Appliquer Egalim 2 à tous les acteurs de l’aval
Dans le cadre d’Egalim 2, une partie des éleveurs ont d’ores et déjà envoyé leurs propositions de contrats à leur(s) premier(s) acheteur(s). Mais bon nombre de ces derniers sont dans l’attente.
Dans le cadre d’Egalim 2, une partie des éleveurs ont d’ores et déjà envoyé leurs propositions de contrats à leur(s) premier(s) acheteur(s). Mais bon nombre de ces derniers sont dans l’attente.
Ils semblent d’abord préoccupés par l’impérieuse nécessité de savoir comment la loi va être appliquée aux différents acteurs de l’aval qui se positionnent derrière le premier acheteur et en particulier les abatteurs et les différentes enseignes de la grande distribution.
« On a face à nous des opérateurs qui ne sont pas encore tout à fait prêts. Certains remettent en cause la méthode de calcul des coûts de production pourtant validée à l’interprofession. On en est encore là avec certains d’entre eux », expliquait Jean-François Aucouturier, président de Creuse Corrèze Berry élevage à l’occasion d’une journée organisée début avril sur cette thématique par le comité d’orientation de l’élevage de la chambre d’agriculture de l’Indre.
« On a quelques inquiétudes dans les négociations avec l’aval. On ne peut pas acheter des bêtes plus cher que l’on va pouvoir les revendre », ajoutait le très pragmatique Michel Ringuet, responsable production bovine à la Celmar. « Nous sommes ouverts aux contrats, mais nous avons une vraie difficulté avec les opérateurs de l’aval pour être certains de pouvoir, nous aussi, les appliquer avec nos premiers acheteurs. Pour l’instant on n’avance pas », ajoutait Jean-Yves Limet, négociant dans l’Indre. Des discussions d’autant plus compliquées compte tenu du contexte haussier des prix du bétail et des différents intrants.
Le premier qui sort du bois
Qu’ils travaillent dans des coopératives ou le négoce privé, les différents acteurs du commerce du bétail donnent l’impression de s’observer et de s’épier mutuellement en attendant que le premier sorte du bois. Qui sera le premier à signer ces fameux contrats avec les producteurs ? Pour quelles catégories ? À quels tarifs ?
L’autre question est de savoir qui va faire respecter cette loi et dans quels délais. Réaliser un contrôle dans une entreprise de négoce de bovins ou dans une coopérative exerçant la même activité semble relativement aisé. Effectuer ce travail dans de gros groupes d’abattage et surtout de distribution disposant d’un service juridique et d’avocats qui ont déjà passé la loi au peigne fin pour en détecter toutes les failles semble déjà plus ardu et interroge forcément sur l’équité de traitement entre les différents maillons de la filière.
Les jeunes bovins et les gros bovins entrant dans le cadre de démarches qualité semblent être - d’après les différents participants à cette journée - les catégories les plus faciles à contractualiser. La situation serait bien différente pour les vaches de réforme pour lesquelles les évolutions et sautes d’humeur du climat, la décapitalisation et les départs en retraite compliquent sérieusement l’établissement de calendrier de mises en marché pour établir des contrats sur le long terme avec des abatteurs.
Et une fois de plus est revenue sur le tapis la difficulté d’établir des contrats régis par une loi franco-française avec des acheteurs de maigre ou de jeunes bovins résidant en dehors de nos frontières. « Pour les animaux commercialisés en France, oui cela peut fonctionner. Mais sur l’export ça va être très très très compliqué ! », estimait Michel Ringuet.