[Adventice] Désherbage : associer outils mécaniques et chimie contre les rumex crépus et à feuilles obtuses
À cause de leurs racines très résistantes à la destruction, les rumex sont difficiles à contrôler dans les cultures une fois installés. C’est une adventice majeure en agriculture biologique.
À cause de leurs racines très résistantes à la destruction, les rumex sont difficiles à contrôler dans les cultures une fois installés. C’est une adventice majeure en agriculture biologique.
Reconnaître les principaux rumex des cultures
Le rumex à feuilles obtuses (Rumex obtusifolius) semble plus présent en grandes cultures que le rumex crépu (Rumex crispus) qui lui ressemble beaucoup. Au stade plantule, les cotylédons sont de forme elliptique allongée et mesurent plus d’un centimètre de long avec le pétiole. Les plantules sont glabres à feuilles alternes et lancéolées disposées en rosettes. Les premières feuilles sont ovales à ovales lancéolées avec une gaine membraneuse (ochréa). Elles naissent enroulées en double cigare à l’intérieur de la gaine, ce qui est une caractéristique de tous les rumex.
Des ponctuations rouges sont souvent visibles sur les limbes. La base des feuilles est cordiforme chez le rumex à feuilles obtuses, oblique chez le rumex crépu. La plante adulte peut mesurer plus d’un mètre. En fin d’automne, ces rumex développent des rosettes feuillées à partir de bourgeons nés au collet ou de fragments de racines. Ces plantes persistent pendant l’hiver.
Comment combattre rumex crépus et à feuilles obtuses
Agronomie : La rotation culturale aura un effet sur les infestations à condition de choisir des cultures concurrentielles pour étouffer les adventices : seigle, avoine, association céréales-protéagineux denses, ray-grass d’Italie, sarrasin, chanvre… L’alternance de cultures d’hiver et de printemps contribue à réduire les infestations de rumex.
Moyens mécanique : L’intervention sur le sol doit viser l’extraction des parties supérieures des racines de rumex pour les laisser se dessécher en surface. Des outils de déchaumage à dents incurvées et à ailettes (socs pattes d’oie) permettent de sectionner et d’extirper ces racines (éviter les outils à disques ou couteaux). L’intervention doit être réalisée en conditions sèches, de préférence au printemps avant une culture d’été, période où les rumex sont les plus fragiles. À l’interculture après moisson, la technique est moins efficace. En désherbage mécanique, herses étrille et bineuses sont efficaces sur rumex issus de graines. Sur rumex de souche, le binage devra être répété pour obtenir un bon résultat.
Désherbage chimique : Contre des rumex jeunes, les traitements sur céréales à paille avec des produits à base de fluroxypyr ou de sulfonylurée (metsulfluron notamment) seront les plus efficaces, avec une intervention conseillée au stade « cigare » du rumex, soit à 1-2 nœuds de la céréale. Sur maïs, seuls des produits de post-levée sont performants sur des rumex pas trop développés, comme des mélanges à base de tricétone (mésotrione, tembotrione) ou de thifensulfuron-méthyl, de prosulfuron ou de dicamba. La solution des tournesols tolérants au tribénuron-méthyle (variétés Express Sun) permet un bon contrôle des rumex. À l’interculture, le glyphosate présente une efficacité moyenne. Il vaut mieux l’associer au 2,4-D à des doses assez élevées (1080 g/ha de glyphosate + 700 g/ha de 2,4-D) pour en tirer le meilleur parti.
Quatre points clés pour reconnaître les rumex
Le rumex à feuilles obtuses et le rumex crépu sont communs dans presque toute la France. Le premier affectionne les sols frais, argilo-limoneux, limoneux ou silico-argileux, de préférence en situation ombragée (secteurs bocagers). Le second se retrouve plutôt sur les terres sèches, calcaires et très éclairées.
Le système racinaire pivotant et puissant du rumex lui permet de puiser dans le sol eau et éléments nutritifs. Son pouvoir concurrentiel est fort vis-à-vis des autres espèces, notamment dans les prairies et en grandes cultures bio.
Plusieurs milliers de graines sont produites par plante. Elles peuvent germer toute l’année et se conserver plusieurs dizaines d’années dans le sol.
Un simple fragment de racine peut produire un pied de rumex. Sur 7-8 centimètres, la partie supérieure de la racine (collet) contient des bourgeons. La plante a une capacité de bouturage importante.