Aller au contenu principal

Au Gaec des Marais : une sous-capacité d'abreuvement des vaches et des courants parasites

Dans la Loire, le Gaec des Marais a réalisé un diagnostic abreuvement suite à une sous-production de ses 75 vaches. Il a mis en évidence une sous-capacité d’abreuvement, mais aussi un problème de courants parasites.

Quand les vaches ne produisent pas le volume de lait permis par leur ration, il peut être bon d’aller faire un tour du côté de l’abreuvement. C’est ce qui a été fait au Gaec des Marais, installé à Chausseterre à 750 mètres d’altitude dans la Loire. Le problème ne pouvait venir du logement des 75 Montbéliardes (65 à la traite), un bâtiment réaménagé en 2018 avec 79 logettes et caillebotis : les logettes sont bien dimensionnées, l’ambiance du bâtiment est satisfaisante. Les contrôles effectués au niveau de l’alimentation n’ont pas non plus révélé d’anomalies. La ration moitié ensilage d’herbe, moitié ensilage de maïs était correctement équilibrée à 26 litres de lait, il manquait 2 à 3 litres par vache par jour. Rien à signaler du côté des profils métaboliques réalisés pour identifier d’éventuelles carences.

Thomas Beauville, ingénieur conseil Obione qui assure le suivi nutrition santé de l’exploitation dans le cadre d’un partenariat avec la clinique vétérinaire de l’élevage, a alors proposé aux deux associés du Gaec, Serge et Benoît Ossedat, d‘effectuer un diagnostic de l’abreuvement. « On ne pense pas spontanément à un problème pouvant être lié à l’abreuvement. Tout diagnostic est bon à prendre», souligne Serge Ossedat.

Une évaluation de chaque abreuvoir

 

 
Les trois abreuvoirs de 1,85 m sont plutôt bien placés : un en sortie de traite et les deux autres dans la partie large du couloir d’alimentation, mais la capacité d’abreuvement est insuffisante.
Les trois abreuvoirs de 1,85 m sont plutôt bien placés : un en sortie de traite et les deux autres dans la partie large du couloir d’alimentation, mais la capacité d’abreuvement est insuffisante. © A. Conté

 

Le diagnostic a été réalisé à l’aide d’une application Waternotes. Le temps de répondre à quelques questions générales : Combien de vaches et d’abreuvoirs dans la stabulation ? Les vaches ont-elles accès au moins à deux abreuvoirs ? L'eau est-elle potable ? Quelle est la fréquence de nettoyage des abreuvoirs, et surtout de faire le tour des abreuvoirs, Waternotes sort un diagnostic précis.

 

 
Mesure du débit d'eau. Le forage permet d'avoir davantage de pression que le réseau communal.
Mesure du débit d'eau. Le forage permet d'avoir davantage de pression que le réseau communal. © A. Conté

 

En pratique, il suffit d’avoir un mètre et un seau pour évaluer chaque abreuvoir selon une liste de critères (voir encadré) ; les informations sont enregistrées dans l’appli. L’évaluation de chaque abreuvoir ne prend guère plus d’une dizaine de minutes. L’appli attribue à chacun un score sur 20 et une capacité d’abreuvement calculée en nombre de vaches ; un graphique souligne leurs facteurs de risques limitants. Elle calcule également une note globale de la capacité d’abreuvement. « L’objectif est de savoir si les vaches ont à leur disposition de l’eau de qualité, en quantité et propre, résume Thomas Beauville. Dans la majorité des élevages français, les abreuvoirs sont sous-dimensionnés. Les éleveurs n’ont pas suffisamment conscience que l’eau est le premier aliment. »

Une capacité d’abreuvement limitée à 40 vaches

 

 
L'appli Waternotes présente les facteurs limitants sous forme graphique pour chaque abreuvoir et pour l'élevage. L’amélioration de la propreté est ici une priorité.
L'appli Waternotes présente les facteurs limitants sous forme graphique pour chaque abreuvoir et pour l'élevage. L’amélioration de la propreté est ici une priorité. © Obione

 

Le Gaec des Marais s’en est sorti avec des scores plutôt honorables pour ses trois abreuvoirs (13,8 - 16,9 - 15) et une note globale de 14,7. Mais le diagnostic fait ressortir un potentiel d’abreuvement insuffisant, évalué par Waternotes à 40 vaches. Les 65 vaches hébergées dans ce bâtiment disposent de trois abreuvoirs collectifs de 1,85 mètre. « Ils sont plutôt bien placés, avec un abreuvoir en sortie de salle de traite, celui où il y a le plus de débit. Les deux autres sont proches de la table d’alimentation avec un espace de dégagement de 4,35 mètres : les vaches circulent bien autour », commente Thomas Beauville. En revanche, l’appli épingle plusieurs facteurs limitants : la propreté (les abreuvoirs sont respectivement notés très sale, sale, dépôts) avec pour conséquence une baisse de la consommation et une dégradation de la qualité de l’eau, le débit insuffisant, et le manque de places disponibles autour de l’abreuvoir en sortie de traite. Les abreuvoirs sont par ailleurs positionnés un peu trop haut (90 cm au lieu de 85 cm), ce qui, en pénalisant le confort, augmente le risque de lapage et réduit la vitesse de buvée.

« Ces trois abreuvoirs utilisés dans des conditions optimales, c’est-à-dire sans ces facteurs limitants, permettraient l’abreuvement correct de 54 vaches : il manque 1 mètre d’abreuvoir pour répondre à la norme de 10 cm par vache. Dans les conditions observées lors de l’audit, il manque 2,5 mètres d’abreuvoir d’après les calculs de Waternotes », explique Thomas Beauville.

Malgré la mise à la terre des transformateurs

 

 
La mise à la terre des abreuvoirs par un fil les reliant aux logettes a résolu le problème des courants parasites.
La mise à la terre des abreuvoirs par un fil les reliant aux logettes a résolu le problème des courants parasites. © A. Conté

 

Reste que le diagnostic n’est pas suffisamment négatif pour expliquer la sous-production observée par rapport à la ration. « Une piste restait à explorer : celle des courants parasites. » Les abreuvoirs sont équipés de système antigel. « Les transformateurs alimentant les résistances qui chauffent les abreuvoirs étaient reliés à la terre, mais pas les abreuvoirs », précise Serge Osseedat. Pour confirmer l’hypothèse des courants parasites, il a coupé l’alimentation en électricité des transformateurs. « L’effet du test a été immédiat : les animaux ont retrouvé leur niveau de production, affirme-t-il. La période de gel avait probablement duré plus longtemps que d’habitude, ce qui a provoqué une plus forte réaction des animaux. » Le problème a été réglé avec la mise à la terre des abreuvoirs via les logettes, elles-mêmes mises à la terre.

Un dégagement insuffisant pour un abreuvoir collectif

Depuis le diagnostic, le Gaec des Marais a apporté d’autres changements au niveau de l’abreuvement. Les abreuvoirs qui étaient nettoyés tous les mois le sont désormais tous les quinze jours (l’idéal étant toutes les semaines). Un forage avec un traitement de l’eau au chlore a été réalisé : le GDS assure le suivi de la qualité de l’eau, analysée tous les ans. « Il y a beaucoup plus de pression qu’avec le réseau communal, constate l’éleveur. Les 25 000 euros investis dans le forage seront amortis en quatre ans (sur les trois ateliers de l’exploitation), alors que l’eau du réseau est facturée moins de un euro par mètre cube. »

 

 
La solution proposée : un abreuvoir« face à face » positionné dans la première partie du couloir d'alimentation, moins large (3,90 m).
La solution proposée : un abreuvoir« face à face » positionné dans la première partie du couloir d'alimentation, moins large (3,90 m). © Schippers

 

L’installation d’un abreuvoir supplémentaire est prévue. « Il n’est pas possible de mettre un nouvel abreuvoir collectif dans la première partie du couloir d’alimentation, où il n’y a que 3,90 mètres entre le cornadis et le muret (voir plan). Le bac risquerait de perturber la circulation des vaches. L’idéal est d’avoir un espace de dégagement de 4,50 mètres pour permettre aux vaches de boire face à l’abreuvoir tout en permettant à deux vaches de se croiser derrière », précise Thomas Beauville. Il préconise plutôt l’installation d’un abreuvoir « face à face » à niveau constant : deux vaches peuvent se positionner de chaque côté parallèlement au muret sans entraver le passage.

Chiffres clés

Le Gaec des Marais, c’est :

° 2 associés
° 130 ha de SAU dont 58 ha de prairies naturelles, 40 ha de RGI/TV, 20 ha de maïs ensilage, 12 ha céréales
° 500 000 litres de lait en filière oméga 3 (Sodiaal)
° 75 Montbéliardes à 7 200 litres à 44 g/l de TB et 34 g/l de TP
° 25 vaches allaitantes Aubrac
° 120 truies naisseur

Les critères d’évaluation d’un abreuvoir de l'appli Waternotes 

- la longueur d’eau accessible par vache (recommandation : 10 cm) ;

- la hauteur de l’abreuvoir (recommandation: 85 cm) ;

- la hauteur sol-fond du bac et la hauteur entre le bord de l’abreuvoir et l’eau (viser une hauteur d’eau de 8 cm pour que les vaches puissent immerger légèrement le mufle) ;

- la place disponible autour de l’abreuvoir (recommandation: 4,50 m) ;

- le positionnement ou non de l’abreuvoir dans un cul de sac ;

- la propreté (recommandation : nettoyer une fois par semaine) ;

- le débit (minimum 15 l/min) ;

- la présence d’un dispositif de thermorégulation (les vaches préfèrent une eau tiède) ;

- la distance moyenne à parcourir par une vache pour l’atteindre (recommandation: 10 m).

Un bâtiment réaménagé en 2018

 

 
Les logettes sont équipées de matelas à eau et entrenues avec un asséchant.
Les logettes sont équipées de matelas à eau et entrenues avec un asséchant. © A. Conté

 

Le batiment des laitières a été modifié en 2018 avec l’installation de deux rangées de logettes avec matelas à eau/asséchant et des caillebotis sur les aires de circulation. Dans le même temps, une stabulation paillée a été construite pour les vaches allaitantes, les génisses et les taries, ce qui a permis de rassembler tous les animaux sur le même site. Ces aménagements ont été réalisés juste avant le départ à la retraite du troisième associé du Gaec fin 2018. Le fils de Serge a prévu de rejoindre le Gaec des Marais en mars prochain.

« Avec 12 hectares de céréales, on est désormais quasiment autonome en paille. Le passage en logettes nous a fait gagner du temps (un quart d’heure de paillage par jour et une demi-journée par mois de curage), constate Serge Odessat. Il y a moins de poussière et plutôt moins de mammites. On a par contre plus de problèmes de pattes en tout caillebotis. »

Les plus lus

<em class="placeholder">Denis Battaglia, éleveur laitier en Meurthe-et-Moselle, devant son silo de maïs</em>
« Nous avons toujours plus d’un an de stocks d’avance en fourrages »

Le Gaec du Rupt de Viller, en Meurthe-et-Moselle, refuse de se retrouver confronté à un manque de stocks fourragers. Au fil…

<em class="placeholder">Prairie avec une vache Normande et une vache de race Prim&#039;Holstein en Mayenne. </em>
Prairies permanentes : la Commission européenne donne son feu vert pour l’assouplissement

La demande de modification des règles des BCAE 1 et 9 encadrant les prairies permanentes et les prairies sensibles dans la PAC…

<em class="placeholder">Romain Lelou devant son robot de traite.</em>
« Nos 135 vaches, traites par deux robots saturés, pâturent jour et nuit en Loire-Atlantique »
Au Gaec du Champ-Léger, en Loire-Atlantique, les éleveurs ont fait le pari de traire avec deux robots jusqu’à 140 vaches, et ce 2…
%agr
« Nous économisons 2 500 euros en quinze mois en récupérant les eaux de toiture dans notre élevage laitier »

Élodie et Mathieu Regazzoni, associés en Gaec à Scey-Maisières dans le Doubs, traitent au chlore les eaux de récupération de…

silos de coproduits
Alimentation animale : halte aux idées reçues sur les coproduits
Localement, il est possible de jouer davantage la carte des coproduits pour alimenter les troupeaux de vaches laitières. Pourtant…
Carte de la zone régulée FCO 3, en date du 6 novembre 2024.
FCO 3 : l'Isère, le Maine-et-Loire et le Puy-de-Dôme touchés à leur tour

A date de mercredi 6 novembre 2024, le ministère de l'Agriculture annonce 7 311 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3.…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière