3 Haute Valeur environnementale). Treize exploitations ont été auditées sur la dernière campagne », peut-on lire dans son rapport d’activité 2018-2019, publié mi-décembre.
La meunerie française se penche sur la RSE
De façon générale, la Haute Valeur environnementale (HVE) n’est pas encore un sujet prioritaire au niveau de la meunerie française. « Nous ne sommes pas leader sur cette question qui s’adresse d’abord à la production », explique Aurore Bescond, secrétaire générale adjointe de l’Association nationale de la meunerie française. Pour autant, la question environnementale n’est pas étrangère à l’organisation professionnelle. Cette dernière travaille beaucoup sur les questions de « durabilité des produits dans le cadre du développement de la responsabilité sociétale des entreprises notamment », précise Aurore Bescond.