Sur le Méjean, voir naître et grandir une forêt de pins noirs d’Autriche
Retraités agricoles, Bernard Vedrines et son frère Michel ont connu leur forêt de pin noir d’Autriche depuis leur plantation dans les années 60 par leurs aïeuls. Aujourd’hui à maturité, le boisement arrive à des choix pour son avenir.
Ce n’est pas donné à tout le monde d’être né à un endroit avant même que pousse la forêt. À l’âge de 67 ans, Bernard Védrines a toujours vécu au mas de la Font, sur la bordure sud du Causse Méjean, en surplomb de Meyrueis. Une ferme familiale dans laquelle son grand-père, agriculteur comme lui, a décidé en 1962 de planter des pins noirs d’Autriche. « C’était l’époque du fonds forestier national, ils finançaient intégralement des plantations en se remboursant avec l’argent issu des premières coupes » raconte Bernard, aujourd’hui retraité agricole. À l’époque, en plus de l’intérêt économique, les agriculteurs pouvaient également bénéficier d’améliorations pastorales, pour défricher ou installer des clôtures.
Un forêt qui laisse sa place à l’élevage
« Il a saisi cette opportunité, une manière de donner une plus-value à certains terrains. Mais il n’aurait pas fallu en planter plus ! » relève Bernard. À l’époque, c’était « un pari » de planter des arbres à cet endroit. Soixante ans de travail plus tard, « Le pin noir a bien résisté, c’est une variété rustique. Maintenant on a un sol plus favorable », et qui permet une bonne coexistence du travail agricole et de l’activité forestière. L’exploitation a été récupérée par son fils et un associé et leurs compagnes respectives et continue de produire de la viande d’agneau BMC ainsi que de la charcuterie de porc, vendues directement au magasin sur la ferme. Le groupement foncier agricole du mas de la Font s’étend ainsi sur 560 hectares de terres dont 123 hectares de forêts de pin noir d’Autriche. C’est Bernard et son frère Michel, plus âgé, qui en sont pour l’instant les propriétaires.
Historiquement, la gestion forestière a été d’abord assurée par la DDA (ancêtre de la Direction Départementale des Territoires), puis le peuplement a fait l’objet d’un premier plan simple de gestion (PSG) dans les années 80. « L’intérêt c’était de gagner progressivement de la surface, parce qu’à la plantation ce n’était pas possible de mettre des brebis, les arbres étaient trop serrés. » Le conseil technique est fourni par des techniciens de la coopérative de la forêt privée, mais à la fin « c’est nous qui décidons ». Au fil des coupes d’éclaircies, la ressource fourragère disponible s’améliore et, en cette année plus généreuse en pluie, est abondante cet automne. La forêt offre également une protection en période de canicule ou de sécheresse, pour les troupeaux vulnérables sur les parties rases du causse Méjean.