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Une vraie rupture pour assainir le pâturage des chèvres

Ne pas faire revenir les chèvres pendant plus de trois mois dans une prairie en été a permis d’éliminer en moyenne 90 % des strongles gastro-intestinaux.

Chèvre alpine au pâturage au Pradel en Ardèche
Le temps de survie des larves de strongles varie selon la température, l’humidité, le rayonnement UV ou l’épaisseur du couvert.
© I. Heeren

Le projet ParCap AuRA porté par CapPradel (2020-2023)* a participé à créer des nouvelles références sur la gestion du parasitisme par les strongles gastro-intestinaux en élevage caprin. Un des principaux résultats démontre un manque d’efficacité important des deux principales familles d’anthelminthiques utilisables sur les strongles pour les chèvres en lactation. Parmi les treize élevages étudiés, 85 % d’entre eux rencontrent la résistance aux benzimidazoles et 77 % un manque d’efficacité à l’éprinomectine.

Sans hôte, les larves meurent

Ce constat renforce, si besoin en était, l’effort à mener sur la prévention pour limiter le recours aux anthelminthiques. Une des voies consiste à intégrer des ruptures de pâturage strictes et prolongées pour assainir les parcelles infestées par des larves, car ces dernières meurent si elles ne peuvent contaminer un hôte. Leur espérance de vie est variable selon les conditions climatiques et le couvert présent : température, humidité, rayonnement UV, épaisseur du couvert, etc.

Pour apporter des éléments de réponse sur la durée nécessaire pour assurer un assainissement suffisant, le projet a testé des ruptures de pâturage hivernales et estivales sur sept fermes d’Ardèche, de Drôme et de Loire pendant trois ans. Pour ce faire, des animaux naïfs (sans contamination préalable en strongles gastro-intestinaux) ont pâturé avant et après la rupture de pâturage pour mesurer la différence de leur contamination en strongles et ainsi évaluer la baisse de l’infestivité des parcelles tests.

Compter aussi sur la fauche, le pâturage de sous-bois et le pâturage mixte

Après des ruptures estivales de 14 semaines et demie, l’infestivité des parcelles a diminué en moyenne de 90 %. Ce niveau d’assainissement est d’autant plus marquant pour l’été 2021, frais et pluvieux, particulièrement favorable à la survie de larves . En revanche, les hivers, de moins en moins rigoureux ont réduit l’infestivité des parcelles de seulement 50 %.

Il est probable qu’une rupture estivale plus courte (par exemple huit semaines) avec des conditions climatiques très sèches et chaudes aurait le potentiel d’assainir une parcelle de manière satisfaisante, mais d’autres essais sont nécessaires pour explorer cette possibilité. En revanche, une étude aux Pays-Bas démontre qu’une rupture de six semaines est insuffisante pour assainir une parcelle. Le pâturage en sous-bois, la fauche des prairies ou le pâturage mixte avec des équins ou bovins sont des moyens utiles pour allonger la durée de la rupture et donc de baisser l’infestivité des prairies.

Elina Harinck (FiBL France) et Philippe Thorey (Idele)

Plus d’infos sur idele.fr/cappradel/
* Projet financé par la région Auvergne-Rhône-Alpes

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