Préparer la mise à l'herbe
À la mise à l'herbe, les animaux vont s'attaquer aux premières pousses, riches en eau et en azote mais faibles en cellulose.
Une mise à l'herbe précoce reste un préalable à une bonne gestion de l'herbe au printemps. Car, sauf année exceptionnelle, elle finit toujours par pousser. En bovins lait, une mise à l'herbe précoce permet toujours de maîtriser la croissance et les hauteurs d'herbe sur le reste de la saison. Lorsque la mise à l'herbe est réalisée précocement, les risques métaboliques pour les vaches sont faibles. Les durées journalières de pâturage sont de deux à trois heures lors de la première semaine, les hauteurs d'herbe inférieures à sept centimètres, et les distributions de fourrages à l'auge encore conséquentes. Une réduction hebdomadaire de cinq kilos de matière sèche de fourrage conservé doit permettre une mise à l'herbe complète en trois semaines. Les durées de pâturage sont alors d'une dizaine d'heures et trois quarts d'ingestion au pâturage. Les risques au pâturage sont les plus élevés à la fin de la mise à l'herbe s'il y a conjonction d'éléments défavorables : une forte ingestion d'herbe aqueuse ; une herbe riche en azote et en potassium ; des conditions froides et pluvieuses avec des chemins boueux qui fatiguent les vaches. Les tétanies, fatigues musculaires, pertes de lait et d'état corporel interviennent à ce moment. Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à diminuer la durée de pâturage en compensant par un apport plus important de fourrage sec ou d'ensilage de maïs, surtout lorsque les vaches produisent beaucoup de lait. La complémentation en magnésium reste une sécurité pendant toute la période de printemps. Lorsque les conditions de pâturage sont bonnes, il est inutile de prolonger ces sécurités, l'objectif étant de valoriser au maximum l'herbe à pâturer.
L'adaptation des veaux
En bovins viande, les conditions de lâcher doivent permettent aux veaux de faire face à un changement d'ambiance et à la modification de la composition du lait qu'entraîne le pâturage des mères avec de l'herbe riche. Quand la végétation a démarré, la priorité est à donner aux conditions climatiques : profiter des périodes d'absence d'humidité et de vent qui se présentent, parfois courtes, pour réaliser le lâcher. Dans cette optique, les premiers épandages azotés doivent avoir été suffisamment anticipés. L'apport de fourrage grossier (foin ou à défaut paille) est crucial pour atténuer les effets des changements de régime alimentaire. Si la hauteur d'herbe est limitée, plusieurs ajustements sont possibles : jouer sur les quantités de fourrages apportés ; offrir une plus grande surface en réalisant un déprimage sur les parcelles de fauche ; adapter la fertilisation azotée à mesure des changements de parcelle.
La suite dans le Réveil Lozère, page 9, édition du 28 avril 2016, numéro 1357.
La tétanie d'herbage
Au cours de l'hiver, la ration des bovins est majoritairement constituée de foin, d'enrubannage ou d'ensilage. Ces aliments sont beaucoup moins riches en eau et en azote que l'herbe jeune. Celle-ci est déséquilibrée sur le plan minéral, elle apporte beaucoup de potassium et peu de magnésium. En cas de sortie tardive des bêtes ou à une pluviosité entraînant un défaut de portance des sols, certains animaux sont parfois rationnés en fin de période de stabulation. La mise à l'herbe sera alors d'autant plus à risque, pouvant déclencher une tétanie d'herbage. Ce trouble métabolique fait souvent suite à une phase d'alcalose du rumen suite à la production excessive d'ammoniac lors de la digestion d'herbe jeune. Il est indispensable de prévoir une transition sur trois à cinq semaines avec apport de fourrage fibreux ou une sortie progressive pour limiter les risques ainsi qu'une mise à disposition de minéraux enrichis en magnésium.