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Elections législatives : les programmes des candidats altiligériens

La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs de la Haute-Loire ont questionné l'ensemble des candidats qui se présentent dans le département, sur la vision qu'ils portent sur l’agriculture. Voici les réponses qu'ils ont obtenues à ce jour.

Les élections législatives se dérouleront les dimanche 30 juin  et 7 juillet 2024.
Les élections législatives se dérouleront les dimanche 30 juin  et 7 juillet 2024.
© © AdobeStock

Présentation

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre choix de vous présenter pour les élections législatives en Haute Loire ?

André Chapaveire (candidat Nouveau front populaire), Vice-président de la Fédération Nationale des Elus Socialistes et Républicains (FNESR), ancien Vice-président de la Région Auvergne, Conseiller municipal de Vieille-Brioude.

Alexandre Heuzey (Candidat Rassemblement National) : Je m'appelle Alexandre Heuzey, je suis âgé de 50 ans, je travaille depuis une vingtaine d'années avec des élus, au niveau de la Région, puis du Sénat, de l'Assemblée nationale et aujourd'hui au Parlement européen. Mon père a été éleveur au début de sa vie professionnelle et j'ai gardé deux petites exploitations agricoles héritées de mes grands-parents (lait, viande et céréales), aujourd'hui en fermage. J'ai choisi la Haute-Loire car c'est un territoire qui correspond à la France que j’aime : la beauté et la variété des paysages, façonnés par une agriculture à taille humaine, la richesse du patrimoine, mais aussi l'esprit d'entreprise et l'importance accordée à la valeur travail. Le RN s'est toujours déclaré attaché à une agriculture à taille humaine, aux circuits courts, à une revalorisation des rémunérations des producteurs par rapport aux distributeurs ainsi qu'à une remise à plat des normes dans un but de simplification. Nos élus ont été très engagés médiatiquement et dans les hémicycles lors des manifestations des agriculteurs ces derniers mois.

Je me permets d'associer Suzanne Fourets, candidate pour le RN dans la 2eme circonscription du département à ces réponses. Il s'agit d'une altiligérienne de longue date, déjà candidate à plusieurs reprises pour notre mouvement ici.

Jean-Pierre Vigier (candidat Les Républicains) : Conseiller régional Auvergne Rhône-Alpes et ancien député du groupe Les Républicains de la 2ème circonscription. Étant en permanence sur le terrain, je suis connu de tous. Je travaille avec les forces vives du territoire. J'aime les gens de ce territoire qui d'ailleurs reconnaissent notre action et notre engagement. Je connais chaque centimètre carré de ma circonscription, ses problèmes, ses besoins...  Je me présente à ces élections pour continuer le travail que nous avons entrepris avec les forces vives de cette circonscription qui se développe.

Nos agriculteurs sont les premiers écologistes de France, ce sont eux qui entretiennent, ouvrent les espaces et permettent l'attractivité des territoires. Je suis là pour défendre leur activité économique de production.

Cécile Gallien (candidate Modem) :  j'ai 52 ans, je suis Maire de Vorey depuis 2008. Arrière petite fille de paysans vellaves. L'heure est grave en France suite aux élections qui ont démontré une colère des Français dans les urnes. Cette colère et ces espoirs je les vis au quotidien en tant que Maire. Je suis depuis 30 ans engagée professionnellement et en tant qu'élue, en faveur de la ruralité. Je préside la Commission des Communes et Territoires ruraux de l'AMF nationale. Je fais acte de candidature car l'heure est grave et que nous devons redire notre attachement aux valeurs de Liberté, d’Égalité, de Fraternité. Je m'engage pour servir les citoyens de la 1ère circonscription, et voter des politiques qui leur faciliteront la vie, dont celle des agriculteurs d'aujourd'hui et de demain.

 Modèles d'agriculture

Quel modèle d'agriculture défendez-vous et pourquoi ? Préférez-vous une agriculture de production ou une agriculture d'entretien du paysage ?

André Chapaveire : L’objectif de l’agriculture doit d’abord d’être de produire une alimentation de qualité, en quantité suffisante et diversifiée afin de satisfaire aux besoins de la population. Pour ce faire, elle doit permettre une juste et légitime rémunération des agriculteurs seul gage d’une assurance de maintien d’agriculteurs nombreux et répartis sur tout le territoire. Des agriculteurs nombreux et occupant tout l’espace assurent l’entretien et le façonnage de nos paysages. L’activité agricole a, depuis toujours participé à cette fonction.

 Alexandre Heuzey : Nous soutenons résolument une agriculture de production, dans l'idée d'assurer notre sécurité et notre souveraineté alimentaire. Dans un contexte d'accroissement de la population mondiale, il serait risqué de baisser notre production comme le souhaiterait Bruxelles. Nous soutenons également une agriculture compétitive car il ne faut pas oublier sa dimension sociale et nourricière : la spécialisation de nos exploitations vers des produits de qualité est certes une bonne chose, mais elle oublie nos compatriotes les plus modestes, forcés de consommer les produits importés, car moins chers mais aussi moins bons en terme sanitaire. Cette agriculture ne devra cependant pas passer par un agrandissement toujours plus poussé des exploitations, à l'image des méga-fermes de l'Est de l'Europe, mais s'appuyer sur notre modèle d'agriculture familiale, qui a toujours été capable de répondre à nos besoins. En cela, nous n'oublions pas que l'agriculture a un rôle économique, mais aussi un rôle social et environnemental sur nos territoires.

Jean-Pierre Vigier : Je défends un modèle agricole de production pour retrouver une souveraineté alimentaire. Une agriculture compétitive, dynamique, productrice pour nourrir la planète. 

Laurent Wauquiez (candidat Les Républicains) : J’ai toujours défendu une agriculture familiale et enracinée dans nos territoires, celle que nous connaissons en Haute-Loire. C’est tout simplement le modèle agricole le plus respectueux de l’environnement au monde. La France est l’un des seuls pays au monde qui peut proposer un véritable patriotisme environnemental, c’est-à-dire défendre en même temps notre agriculture et l’environnement. Nous n’avons pas à nous auto-flageller mais devons, au contraire, tout faire pour préserver ce modèle. La seule chose que demandent nos agriculteurs, c’est de pouvoir vivre dignement de leur travail. Cela suppose avant tout de mettre fin à la folie bureaucratique et normative véhiculée par les DDT et l’OFB. Il suffit d’arpenter la Haute-Loire pour voir qu’on peut concilier agriculture et beauté de nos paysages. Qui peut dire que les vaches nuisent au massif du Mézenc ? C’est l’identité de notre territoire. Bien sûr, toute agriculture doit être une agriculture de production. Le but premier de toute exploitation est d’être économiquement viable et, pour cela, il faut produire. Une agriculture qui ne produirait pas assez conduirait tout simplement à réserver les produits français à une minorité pouvant se payer le privilège de la rareté. À l’arrivée, c’est davantage d’importations polluantes. La priorité de l’agriculture française doit être avant tout de nourrir tous les Français avec les produits de qualité issus de nos terroirs.

Cécile Gallien : La Haute-Loire est riche de la diversité de ses agriculteurs, de ses paysages, plateaux, vallées, gorges, de ses altitudes, de ses sols, qui dessinent aussi les agricultures, et les différentes productions.  Nous avons besoin de toutes ces agricultures, agriculteurs, paysans, producteurs locaux, qui produisent, nous nourrissent (en Haute-Loire et bien au-delà), et font nos paysages. Je peux en témoigner sur ma Commune où nous avons la chance d'avoir une 15aine d'agriculteurs.

Revenus agricoles et EGALIM

Comment envisagez-vous d'améliorer les revenus des agriculteurs ? En outre, quelles mesures prévoyez-vous pour l'application et l'évolution de la loi EGAlim, et comment ces mesures contribueront-elles à soutenir les agriculteurs et à garantir la souveraineté alimentaire ?

André Chapaveire :Afin de rétablir d’urgence une meilleure répartition de la valeur de la production agricole, nous envisageons de travailler, en concertation avec toutes les parties concernées, à la définition de PRIX PLANCHERS. Les différentes lois EGALIM n’ont pas permis de rééquilibrer cette juste répartition. Pour soutenir les prix agricoles, j’accompagnerai toutes initiatives qui, par leur reconnaissance de production de qualité, apportent une plus-value aux agriculteurs. Je soutiendrai les agriculteurs qui souhaitent se ré approprier la maîtrise de leur production. La montée en gamme doit leur permettre, en accédant à des marchés valorisants, de mieux rémunérer leur travail.

Afin de satisfaire à la souveraineté alimentaire, je soutiendrai la remise en cause de la spécialisation qui a comme objectif de répondre à la volonté de production de masse pour l’exportation. La souveraineté alimentaire ne sera assurée que par des productions diversifiées réparties sur tout le territoire.

 Alexandre Heuzey : Nous soutenons résolument une agriculture de production, dans l'idée d'assurer notre sécurité et notre souveraineté alimentaire. Dans un contexte d'accroissement de la population mondiale, il serait risqué de baisser notre production comme le souhaiterait Bruxelles. Nous soutenons également une agriculture compétitive car il ne faut pas oublier sa dimension sociale et nourricière : la spécialisation de nos exploitations vers des produits de qualité est certes une bonne chose, mais elle oublie nos compatriotes les plus modestes, forcés de consommer les produits importés, car moins chers mais aussi moins bons en terme sanitaire. Cette agriculture ne devra cependant pas passer par un agrandissement toujours plus poussé des exploitations, à l'image des méga-fermes de l'Est de l'Europe, mais s'appuyer sur notre modèle d'agriculture familiale, qui a toujours été capable de répondre à nos besoins. En cela, nous n'oublions pas que l'agriculture a un rôle économique, mais aussi un rôle social et environnemental sur nos territoires.

Jean-Pierre Vigier : Aujourd'hui, le compte n'y est pas. Les 3 lois Egalim ne répondent pas à l'intégration du coût de production des agriculteurs dans le prix final. On attend la Loi Egalim 4 et il est indispensable que l'on puisse compter sur des textes qui aboutissent à l'amélioration du revenu des agriculteurs. Il faut aussi imposer des sanctions aux GMS et entreprises qui ne respectent pas la loi. 

Laurent Wauquiez : La mesure la plus importante, c’est de maintenir la non-négociabilité de la matière première agricole, tant pour les produits à marque que pour ceux de marque distributeur. Pour améliorer la mise en œuvre du principe, il faut interdire que les centrales d’achat se délocalisent à l’étranger pour le contourner. Et il faut également l’appliquer à la composition des repas pour la restauration hors foyer comme les cantines et les restaurants. Dans notre région, nous sommes fiers de mettre en œuvre la préférence locale dans les cantines de nos lycées. Elle doit être généralisée : c’est bon pour notre agriculture et bon pour l’environnement.

Cécile Gallien : La mandature actuelle a voté la loi sur une retraite minimum agricole, enfin, alors qu'aucun ancien gouvernement n'avait supprimé ces retraites que je qualifie d'indignes. Oui les agriculteurs doivent mieux vivre de leur travail ; car ils passent des heures et des heures à travailler. Oui le travail doit mieux payer. Le Président de la République a proposé la loi EGalim qui est une bonne chose, et nous jouons le jeu dans nos cantines scolaires, et sur les marchés. Les PAT programmes alimentaires territoriaux de la Jeune Loire et de l'agglo du Puy, doivent nous permettre de développer massivement les circuits courts et produits de qualité. Nous devons contraindre les acheteurs des grandes surfaces à payer correctement les agriculteurs. Nous devons installer des agriculteurs pour assurer notre sécurité et souveraineté alimentaire, développer les circuits courts encore. 

 

Pacte et Loi d’Orientation et d’avenir Agricoles (PLOA)

Êtes-vous prêt à reprendre le travail engagé sur le Pacte et Loi d’Orientation et d’avenir Agricoles (PLOA) ? Quelle orientation voulez-vous lui donner notamment pour favoriser le renouvellement des générations et l’installation ?

André Chapaveire : Il est nécessaire de définir au travers d’une loi, en concertation avec les organisations agricoles, l’orientation qui nous semble nécessaire pour répondre aux enjeux des années à venir. Je soutiendrai une loi qui aura l’objectif d’atteindre la souveraineté alimentaire. Cette loi devra aussi redéfinir la place que l’on souhaite accorder au renouvellement des générations notamment au regard de la possibilité d’accès au foncier pour des projets clairement définis et chiffrés. Compte tenu des projections, le maintien du nombre actuel d’actifs agricoles , actée par un vote de l’assemblée nationale de 400000 exploitations et de 500000 agriculteurs, doit être notre objectif. « Des paysans débout, responsables, décideurs, et qui travaillent » ( déclaration de Dominique Potier a l’AN lors du débat sur la loi) est le modèle que je défendrai et que nous avons défendu pendant ce débat.

L’action de nos députés, que je soutiens a permis de réintroduire l’objectif d’atteindre au 1er janvier 2030 une surface de 21% cultivée en bio  et de 10% de légumineuses. Les reprises de ferme doivent être privilégiées. Je soutiendrai toutes les initiatives qui vont dans ce sens. Il est urgent de coordonner nos efforts, l’avenir de l’agriculture et de la vitalité de pans entiers de notre département en dépend. Nous devons maintenir des agriculteurs, seule activité économique dans de nombreux secteurs de la Haute-Loire, afin d’assurer la continuité des services publiques mis à mal par l’orientation agricole actuelle.

Alexandre Heuzey : Bien que le Projet de loi d'orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture examiné au printemps 2024 comporte de timides avancées (par exemple sur le contrat territorial de consolidation/de création de formation), les députés RN ont voté contre ce texte. En effet, celui-ci ne répondait pas aux revendications des agriculteurs : rien n’a été proposé pour mettre en place des prix rémunérateurs, rien sur les surtranspositions et les normes abusives, rien pour remédier à la concurrence déloyale. Ces trois sujets sont pourtant majeurs pour permettre le renouvellement des générations. J'ajoute quelques précisions: s'agissant de la loi PLOA, Jordan Bardella a proposé une franchise des droits de succession pour la transmission de fermes, sous condition de les conserver 10 ans.

Jean-Pierre Vigier : Pour moi le projet de loi actuel n'est pas une loi d'orientation agricole. C'est une loi qui traite qu'une partie de la formation et de l'installation des jeunes et qui ne dit rien sur la fiscalité pour l'installation, rien pour dégrever les droits de succession, rien sur les revenus, sur la simplification administrative, la compétitivité, lutte contre la concurrence déloyale... Il faut donc compléter fortement cette loi en y intégrant tous ces éléments manquants. Je défendrai aussi le droit à l'erreur lors des contrôles dans les exploitations, et la simplification administrative, favoriser la réalisation des retenues collinaires.

Laurent Wauquiez :  Le PLOA, tel qu’il est sorti de l’Assemblée nationale, ne permet pas de régler les problèmes de fond de la crise agricole. Il y a encore beaucoup de trous dans la raquette. Premièrement, dans l’article 1, il faut non seulement inscrire la souveraineté alimentaire dans le Code pénal comme « intérêt fondamental de la nation », mais aussi instaurer un principe de non-régression de la souveraineté alimentaire, au même titre que la non-régression environnementale. De plus, la loi ne va pas assez loin sur la question fondamentale des surtranspositions et des normes. Il faut par exemple prévoir la réintroduction de molécules qui sont autorisées partout en Europe et dans le monde, sauf en France ! Cela crée des distorsions de concurrence au sein même de l’Europe, comme nos producteurs de betterave en font les frais. Demain, ce seront les productions de pommes et de poires qui seront touchées avec l’interdiction de l’acétamipride. Le projet de loi comprend également des mesures ubuesques concernant les haies qui vont ajouter encore davantage de complexité. N’a-t-on vraiment tiré aucune leçon de la crise du mois de janvier ? Enfin, il faut bien sûr une véritable politique d’installation pour le renouvellement des générations comme nous la portons à la Région, avec la DJA la plus élevée de France, ciblée sur des exploitations agricoles économiquement viables.

Cécile Gallien : Oui je pense que si nous voulons la souveraineté agricole, il nous faut continuer à produire tous les produits agricoles et notamment en Haute-Loire à la fois le lait et ses produits transformés, mais aussi des fruits, légumes, viandes, ... Cela signifie trouver des solutions financières pour que les GAEC puissent être repris (garantie bancaire, facilitation de division foncière et patrimoniale si nécessaire, facilitation fiscale de transmission ...). Cela signifie aussi de maintenir et trouver des terres afin d'installer de nouveaux agriculteurs producteurs en maraichage ou autres productions de qualité, ... Il est nécessaire de faciliter l'installation et donner envie aux jeunes et au moins jeunes de devenir agriculteur, avec une DJA pour les plus vieux aussi, la découverte en école d'agriculture des différents modes de production et de la nécessaire adaptation au changement climatique.  

Politique Agricole Commune (PAC)

Quelle est votre position concernant la Politique Agricole Commune (PAC) ? Quels changements ou améliorations souhaiteriez-vous voir dans cette politique ?

André Chapaveire : La PAC se définit à Bruxelles, même si de larges possibilités d’actions existent au niveau national. Cependant, nos députés, que je soutiens, agissent au parlement Européen pour remettre en cause la PAC actuelle, notamment en proposant un plafonnement des aides par actif. Il est urgent que la PAC nous accompagne dans la volonté de maintenir des agriculteurs nombreux. La PAC actuelle incite à la course aux ha et à la concentration ce qui est suicidaire pour un département comme le nôtre.

Alexandre Heuzey :Nous avons voté pour la PAC car, sans être parfaite, celle-ci permettait de redonner aux Etats membres la possibilité de se doter de leur propre politique agricole (renationalisation). Comme nous l'avons dénoncé, celle-ci a cependant été polluée par les politiques environnementales souvent excessives de la Commission européenne (Farm to Fork, Biodiversité, Restauration de la Nature... ). Un espoir cependant : après les manifestations agricoles de ces derniers mois, Bruxelles a lâché du lest sur certaines dispositions comme par exemple les BCAE 1 et 8, dangereuses pour notre agriculture.  Il faut donc se saisir de la flexibilité permise aux États membres pour mieux adapter la PAC a de nouveaux objectifs (revenus des agriculteurs, maintien de la production, maintien des emplois agricoles, soutiens à l'installation des jeunes...) ; revoir l'architecture environnementale encore trop contraignante ; redonner du pouvoir aux agriculteurs par un soutien à l'organisation des filières et aux organisations de producteurs ; soutenir la filière élevage par un meilleur couplage des aides.

Jean-Pierre Vigier : La PAC doit vraiment être orientée sur l'élevage (lait ou viande). A l'échelle européenne, il faut aussi qu'on arrête cette idée de décroissance de la production ainsi que la mise en jachère des terres. La PAC doit être orientée sur la production.

Laurent Wauquiez :  Deux points essentiels. Le premier, c’est d’utiliser au maximum les dérogations et assouplissements obtenus dans le cadre des BCAE auprès de la Commission européenne après la révolte agricole. Ce que la France, à l’heure actuelle, ne fait pas. Ensuite, l’autre combat est de sanctuariser encore davantage l’obtention de l’indemnité compensatrice des handicaps naturels. C’est essentiel et indispensable pour la Haute-Loire et l’agriculture de montagne en général.

Cécile Gallien : Nous avons besoin d'une France forte pour aller négocier une PAC française dans une Europe unie. Ce qui nécessite d'envoyer à l'Assemblée nationale des Députés qui travailleront avant tout pour les Français et ruraux et non pour leur carrière, et qui sauront s'allier pour promouvoir une agriculture fière et durable.  La PAC doit servir avant tout l'agriculture de moyenne montagne, et non les céréaliers. La PAC en Haute-Loire c'est 62 millions d'Euros, 40 millions € d'ICHN, et quelques MAEC et Bio qu'il est nécessaire d'augmenter. Je m'engage à défendre la négociation de la PAC française et à l'adapter à notre agriculture diversifiée de moyenne montagne. L'Etat français a aussi apporté son aide aux agriculteurs face aux aléas climatiques et sanitaires, ceci reste indispensable. 

Accord de libre-échange et importation

Quelle est votre position sur les accords de libre-échange et l'importation de produits agricoles qui ne respectent pas les normes françaises et européennes ? Comment conciliez-vous ces accords avec la nécessité de protéger nos agriculteurs et de maintenir des standards de qualité et de sécurité alimentaire ?

André Chapaveire : Nous ne devons plus accepter de conclure des accords de libre-échange sans les conditionner au respect des mêmes normes environnementales et sociales que les nôtres. D’une manière générale, nous devons remettre en cause l’objectif de produire pour la seule exportation, qui nous place en position de fragilité lors du débat sur ces accords. L’objectif de la PAC doit être de produire pour satisfaire les besoins des Européens. Seuls les surplus ou les produits à forte valeur ajoutée pouvant être commercialisés à l’extérieur de l’Europe sans avoir d’effets négatifs sur notre indépendance.

Alexandre Heuzey : Pour les accords de libre-échange, nous sommes pour le juste échange et non pour le libre échange sans contrôle. Notre groupe au Parlement européen y voit sous leur forme actuelle une concurrence déloyale et est opposé à leur multiplication permanente. Nous avons logiquement voté Contre, notamment avec la Nouvelle-Zélande ou le Chili. Notre groupe a également favorisé le maintien des appellations d'origine au niveau européen afin de protéger le savoir-faire français en matière agricole.

Jean-Pierre Vigier : Il faut interdire la concurrence déloyale. Interdiction formelle de faire rentrer des produits qui ne respectent pas nos normes européennes car ces produits-là tirent les prix vers le bas et induisent des risques sur le plan sanitaire. Dans ces contrats de libre-échange, je propose donc la mise en place de clause miroir, afin que tous les produits (issus de notre territoire et venus de l'extérieur) soient sur le même pied d'égalité, et l'interdiction stricte d'entrée pour les produits qui ne respectent pas nos normes.

Laurent Wauquiez :  S’opposer par principe à tout accord commercial est un non-sens. Pour exporter nos produits et commercer, il faut des accords. En revanche, comme l’a fait le Sénat pour le CETA en mars dernier, il faut savoir s’opposer aux accords qui créent des concurrences déloyales. On ne peut pas accepter que l’Europe se comporte comme un tigre dans les contrôles de nos exploitations et comme un agneau dans le cadre des accords de libre-échange. Un seul exemple qui concerne directement la Haute-Loire : les lentilles. L’Europe a concédé aux Canadiens de multiplier par 100 la quantité de glyphosate autorisée dans les lentilles importées chez nous depuis le Canada, de 0,1 microgramme de glyphosate par kilo à 10 microgrammes. Alors même que le Canada, lui, la limite à 4 microgrammes pour les lentilles consommées sur son propre sol ! Pour protéger nos agriculteurs et garantir la réciprocité dans les échanges commerciaux, l’Europe doit s’armer de contrôleurs pour vérifier les conditions d’élevage, de production et d’utilisation des molécules dans les pays avec lesquels nous avons des accords. Lorsque ces conditions ne sont pas réunies, la décision doit être immédiate : l’arrêt des importations. Nous devons faire cesser cette naïveté coupable qui consiste à interdire des molécules en Europe et en France pour lutter contre des ravageurs et la maladie, et en même temps à laisser entrer des produits qui viennent concurrencer nos marchés avec l’utilisation de ces mêmes molécules. Si l’on voulait tuer l’agriculture française, on ne s’y prendrait pas autrement. Il faut revenir au bon sens.

Cécile Gallien : Les agriculteurs ont pu heureusement bénéficier d'aides dans le cadre de la PAC dont le budget alloué à la France s'est élevé à 9 milliards d'Euros. Travailler avec vous les agriculteurs pour l'adapter est nécessaire. La politique européenne en matière agricole s'est trop souvent basée sur un libre-échange inéquitable. Ce dernier a pu à certains égards, bénéficier aussi à l'agriculture française qui possède une grande capacité d'exportation. Cependant il est urgent de revenir à une logique beaucoup plus équitable par le respect de clauses miroirs dès lors qu'un accord sera signé. Certains accords sont inacceptables aux yeux de le France comme le Mercosur.

Lutte ouvrière : La réponse des candidats 

Pour les candidats de Lutte ouvrière en Haute-Loire, Antoine Brebion : "Je ne vis pas en Haute-Loire mais dans le Puy-de-Dôme à Clermont-Ferrand. Au-delà de la circonscription dans laquelle je me présente, je souhaite avant tout contribuer à exprimer les intérêts du camp des travailleurs. Je serai un député attentif à tout ce qui favorise le monde du travail et intransigeant contre tout ce qui s’attaque à leurs intérêts. Que ces mesures soient celles d’un gouvernement de Front populaire comme l’a montré F. Hollande, d’un Macron, ou d’un J. Bardella. Tous ces politiciens peuvent promettre ce qu’ils veulent, ils s’aplatissent devant la grande bourgeoisie qui décide en réalité, toujours en fonction de ses perspectives de profits. Les travailleurs n’ont aucune confiance à leur accorder. Il est vraiment choquant que même dans un pays développé comme la France, des millions de familles, faute de moyens, sont privées de l’accès à de nombreux produits comme la viande ou le poisson. De nombreux enfants des familles populaires sautent des repas pour économiser jusqu’au prix de la cantine. C’est révoltant. Les cantines scolaires pallient un tout petit peu à ces défaillances. Il faut bien sûr augmenter le budget consacré aux cantines scolaires, et rendre celles-ci gratuites pour les plus modestes. Mais cela suppose, entre autres, en finir avec la politique d’austérité qui frappe les budgets de l’Éducation depuis des années.

Toutes les lois ou les propositions politiques, comme la loi Egalim reviennent à ce que les aides publiques ou les budgets des communes, se substituent aux défaillances d'un système économique inégalitaire et absurde. Ce qu'il faut imposer, c'est que la production soit organisée dans le but de satisfaire les besoins de tous. Et cela impose l'expropriation des capitalistes privés, dans l'agroalimentaire et l'agrobusiness comme dans tous les secteurs. Je pense qu'aucun modèle alternatif ne pourra émerger tant que les capitalistes auront la main sur le monde agricole, tant que les banques étrangleront les exploitants avec les maîtres de l’agro-business et ceux de la grande distribution.

A l'inverse, je suis convaincue que les travailleurs seront en mesure de diriger la société et de permettre à chacun de vivre de son travail. Et ce en utilisant les formidables ressources de la terre pour nourrir la planète, en gérant ses ressources et en respectant l’environnement, ce que la loi du profit empêche aujourd’hui. Cela suppose que ceux qui produisent tout, qui font tout fonctionner, prennent confiance dans leurs forces collectives. Et je n’oublie pas que, parfois, ce sont des entreprises constituées sous forme de coopératives agricoles, à l’instar de Limagrain, qui imposent leur loi. Si des paysans sont en faillite, si d’autre mettent fin à leurs jours, si leurs enfants n’imaginent pas reprendre l’exploitation familiale, c’est justement en raison de l’impasse que constitue cette économie capitaliste de plus en plus folle.

Il en va dans l’agriculture comme dans l’industrie : ce sont les gros exploitants qui engrangent la grande majorité des subventions. D'un côté une poignée de gros sont gavés de subventions comme la PAC, de l'autre les revenus de beaucoup de paysans sont révoltants : ils ne permettent souvent pas de vivre et encore moins de prendre les congés auxquels tout travailleur à droit. Pour l'agriculture, c'est comme pour le transport, le bâtiment ou l'industrie : rien n’évoluera favorablement pour les petits agriculteurs tant que les capitalistes décident de tout : du prix des terrains, des taux d’intérêts bancaires, des prix, des quantités et des produits ?

C’est tout cela, ce pouvoir des financiers et des capitalistes qu’il faut remettre en cause. Et cela passera par une mobilisation collective, une révolte profonde de tous les producteurs : les ouvriers agricoles, les petits paysans aux côtés des ouvriers, des employés, de tous ceux qui font marcher la société au quotidien".

 

Parti Renaissance :  La réponse des candidats 

Patricia Joubert Présidente Renaissance Haute Loire, candidate dans la deuxième circonscription : "Ma position si je suis élue députée : Je suis de souche paysanne des deux côtés de mes parents, j’ai encore des terres sur Taulhac et St Germain Laprade. Pour moi la terre c’est la vie, c’est sacré. J’ai de nombreux souvenirs, de bonheur d’être en harmonie avec la nature. Je connais les difficultés des petites fermes car j’ai un cousin qui est concerné. Au-delà de reprendre tous les thèmes généraux, je voudrais vous dire le plus important pour moi et ce que je défendrais si je suis élue députée :

 -        Le respect de tous les agriculteurs, pour cela il faut valoriser ce métier qui est une réelle vocation.

-        A l’école dès la sixième il faut créer des stages d’insertion pour découvrir tous les métiers liés à l’agriculture, l’élevage pour donner l’envie.

-        Augmenter le revenu à la production et mettre un prix planché pour le lait et la viande.

-        Aider fiscalement et administrativement la création ou la transmission de fermes

-        Défendre le bienêtre animal

-        Plus de qualité mieux rémunérée.

-        Sauvegarder nos terres et nos forêts

-        La terre permet de nourrir les Français, pour moi c’est le métier le plus noble, je sais qu’il y a des jeunes femmes qui se lancent dans l’agriculture, c’est super.

-        Dans mon ancienne vie j’ai rédigé des accords innovants qui prennent en compte les conditions de travail, les rémunérations, les normes techniques ou autres, si je suis élue je rédigerai un document pour et avec les agriculteurs de Haute-Loire avec tout ce qui est vital pour leur avenir, car je leur fait confiance et j’irai le défendre à l’Assemblée nationale ou au parlement européen s’il le faut. Notre monde est complexe avec beaucoup d’incertitude.

-        Régulièrement en tant qu’élue à l’agglo ou à St Germain Laprade je défends les agriculteurs, la terre et les forêts.

-        Concernant ma candidature je me suis décidée en 48 h, face au chaos que va provoquer l’élection des extrêmes, avec Vanessa on n’a pas hésité : on a tout en France, on ne peut pas laisser tout casser sans rien faire Ensemble pour la république.

-        Liberté Egalité Fraternité"

 

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