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DIVERSIFICATION
Et pourquoi pas des productions végétales ?

Les productions végétales ont leur place dans le Cantal, terre d'élevage ! Des initiatives innovantes  en maraîchage, agroforesterie et commercialisation le démontre. La mutualisation peut aussi aider.  

Après une réunion en salle, le matin à Marcolès, la journée s’est poursuivie sur le terrain, avec une visite chez Sylvain Caumon, à Leynhac.
© Lise Fabries

Ce n’est finalement pas si fréquent de voir s’ouvrir en même temps un si large éventail du champs des possibles. Jeudi 12 septembre, le service diversification de la Chambre d’agriculture a animé une réunion d’information sur le développement de productions différentes de celles issues d’un troupeau  bovin(1). Après “les autres élevages” traités l’an dernier à Neussargues, cette année à Marcolès, le focus était mis sur “les productions végétales”. Pascale Bel, spécialiste des circuits-courts, a cité des initiatives qui se développent, en faveur des céréales panifiables ou brassicoles, notamment. 

"Le territoire du Cantal offre bien des possibilités agricoles autre que des vaches, comme le blé, l'orge, le colza, les cultures maraîchères, etc.”, affirme Lise Fabriés, conseillère spécialisée en diversification végétale, en s’appuyant sur les résultats du dernier recensement agricole. 

Qui sont-ils ?

Plus de 70 agriculteurs sont impliqués dans des filières structurées, dont des petits groupes qui  permettent l’achat de matériel en commun. Parmi les exemples marquants figurent les agriculteurs bio qui fournissent la brasserie 360°, ainsi que ceux qui cultivent du seigle dans la Margeride. Des projets autour de la lentille, tels que les essais de lentilles vertes en Châtaigneraie sont en cours et un AOP en devenir pour les blondes de Planèze. 

Plus de 40 exploitants se sont orientés vers la production de légumes secs et légumineuses, intégrée en complément de l’élevage. Trois ou quatre fermes se consacrent à la culture du colza pour la production d’huile et de tourteaux. C’est le cas de Béatrice Bromet du Gaec de Boussac à Arpajon-sur-Cère, venue témoigner d’un troupeau limousin qui diminue au profit de plusieurs autres sources de revenus qui comprennent aussi, notamment, des pommes de terres. Car la diversification végétale, c’est aussi les cultures en plein champ et le maraîchage. Lise Fabriés a fait la distinction entre les deux. 

Plus de 25 fermes cultivent des légumes en plein champ, principalement des pommes de terre, des carottes et des courges, dans le cadre de rotations céréalières. Le maraîchage diversifié, quant à lui, concerne environ 35 exploitations, réparties en Châtaigneraie, ou dans les secteurs d’Ydes ou de Massiac, avec des parcelles allant de 3000 m² à 2 hectares. Elles peuvent être équipées de matériel adapté, tel que des serres et des systèmes d’irrigation. La diversification végétale ne s’arrête pas aux légumes. 

Plus à la marge, le Cantal voit aussi émerger la production de plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM), comme l’illustre la présence d’un producteur de lavande à Faverolles, sur la commune de Val d’Arcomie. D’autres se lancent dans la production de petits fruits, avec des parcelles dédiées, ainsi que dans l’arboriculture.  

L’agroforesterie 

Et il est même possible de combiner sur une même parcelle production issue l’arboriculture et élevage. C’est l’agroforesterie. Certains vergers sont conçus pour laisser passer des animaux ou des tracteurs entre les haies. Léa Dubois, spécialiste en bois et agroforesterie, a détaillé la production historique de châtaignes, qui connaît un renouveau. De 90 tonnes récoltées aujourd’hui, ce chiffre pourrait atteindre 140 tonnes en 2032 grâce aux nouvelles plantations, précise la spécialiste. 

Sylvain Caumon, de Leynhac, a apporté son témoignage en expliquant pratiquer sous les arbres le “désherbage par le bec”, avec des poules qui amendent le sol et profitent de l’ombre des châtaigniers. “On recrée un écosystème”, résume-t-il.  Parmi les autres cultures alternatives pratiquées dans le Cantal était citées,  la vigne dans les secteurs de Massiac, Vieillevie ou Montmurat, des essais de houblon, de CBD ou de chanvre textile... Mais après la nécessaire étude de marché et l’investissement dans le respect des règlements, que reste-t-il en termes de revenus ? 

Lise Fabriés a livré quelques pistes, en soulignant l’enjeu clé que représente la répartition du temps de travail. Elle livre aussi un exemple : en moyenne, un maraîcher consacre un tiers de son temps à la production, un tiers à la récolte, et le dernier tiers à la vente. Ainsi, il est estimé à 1 hectare en plein champ avec 1000 m² de tunnel, le maximum pour ne pas dépasser une seule Unité de main-d’œuvre (UMO) pour gérer l’ensemble de cette production. Cela permet de générer un excédent brut d’exploitation (EBE) d’environ 20 880 € par an. Un chiffre qui illustre une réalité économique de la diversification végétale dans la Cantal.      

(1) Ouvert aux agriculteurs installés, aux porteurs de projets, jeunes en formation... 

COMMERCIALISER

Pascale Bel a précisé la distinction entre circuit court et produit local. Un circuit court implique une vente directe ou avec un seul intermédiaire, même pour des marchés éloignés comme Paris. Ces circuits courts sont en pleine expansion, toutefois, le Cantal reste un peu en retrait. Des regroupements d’offres facilitent la distribution, avec des initiatives comme Agrilocal, Drive fermier ou magasins de producteurs. Laura Gradzki a mis l’accent sur Bienvenue à la ferme, la marque de confiance aux 400 000 visites mensuelles sur son site internet. Consocantal, animé par Aude-Ella Delaunay, s’efforce de référencer les produits locaux pour les cantines collectives. Yann Grangeon, de Bio 15, a présenté une expérimentation visant à approvisionner les cantines en légumes bio et locaux. Cependant, malgré un nombre croissant de producteurs, il manque encore une structuration suffisante pour répondre à la demande des grands marchés. La mutualisation et la planification des apports sont des solutions envisagées pour pallier ce manque.

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