C’est en présence d’une soixantaine de personnes que les membres du bureau et les salariés ont présenté succinctement les activités de l’année écoulée pour laisser place à une conférenc
La 47ème foire aux béliers de Neuvy aura lieu le samedi 8 juillet. Placée sous le signe de la qualité, c’est l’occasion de venir y choisir ses futurs reproducteurs.
Les « boosters » et ralentisseurs du revenu
Selon l’étude menée par le Réseau de Référence Ovin Inosys en 2017, le revenu en élevage ovin dépend de différents déterminants de production:
Cette schématisation de l’impact de ces déterminants est en vert pour les variations positives et en rouge pour les négatives.
Ainsi, on peut constater que la productivité numérique par brebis est le premier facteur, et le plus important, à influer positivement sur le revenu de l’éleveur, suivi par le nombre de brebis. Une variation positive d’1/2 écart-type par rapport à la moyenne des élevages étudiés augmente le revenu de près de 3500€.
A contrario, les charges de mécanisation sont les premières à peser sur le revenu, suivies par la consommation d’aliments.
Comment améliorer la productivité numérique ?
Pour rappel, la productivité numérique d’une brebis est égale au nombre d’agneaux élevés par brebis présente. Ce nombre d’agneaux élevé dépend du taux annuel de mise-bas, du taux de fertilité, du taux de prolificité de chaque brebis, et du taux de mortalité des agneaux.
- Le taux annuel de mise-bas est conditionné par le système de reproduction : certaines races permettent 3 mises-bas en 2 ans. C’est toutefois un système peu répandu dans notre département.
- Le taux de fertilité dépend de plusieurs facteurs :
• Les brebis et agnelles : ni trop jeunes (les agnelles doivent faire au moins 2/3 de leur poids adulte pour être mises en lutte), ni trop vieilles (7 ans maximum), déparasitées, parées (pas de boiteuses !), et préparées avec un flushing (apport d’énergie de +15%) au moins 3 semaines avant la mise en lutte et pendant toute la durée de la lutte. Elles doivent avoir une NEC (Note d’Etat Corporel) de 3. Un flushing à l’herbe est plus efficace qu’un flushing aux céréales. La gestion du pâturage est donc importante pour assurer une « bonne lutte », mais attention aux espèces variétales :
° Luzerne ou trèfle violet : au cours du flushing et/ou de la lutte, une alimentation à base de trèfle violet ou de luzerne qui ont été malades sur pieds entraîne une infertilité passagère des mâles et des femelles. En effet, ces légumineuses sont susceptibles de contenir des phyto-oestrogènes, hormones qui subsistent dans les fourrages secs et même déshydratés.
° Crucifères : au cours de la lutte, une consommation de crucifères en grande quantité renfermant des glucosinolates (exemple : la moutarde) peut également générer une infertilité. Cela n’est pas le cas du colza car toutes les variétés sont sans glucosinolates ni acide érucique.
° Fourrages mal conservés : des moisissures qui se développent sur les fourrages mal conservés (ensilage en particulier) ou éventuellement sur les concentrés sont sources de maladies.
Lorsque les brebis et les agnelles sont mélangées pendant la lutte, le taux de fertilité des agnelles est pénalisé d’au moins 20 %. Les béliers préférent saillir les brebis adultes (elles se laissent faire alors que les agnelles les fuient).
• Les béliers : il faut les alimenter au moins 2 mois avant la mise en lutte afin de leur permettre de produire et stocker suffisamment de sperme. Eux aussi doivent être déparasités. Leur note d’état corporel idéale est aussi de 3. Trop gras, ils peuvent présenter des problèmes de fertilité. Attention à l’utilisation de jeunes béliers inexpérimentés ou trop vieux.
• L’allotement : attention aux nombre de femelles ! En lutte « saisonnée » (d’octobre à janvier), avec un bélier expérimenté, on ne mettra pas plus de 50 brebis pour un bélier. En lutte « désaisonnée » (février à septembre), pas plus de 25 brebis par bélier.
• La durée de la lutte : en saison sexuelle, la durée recommandée des luttes est de deux cycles. En lutte naturelle de contre saison, la venue en chaleurs des brebis pouvant être la conséquence d’un effet bélier, il est prudent de laisser les béliers huit semaines (1 cycle d’effet mâle + 2 cycles de lutte) ou bien d’utiliser des béliers vasectomisés pendant 2 semaines avant la lutte effective puis d’introduire les béliers reproducteurs pendant 2 cycles.
La prolificité exprime le nombre d’agneaux nés par brebis. Si tous les critères liés à la fertilité sont respectés, le taux de prolificité devrait atteindre 150 à 200%. Attention aux bousculades : il faut trois semaines à l’embryon pour se fixer dans l’utérus. Les femelles bousculées (intervention, manipulations...) au cours de la lutte ou dans les trois semaines qui suivent, peuvent présenter des mortalités embryonnaires précoces qui passent inaperçues.
- Limiter la mortalité des agneaux :
• 1 mois avant mise-bas, il faut commencer d’alimenter les brebis avec une ration riche en azote et en énergie, et les complémenter avec un CMV. Les fœtus prenant de plus en plus de place, la capacité d’ingestion se trouve diminuée et l’apport de concentrés est nécessaire.
• Préparer la bergerie : curage, lavage, désinfection et vide sanitaire sont conseillés avant de rentrer les brebis en bergerie. La bergerie doit être correctement ventilée et aérée, sans courant d’air au niveau des animaux, et surtout pas de condensation aux plafonds. Pailler abondamment et régulièrement les aires paillées, et une à deux fois par jour les cases d’agnelage. La paille doit être saine (brillante), sans moisissures.
• Surveiller attentivement les nouveau-nés : désinfection du cordon, première tétée dans les 4 heures maximum qui suivent la mise-bas, excrétion du méconium, sont un minimum.
Et la génétique dans tout ça ?
Les facteurs influant sur la productivité listés ci-dessus sont appelés « effet milieu ». Ils pèsent à 50 % dans la réussite de l’élevage. La génétique contribue aux autres 50 %.
Et, même si les effets génétiques sont des leviers moins rapides que ceux de l’effet « milieu », ils sont transmissibles et cumulables. C’est la notion d’héritabilité.
L’institut de l’Elevage a ainsi pu mesurer que l’héritabilité de la prolificité était de 0,10, celle des caractères liés à la croissance se situait entre 0,20 et 0,30 et, pour la carcasse, 0,40.
Concrètement, l’éleveur qui investit dans un bélier inscrit ayant des index de 107 en prolificité et en valeur laitière verra, au bout de 5 ans, sur les filles du bélier, une amélioration de 2,5 points en prolificité et de
0,3 kg de poids à 30 jours.
Economiquement, ce gain est estimé, au minimum, à 3 € supplémentaires de revenu par brebis, et jusqu’à 5,50 €. Sur un cheptel de 100 brebis, c’est donc 300 à 550 €, soit 3 à 5 agneaux de gagné.
En cumul, le progrès génétique peut rapporter plus de 2 600 € (cf graphique) !
Seuls les béliers issus des troupeaux inscrits sont évalués, ce dans le cadre de leur adhésion au contrôle de performances ovin. Leur niveau génétique est connu, vous ne choisissez donc pas au hasard. Venez donc faire votre choix ce samedi 8 juillet, à Neuvy. Éleveurs et techniciens vous y attendent, pour échanger, et vous guider si besoin.
De plus, pour les éleveurs s’étant engagés dans l’action régionale permettant de bénéficier de subventions à l’acquisition de béliers inscrits, les animaux achetés lors de la foire sont éligibles à ces aides.
Chambre agriculture de l’Allier