Ravageur maïs : la chrysomèle Diabrotica a sévi cet été
Les conditions de sécheresse ont profité aux chrysomèles du maïs (Diabrotica virgifera) dans les régions atteintes par ce ravageur. Mais seuls les maïs non irrigués en ont vraiment pâti.
Les conditions de sécheresse ont profité aux chrysomèles du maïs (Diabrotica virgifera) dans les régions atteintes par ce ravageur. Mais seuls les maïs non irrigués en ont vraiment pâti.
« Des parcelles entières n’ont pas produit d’épis de maïs à cause d’attaques de chrysomèles dans le Grésivaudan, entre Grenoble et Chambéry, informe Jean-Baptiste Thibord, expert ravageurs du maïs chez Arvalis. C’est l’une des zones les plus touchées par ce ravageur en France. Jusqu’en 2021, on ne voyait son impact que sur des ronds dans les champs. » Les dégâts ont été d’autant plus importants que ces maïs - quelques milliers d’hectares - ne sont pas irrigués pour la plupart. « La sécheresse favorise l’expression des dégâts chez ce ravageur dont les larves consomment les racines », précise le spécialiste. L’alimentation du maïs en est altérée et les attaques peuvent provoquer la verse des tiges.
La chrysomèle est très présente aussi dans le centre et le sud de l’Alsace. « Les dégâts des larves ont été importants sur les racines en mai et juin avant l’émergence des adultes. Mais avec les conditions poussantes et grâce à l’irrigation qui concerne la quasi-totalité des maïs dans cette région, les plantes ont pu régénérer des racines, d’où un impact qui sera limité », estimait le spécialiste le 20 septembre en attendant les résultats des récoltes en cours.
Des vols d’adultes précoces et massifs
Autre particularité de l’année pour la chrysomèle : les émergences et vols d’adultes ont été très précoces et massifs. « En Alsace, nous avons ainsi enregistré des vols à partir du 20 juin alors qu’en année normale, cela démarre le 10 juillet, détaille Jean-Baptiste Thibord. Les adultes sont sortis au moment où les soies de fleurs émergeaient à peine, ce qui a soulevé beaucoup de craintes chez les producteurs. Mais nous n’avons pas enregistré de défaut de fécondation imputable à ces insectes au final. » Des traitements insecticides contre la pyrale sur cette période ont pu avoir un effet sur les chrysomèles. Jean-Baptiste Thibord en tempère l’efficacité : « en Italie dans les régions fortement touchées, on a mesuré une destruction de 20 à 40 % des insectes adultes avec des produits à base de lamba-cyhalothrine de type Karaté, mais peut-être que l’efficacité sur les vols massifs que nous avons connus a été plus forte. »
La précocité des vols d’adultes ne signifie pas forcément l’augmentation de ces insectes en quantité brute. Les populations ne seraient pas plus élevées en 2022 qu’en 2021, selon Jean-Baptiste Thibord. Les chiffres restent à préciser avec les piégeages effectués dans les régions concernées. La chrysomèle se retrouve également en Nouvelle Aquitaine et quelques foyers sporadiques ont été relevés en Champagne Ardennes et en Bourgogne Franche-Comté. Pour juguler les attaques de chrysomèle, la meilleure arme reste de rompre la monoculture de maïs en intercalant une autre culture dans la rotation tous les cinq ou quatre ans.