Quel impact du gel printanier sur les colzas et céréales ?
Après un hiver humide avec des températures printanières, le printemps commence avec un vent d’est hivernal. Les cultures sont à des stades avancés, vulnérables. Le point sur l’impact à prévoir des gelées.
Après un hiver humide avec des températures printanières, le printemps commence avec un vent d’est hivernal. Les cultures sont à des stades avancés, vulnérables. Le point sur l’impact à prévoir des gelées.
Et la bise fut venue. Alors que l’hiver 2019-2020 est entré dans les annales pour sa remarquable douceur avec très peu de jours affichant des températures négatives en plaine, voilà que le « Moscou-Paris » se rappelle à nos souvenirs en ces premiers jours de printemps. Dans les régions de l’Est notamment, ce vent glacial venant de Sibérie fait chuter les températures en deçà de - 5°C sur des plantes qui sont à des stades avancés. « Le colza est au stade E dans sa majorité. Il commence sa floraison et il a entre quinze jours et trois semaines d’avance, remarque Michaël Geloen, ingénieur régional Terres Inovia en Bourgogne Franche-Comté. Avec ces conditions, le colza courbe la tête mais le gel est relativement bref. Il survient surtout au lever du jour. L’impact devrait être minime. » En Champagne Ardennes, Laurent Ruck, de Terres Inovia, remarque que les température négatives touchent des cultures en conditions sèches. « C’est un froid sec sur des plantes moins hydratées donc moins sensibles au gel. Il n’arrive pas en conditions humides et il aura peu d’impact. » Michaël Geloen porte une attention particulière aux colzas mal implantés et/ou touchés par des dégâts d’insectes d’automne. « Ces colzas déjà amoindris sont plus vulnérables. On peut assister à des avortements de boutons floraux dont l’impact dépendra de l’état de chaque parcelle. »
Des symptômes sur feuilles pour les céréales, sans conséquence
Qu’en est-il des céréales à paille d’hiver ? « Pour les semis aux dates classiques, les blés et orges d’hiver sont au stade « épi 1 cm » un peu dépassé dans des régions comme le Bassin parisien ou la Picardie, soit une semaine d’avance dans leur développement, observe Jean-Charles Deswarte, ingénieur Arvalis au pôle valorisation de l’écophysiologie. Les céréales pour lesquelles il pourrait y avoir le plus de souci sont les blés durs, avec des difficultés de semis en Poitou-Charentes et dans le Sud. » Mais Jean-Charles Deswarte se veut rassurant : « S’il y a des dégâts, ils seront très rares. Les parcelles les plus à risque sont celles dans les fonds là où l’air froid coule et s’accumule, dans les régions où les cultures sont les plus avancées. » Mais ce n’est pas le cas du Nord-Est par exemple, touché par cette vague de froid nocturne. Car les températures négatives sont enregistrées uniquement la nuit pour remonter le jour à 10°C. « La durée du gel est courte : quelques heures, selon le spécialiste d’Arvalis. Par ailleurs, les températures négatives arrivent sur des plants avec l’apex à ras du sol, sur des terres en train de s’assécher et avec une humidité de l’air faible. Les plantes sont plus concentrées en solutés ce qui leur confère une meilleure résistance au gel, remarque Jean-Charles Deswarte. Cela dit, avec ce gel et le vent associés à un fort rayonnement, il pourra y avoir des symptômes sur feuilles avec des taches physiologiques sur certaines variétés en particulier. Le vent froid peut engendrer également un desséchement des extrémités des limbes, sans gravité. Tous ces symptômes porteront sur des feuilles qui ne feront pas le rendement de la plante puisqu’il y a encore quatre ou cinq étages foliaires à sortir. Quant au fort rayonnement que nous connaissons, cela ne peut être que bénéfique. Avec le soleil, les plantes peuvent évacuer leur excès d’eau. » Les derniers jours de mars devraient apporter un peu plus de douceur. Mais, comme en 2017, le gel peut s’inviter jusqu’en mai et créer de réels dégâts.