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Transition numérique en élevage de volailles : Les firmes services, éléments moteurs du Big data

Les firmes services de nutrition animale sont aux premières loges de la transition digitale, pour faire parler les données et pour répondre aux attentes des filières intégrées.

Le pilotage en temps réel des firmes services passe par l'exploitation des pesées dynamiques des animaux et de l'aliment.
Le pilotage en temps réel des firmes services passe par l'exploitation des pesées dynamiques des animaux et de l'aliment.
© A. Puybasset

Tout acteur avicole connaît le poids prépondérant de l’aliment sur le coût de production d’un œuf et d’une volaille - de l’ordre de 70 % - ainsi que son impact sur la performance. Ce n’est donc pas pour rien que l’expertise d’une firme service de nutrition animale est si importante. C’est aussi pour cela que ces conseillers s’intéressent aux données des élevages.

« Pour faire progresser la nutrition chez nos clients fabricants, nous traitons depuis des dizaines d’années les données des élevages qu’ils fournissent », explique Jérôme Drouin, responsable opérationnel de Kumulus, la coentreprise digitale des firmes services CCPA et Techna. Ces firmes ont élaboré des outils d’aides à la décision (OAD) pour les fabricants d’aliment et les organisations de production (OP). Comme les cadrans de contrôle assistant un pilote, la donnée bien analysée indique quoi améliorer pour produire une volaille ou un œuf de manière rentable.

 

 
Les organisations de production de volailles proposent à leurs aviculteurs intégrés de bénéficier d'une partie des services des outils d'aides à la décision ...
Les organisations de production de volailles proposent à leurs aviculteurs intégrés de bénéficier d'une partie des services des outils d'aides à la décision développés par les firmes services, tel que Wefeed de Techna. © Techna

Allier des zootechniciens et des informaticiens

Partenaires historiques et de confiance des organisations de productions et des fabricants, les firmes services étaient bien placées pour exploiter les nouvelles technologies digitales. « Notre objectif ne change pas, indique Nicolas Brévault, ingénieur animateur des espèces avicoles de la firme services Mixscience. Il est toujours d’apporter de la valeur économique, en déchiffrant mieux les données grâce à une double compétence, du digital et de l’élevage. »

Passer du cadre figé des Gestions technico-économiques (GTE) à des applications web sophistiquées a nécessité des changements profonds.

Quelle que soit la firme, la démarche big data se résume à trois étapes : récolter les bonnes data, bien les analyser et développer les outils adéquats pour faire progresser le client.

Ces firmes ont développé des compétences numériques internes avec des data managers. Ces informaticiens manipulent et traitent les données, en accord avec les ingénieurs nutritionnistes et zootechniciens du terrain qui imaginent et testent des valorisations envisageables pour leurs clients.

Collecter et qualifier les données

Le premier changement majeur intervenu est la génération automatique des données par des objets connectés (capteurs, robots, machines…).

Le volume d’informations devient énorme, mais sont-elles utilisables et utilisées ? « Le niveau de maturité des fabricants de matériel connecté vis-à-vis des données est variable, estime Jérôme Drouin chez Kumulus. Dans la volaille, on se situe à mi-chemin du secteur ruminant et loin derrière celui du végétal, où les fabricants de machines ont mutualisé des actions (création du protocole isobus par exemple). »

 

 
Les automates de régulation de l'ambiance des bâtiments avicoles sont devenus des ordinateurs connectés, mais leurs données restent encore sous exploitées.
Les automates de régulation de l'ambiance des bâtiments avicoles sont devenus des ordinateurs connectés, mais leurs données restent encore sous exploitées. © P. Le Douarin

Les firmes services incitent donc ces fournisseurs à fournir des data brutes "nettoyées", fiables et sécurisées (attention au fichier CSV peu sûr) en appliquant des protocoles permettant le partage. C’est ce qu’on appelle l’interopérabilité. Autre écueil rencontré, le coût et la fiabilité des capteurs. « On a longtemps buté sur les capteurs de CO2, chers et difficiles à étalonner, illustre Julie David, responsable du DataFarm CCPA. Ce qui limitait l’exploitation de cette information. »

Aider à la décision en temps réel

Le second changement majeur concerne les méthodes de traitement des données que les firmes services ont appris à utiliser.

L’informatique est passée du logiciel exécuté par le système d’exploitation de l’ordinateur à un programme via le web. « Cette technologie est plus agile, plus adaptable, assure Clément Favier, data manager chez Mixscience. À partir d’une base de données qui regroupe les nombreuses sources enrichissant la qualité de l’analyse, on produit des outils d’aide à la décision (OAD) personnalisés à chaque client : indicateurs de performance, tableaux de bord, etc. »

Dans les filières avicoles intégrées, ces OAD sont surtout conçus pour les organisations de production. Ils comportent un volet destiné à l’éleveur qui recueille les données élevage et retourne un conseil technique, de plus en plus souvent au cours du lot. C’est le cas de l’OAD Wefeed développée par la firme service Techna. En revanche, le volet lié aux données économiques des aviculteurs n’est pas abordé, contrairement à certains OAD développés dans d’autres secteurs. Par exemple, le fabricant d’aliments Sanders propose à ses éleveurs laitiers l’application Canopée, qui calcule une marge au kilo de lait produit.

Les firmes services ont compris l’intérêt du pilotage des cheptels en temps réel, amélioré en utilisant des capteurs. Pour acquérir des connaissances sur les impacts de la nutrition, ils travaillent déjà avec des élevages connectés, à titre expérimental pour des essais alimentaires ou dans des élevages dits "sentinelles". Ce concept sera-t-il développé et commercialisé ? « Nous avons un projet », déclare Mixscience, tandis que chez Techna, "on prévoit de déployer quelques élevages sentinelles avec quelques OP", précise Emmanuel Amprou, responsable du marché des volailles. Chez CCPA « les équipes R & D et data travaillent sur le déploiement de l’outil Farm-e-val en volaille, déjà disponible en porc et qui le sera d’ici quelques mois en ruminant".

 

C’est quoi une firme services

Le concept franco-français de « firme-services » repose sur une dualité.

Firme fait référence à la conception et à l’élaboration du prémix, mélange de vitamines, minéraux et autres additifs nutritionnels que le fabricant d’aliment emploie pour constituer l’aliment complet des animaux à partir de matières premières.

Services renvoie au conseil dans les métiers gravitant autour de l’usine d’aliment : technologies liées à la fabrication, science des matières premières, zootechnie, fonctions support (informatique marketing, commercial, ressources humaines).

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