Adventice : le vulpin des champs, concurrentiel des céréales et résistant à des herbicides
Dans les céréales à paille, le vulpin des champs est une graminée courante et très concurrentielle. La résistance à divers herbicides impose d’appliquer des moyens de lutte agronomique.
Dans les céréales à paille, le vulpin des champs est une graminée courante et très concurrentielle. La résistance à divers herbicides impose d’appliquer des moyens de lutte agronomique.
Reconnaître le vulpin parmi les autres graminées
Au stade de jeune plante, le vulpin des champs (Alopecurus myosuroides) présente une teinte bleutée avec des feuilles peu brillantes (contrairement au ray-grass) et une absence d’oreillettes à la jonction du limbe sur la gaine. La ligule est membraneuse et assez grande (1 mm). Elle est légèrement denticulée, ce qui la différencie de celle de l’agrostis jouet du vent qui est profondément dentée et moins large.
Sur les limbes, les nervures bien visibles sont nombreuses et serrées entre elles, ce qui n’est pas le cas chez l’agrostis où il n’y a que quelques nervures. Les gaines des feuilles sont profondément échancrées, souvent colorées de mauve sur 1 à 2 cm, avec un liseré blanc. Le vulpin est une espèce annuelle qui produit beaucoup de talles. Adulte, la plante développe des tiges assez grêles avec des nœuds souvent rougeâtres. Elle est glabre et peut atteindre un mètre. La floraison a lieu d’avril à juillet avec des épis en forme de queue de renard.
Comment combattre le vulpin des champs ?
Agronomie : L’introduction de cultures de printemps et d’été dans une rotation culturale réduit l’installation du vulpin en cassant son cycle de développement. En agriculture biologique, l’insertion d’une prairie temporaire ou d’un mélange luzerne-graminées de quelques années montre une bonne efficacité à condition d’effectuer les fauches avant que le vulpin ne monte à graines. Retarder le semis de la céréale permet de détruire un bon nombre des pieds de vulpins grâce à des faux-semis et permet l’application des herbicides généralement dans de meilleures conditions que sur des semis précoces.
Mécanique : La fin de l’été et le début de l’automne sont les périodes les plus propices pour mettre en œuvre les déchaumages superficiels détruisant les levées de vulpins. Le labour occasionnel, idéalement tous les trois ans, réduit fortement les infestations en empêchant une grande partie des graines de vulpin de lever. Les outils de désherbage mécanique montrent une efficacité limitée, sauf à intervenir sur des graminées très jeunes.
Chimie : Sur les situations de vulpins résistants à des antigraminées foliaires, il reste des herbicides efficaces applicables à l’automne sur céréale, à base de prosulfocarbe, de flufénacet, de pendiméthaline ou de chlortoluron (sur les variétés de blé résistantes à cette molécule). Les conditions de traitement (humidité du sol…) sont importantes pour la performance de ces herbicides. Sur des parcelles sans résistance, les antigraminées foliaires et sulfonylurées seront très efficaces (clodinafop, fenoxaprop, mésosulfuron, pyroxsulam…).
On peut profiter de la culture de colza pour détruire les graminées avec une spécialité à base de propyzamide (Kerb Flo, Ielo…). Les cultures de printemps dans la rotation permettent l’utilisation d’autres molécules plus performantes que celles utilisées sur culture d’hiver. À l’interculture, une dose réduite de glyphosate (540 g/ha) suffit à être efficace sur des vulpins jeunes.
Cinq points clés sur le vulpin des champs
La perte de rendement est conséquente, pouvant excéder 10 q/ha avec une infestation de vulpins. 25 pieds au mètre carré suffisent à faire baisser le rendement d’une céréale de 5 %.
Un pied de vulpin peut produire plus de mille graines. Celles-ci survivent dans le sol jusqu’à trois à quatre ans. Le taux annuel de décroissance (TAD) des semences est de 84 %.
La résistance du vulpin à des herbicides concerne des molécules très diverses. Elle est quasi généralisée en France pour les antigraminées foliaires inhibiteurs de l’ACCase (fops, dimes…) et de l’ALS (sulfonylurées…). Elle commence à apparaître pour le flufénacet, le prosulfocarbe et même le glyphosate (un cas avéré).
L’espèce est présente partout en France, à l’exception du Sud-Est. Elle a une prédilection pour les régions nordiques et continentales froides avec suffisamment d’humidité. Elle apprécie les terres limoneuses, limono-argileuses et argilo-calcaires.
Les levées de vulpin ont lieu à partir d’août mais se déroulent préférentiellement en septembre et octobre. Son cycle s’apparente à celui des céréales à paille d’hiver.