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FCO-MHE : Un enjeu sanitaire et commercial majeur

La France métropolitaine est confrontée à 4 virus transmis aux ruminants par des culicoïdes : MHE et FCO 3, 4 et 8. L’impact clinique est variable suivant les virus et les espèces cibles. Cet article se propose de répondre aux questions les plus courantes sur ces pathologies.

Depuis l’arrivée de la FCO 8 en 2007 en France, plusieurs virus successifs se sont succédés, provoquant des vagues de signes cliniques et de mortalité, et entrainant de nouvelles exigences aux mouvements.

Quels sont les points communs entre ces maladies ?

Ces maladies sont provoquées par des virus de la famille des Orbivirus, identifiés par leur sérotype (36 pour la FCO, 7 pour la MHE). Il n’y a pas de transmission directe, ce sont des moucherons piqueurs, les culicoïdes femelles, qui diffusent la maladie. Les femelles piquent tous les 3 à 4 jours et c’est à l’occasion de ce repas de sang que se fait la contamination. La survie (une vingtaine de jours en moyenne), l’activité (principalement du crépuscule à l’aube) et la dispersion de ces moucherons piqueurs sont fortement influencées par les variables météorologiques telles que la température (au-dessus de 15 °C), l’humidité, l’agitation de l’air (déplacement 2 à 5 km par jour, beaucoup plus par grand vent), la phase lunaire… (cf. article culicoïdes du 12/06/2024).

Quels sont les signes cliniques observés ?

Les symptômes sont très semblables quel que soit le virus. Après 1 semaine d’incubation, les premiers signes cliniques apparaissent : hyperthermie, abattement, difficultés de locomotion, ulcérations dans la bouche avec hypersalivation, difficulté à s’abreuver, œdème de la face et langue « bleue » (FCO chez les ovins), croûtes sur le mufle, jetage et lésions sur les trayons (surtout sur les bovins). De nombreux animaux peuvent être malades et on observe plus de clinique sur les animaux adultes que sur les jeunes. Le traitement sera symptomatique et d’autant plus efficace s’il est mis en place au début des symptômes. La difficulté à boire explique la plupart des mortalités, le drenchage des animaux pouvant s’avérer nécessaire pendant plusieurs jours.

Le pouvoir pathogène est-il le même pour tous les virus ?

L’impact clinique est variable suivant les virus : très important sur les bovins et les ovins pour la FCO 3 et 8 (le sérotype 4 continental étant très peu pathogène), quasi exclusivement bovins pour la MHE et les caprins semblent moins sensibles. La circulation des virus a également un impact majeur sur la reproduction, avec des animaux non gestants, des avortements et les virus de FCO ayant la capacité de passer la barrière placentaire, cela entraîne la naissance de nouveau-nés malformés (hydrencéphalie, micrencéphalie…).

Comment me protéger de ces virus ?

Peu de mesures ont fait preuve de leur efficacité sur les vecteurs. La désinsectisation des bâtiments n’a démontré aucune efficacité pour baisser la quantité de culicoïdes. Les insecticides utilisés classiquement chez les ruminants ont une efficacité moindre sur les culicoïdes et nécessitent des traitements tous les 7 à 10 jours (en prenant également en compte les délais d’attente viande et lait). La rentrée dans les bâtiments des animaux à l’aube et au crépuscule s’avère assez efficace mais pas forcément facile à mettre en œuvre. Concernant les moyens de transport, la désinsectisation reste recommandée pour éviter une propagation plus rapide par le déplacement de culicoïdes infectés.
• L’objectif principal est d’avoir des animaux en bonne santé, plus susceptibles de bien se défendre contre les virus. Cela passe par l’alimentation, la minéralisation, la gestion du parasitisme, un accès facile à l’eau…
• Plusieurs vaccins existent ou sont en cours de déploiement contre ces virus. Leur efficacité est incontestable, la vaccination reste la mesure la plus efficace à mettre en œuvre et on choisira le vaccin et les valences à utiliser en fonction du contexte épidémiologique de la zone. L’État vient d’annoncer la mise à disposition de vaccins gratuits pour la FCO 3, que ce soit pour les ovins ou les bovins. Il faut pour cela vous rapprocher de votre vétérinaire sanitaire, ils devraient être disponibles très rapidement.

Quelles zones sont concernées et quelles restrictions cela entraîne-t-il en France ?

La France continentale est déclarée entièrement infectée de FCO 4 et 8. Il n’y a donc pas de mesures de restrictions aux mouvements nationaux pour ces valences. Pour la MHE et la FCO 3, le virus progresse mais des zones indemnes existent encore (cf. cartes). Les données sont actualisées toutes les semaines, en fonction des foyers déclarés (un foyer est un cas clinique confirmé par une analyse PCR positive). Pour sortir d’une zone régulée vers une zone indemne, il faut une désinsectisation des animaux, suivie 14 jours plus tard d’une analyse PCR négative. Dans tous les cas, une désinsectisation des moyens de transport est vivement recommandée.

Quel impact pour les exportations ?

Au sein de l’Union européenne, ces maladies sont encadrées par les règles de la LSA : la FCO est classée CDE et la MHE classée DE. Des mesures de surveillance, déclaration et contrôles aux mouvements sont mises en œuvre. La logique est la libre circulation entre zones de statut sanitaire équivalent, et le blocage entre zones de statut différent, sauf sous couvert d’une vaccination certifiée par le vétérinaire sanitaire datant de plus de 60 jours. Des mesures dérogatoires peuvent être mises en place, maladie par maladie et pays par pays. Pour la FCO 8, par exemple, l’Italie accepte des animaux vaccinés depuis plus de 10 jours ou avec une PCR négative. Pour la MHE, pour les pays acceptant des animaux et en l’absence de vaccin, la seule mesure possible est la PCR négative. La situation pourrait évoluer avec l’arrivée du vaccin. Pour la FCO 3, deux vaccins existent mais ils n’ont pas d’action sur la circulation virale, la seule mesure possible reste là aussi la PCR négative.
Pour les pays tiers, chacun fixe ses exigences, qui peuvent évoluer en fonction de la situation sanitaire. Les autorités françaises négocient en permanence avec nos interlocuteurs pour permettre l’exportation de nos animaux.
Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter le site internet de GDS Creuse.
 

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