CHAMBRE D’AGRICULTURE :L’impact chiffré de la conjoncture 2015 sur les exploitations laitières et allaitantes
Lors de la dernière session, deux conseillers spécialisés ont analysé l’impact de la baisse des prix, de la PAC, de la sécheresse et de la FCO sur les revenus en lait et viande.
L’un des temps forts de la dernière session de la Chambre d’agriculture, qui s’est tenue le 28 septembre dernier, consistait à estimer l’évolution des revenus 2015 dans les filières bovinslait et viande. Cette présentation chiffrée faite par deux conseillers spécialisés : Régine Tendille et Philippe Halter, était riche en enseignements.
Les revenus des systèmes bovins lait et allaitant
A partir de l’évolution des marchés, d’hypothèses d’évolution des prix de vente des produits (lait, vaches limousines, génisses, broutards), les conseillers ont évalué l’impact de la conjoncture 2015 (qui tient compte des prix de vente, de la PAC, de la sécheresse, de la FCO) sur l’économie des systèmes laitiers et allaitants de Haute-Loire ; les simulations ont été réalisées à partir de plusieurs modèles d’exploitations caractéristiques de notre département. Commençons par le lait dont le prix moyen 2015 devrait avoisiner les 320- 330 euros. En tenant compte d’une baisse du prix 55 €/1000 L par rapport à 2014, Régine Tendille a livré l’impact de la conjoncture sur une exploitation de 1,8 UMO (un couple en EARL) en système laitier herbe et céréales autoconsommées (70 ha SAU ; 40 vaches laitières ; 270 000 L de lait vendus). Cette exploitation modèle affiche des pertes sur tous les postes : le prix du lait (-14%), le produit viande (-4,6%), le produit total (-10%), l’EBE total (-17%), à l’exception des aides PAC (+1,6%). Pour cette exploitation, la perte de revenu disponible/UMO atteint -24% et s’élève à -38% si l’on tient compte de l’impact de la sécheresse et à -38,5 % en ajoutant l’effet FCO sur les ventes de veaux. Au final, Régine Tendille évalue les pertes à -9 200 euros par unité main d’oeuvre familiale (UMO). Le deuxième modèle d’exploitations est un Gaec à 2,1 UMO spécialisé en lait (100 ha SAU ; 60 vaches laitières ; 420 000 l de lait vendu). Pour ce Gaec, même analyse, avec un gain plus important sur le poste aides PAC (+4,7% grâce à une surface optimisant les aides). Sur cette exploitation, l’impact de la sécheresse est également important (perte de -35% qui passe à -36% avec la FCO). La perte globale /UMO (-13 500 euros) est conséquente car les résultats économiques 2014 étaient élevé.
Disparités entre les fermes laitières
Du côté des fermes du réseau Massif Central, «l’évolution depuis 2007 desrésultats courants avant impôts révèle une situation assez catastrophique et surtout de grandes disparités entre les exploitations» explique la conseillère lait. En bovins allaitants, Philippe Halter a réalisé des simulations sur un premier modèle d’exploitation : un système limousin naisseur-engraisseur de génisses, avec vêlage d’automne (110 ha de SAU ; 70 vaches ; 82 PMTVA ; 1,7 UMO). L’évolution des prix, la sécheresse et l’opportunité du marché turc (broutards vendus en juin) et les aides PAC (inférieures à 2014 du fait des génisses non primées) ont induit une perte de -16% sur le revenu disponible soit une perte de revenu de -3 173 € /UMO par rapport à 2014. Le deuxième modèle d’exploitation allaitante est un système aubrac naisseur- alourdisseur, production de broutards en vêlage d’hiver (100 ha SAU ; 53 vaches allaitantes ; 53 PMTVA ; 1,5 UMO). Malgré la légère hausse des aides PAC, ce type de ferme apparaît encore plus impactée par la conjoncture en raison de la FCO (broutards à vendre en automne) ; la perte de revenu/UMO s’élève à - 4 584 €, soit -27% par rapport à 2014. Au bilan, les simulations présentées par les conseillers Chambre d’agriculture montrent les lourdes conséquences de la sécheresse sur les comptes des exploitations du département, qu’elles soient en lait comme en viande. La baisse des prix des produits devrait contribuer à grever le revenu des éleveurs, tout comme la FCO. Régine Tendille et Philippe Halter ont terminé leur présentation en proposant des solutions (voir encadré) pour que les exploitants agricoles arrivent au mieux à passer cette année difficile.
VÉRONIQUE GRUBER