Avec sa chaudière à biomasse, Tristan Poincloux recherche de meilleures performances dans son poulailler
Spécialisé en poulet standard, Tristan Poincloux a investi pour réduire son coût de chauffage, mais aussi pour améliorer les performances techniques.
Spécialisé en poulet standard, Tristan Poincloux a investi pour réduire son coût de chauffage, mais aussi pour améliorer les performances techniques.
« Avant de m’installer, je savais qu’un jour je chaufferai mon élevage avec de l’eau chaude », explique Tristan Poincloux, détenteur d’un site de 6 400 m2, avec le quatrième bâtiment mis en service mi-mars. C’est chose faite depuis le début de l’année avec une chaudière Heizomat installée par Energy & + et une première bande de poulets chauffés au bois qui est sortie au mois de février. Sa démarche vers l’utilisation de biomasse a été économique et technique. « Il ne s’agissait pas de valoriser une production locale de bois-énergie, car je suis un éleveur sans terre. Je recherchais d’abord une solution technique avec un combustible qui me permettrait de réduire la première charge variable qu’est le chauffage au gaz. » Il consomme en effet 11 kg de gaz/m2 en moyenne pour offrir du confort à ses poulets standard. Tristan évalue ce coût autour de 1 €/m2/lot (environ 40 000 € dépenses par an pour 4 575 m2, soit 54 000 € pour 6 400 m2, avant les frais de ramassage de l’ordre de 0,70 €/m2/lot. « Ma seule marge de progression, c’est de réduire les charges variables et d’accroître la performance. »
Modèle 4 x 4 tout-terrain
Il souhaitait un système de combustion tout terrain plutôt qu’une Formule Un hyperspécialisée. N’ayant pas de préférence pour la biomasse à brûler, il a opté pour une chaudière polycombustible Heizomat. Il voulait une chaudière travaillant à de bons rendements énergétiques (plus de 92 %), quel que soit le taux de charge de cette dernière (90 % annoncé par le constructeur à 10 % de charge), et avec une large gamme de matériaux. « Tout est possible, de la plaquette forestière à la fraction ligneuse de déchets verts en passant par la paille par exemple. Ce qui est important, c’est le coût du KW heure délivré qui résulte du prix d’achat de la ressource, de son pouvoir calorifique et du rendement énergétique de la chaudière. » Pour l’instant, Tristan a trouvé du broyat de palettes aux alentours de 62 €/t, ce qui ramène le coût du mégawattheure bois à 15 €, contre 60 € pour celui du gaz (sur la base d’un prix moyen de 760 €/t).
Aérothermes plutôt que tubes
Par souci de simplicité, il a préféré une chaudière unique (650 KW pour 6 400 m2 en bande unique) plutôt que trois plus petites fonctionnant en cascade, choisies souvent pour ne pas perdre trop en rendement et pour se passer de chaudière à gaz en sécurité. La sécurité est ici assurée par une chaudière à gaz de 950 KW qui servira aussi d’appoint en cas de forte demande et de grand froid. « Cette chaudière à gaz est l‘équivalent du groupe électrogène pour l’électricité. » Pour ce qui concerne la diffusion de la chaleur, il a opté pour des aérothermes eau/air plutôt que des tubes à ailettes sur les longs pans. « J’estime que les circuits générés par ces aérothermes ne contrecarrent pas les circuits d’air de ma ventilation en extraction haute longitudinale (concept Big Dutchman). Par ailleurs j’estime que pour sécher la litière des aérothermes au centre du poulailler sont plus efficaces. »
La cerise plus grosse que le gâteau
L’ensemble du projet a coûté 600 000 €, en intégrant le bâtiment de 800 m2 et l’équipement (chaudières, réseau de chaleur en tuyaux métalliques enterrés, réseau de distribution dans les poulaillers et 16 aérothermes de 70 KW). Il faut déduire 255 000 € d’aides de l’Ademe. L’amortissement comptable annuel s’élève à 24 000 € (douze ans pour le matériel et quinze ans pour le bâtiment). En considérant un gain annuel de consommation d’énergie de 32 000 € par rapport au gaz, le temps de retour est de 10,8 années avec les aides. C’est sans compter sur le gain de performance déjà constaté sur le premier lot, malgré la période de prise en main et un démarrage de la chaufferie au dixième jour. « J’ai fait deux lots de poulets blancs et un de jaune. La litière a été plus sèche qu’avec les canons intérieurs à gaz. Le tonnage enlevé pour être composté a baissé. Tous les indicateurs techniques sont meilleurs, à l’exception du griffage. Pour l’instant, je n’ai que peu amélioré le taux de pododermatites qui reste dans la moyenne basse du groupement (je travaille en paille broyée). » Au final, Tristan Poincloux a gagné 0,30 à 0,50 €/m2 de MPA sur ce premier lot « En étant prudent, je me base sur un gain moyen de MPA de 0,20 €/m2/lot, j’arriverai à 10 000 € de MPA de plus par an. Ce qui devrait faire chuter le temps de retour à 8,2 ans, voire moins en considérant le système de bonus/malus à venir sur la qualité du vif. » Pour écraser encore ce temps de retour, l’éleveur sera en quête du combustible ayant le meilleur rapport rendement énergie-prix.
Une chaufferie signée Energy & +
Le système de chauffage a été dimensionné et réalisé avec Energy & +, une entreprise du Morbihan intervenant dans le domaine de la chaufferie industrielle. Il comprend :
- Un stockage couvert de 600 m2 avec le ballon tampon d’eau chaude de 10 m3 ;
- Un silo à plat de 90 m2 à mi-hauteur (vis d’alimentation horizontale) chargé au télescopique, avec un plateau désileur à bras repliable ;
- Une chaufferie de 110 m2 avec la chaudière Heizomat de 650 kW de 8,5 tonnes, poly combustible (long foyer alimenté par une chaîne mouvante), avec le corps de chauffe précédé d’une écluse rotative (sécurité antifeu, coupe des queues de déchiquetage) ; la chaudière à gaz Riello de 950 KW, les quatre départs et retours de réseaux de chaleur convoyant l’eau à 80 °C (retour à 60 °C).
- Quatre aérothermes Holland Heater tout inox de 75 kW par bâtiment