LOA : « Le texte est vidé de ses ambitions » dénonce le Collectif Nourrir
Alors qu’est votée aujourd’hui la loi d’orientation agricole (LOA) au Sénat et qu’elle doit passer ensuite en commission mixte paritaire, le Collectif Nourrir composé de différentes ONG dont la Fnab a tenu une conférence de presse pour dire son opposition à ce texte qu’il juge très négativement.
Alors qu’est votée aujourd’hui la loi d’orientation agricole (LOA) au Sénat et qu’elle doit passer ensuite en commission mixte paritaire, le Collectif Nourrir composé de différentes ONG dont la Fnab a tenu une conférence de presse pour dire son opposition à ce texte qu’il juge très négativement.
![champ avec coquelicot](https://medias.reussir.fr/bio/styles/normal_size/azblob/2025-02/agriculture_-_2025-02-18t142038.988.jpg.webp?itok=J9hPUfO_)
La LOA entre aujourd'hui dans une phase décisive avec le vote au Sénat et son passage en commission mixte paritaire afin que le texte puisse être adopté avant l’ouverture du Salon de l’agriculture 2025. Mais il est loin de faire l’unanimité. Les différentes organisations réunies au sein du Collectif Nourrir dont la Fnab, la Confédération paysanne, l'Afac, estiment que les objectifs initiaux en « matière d'installation des agriculteurs, de revenu juste, de transition agroécologique, d'adaptation au changement climatique et d'accès à une alimentation diversifiée, durable et de qualité » ont été abandonnés.
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« La bio est abandonnée »
Philippe Camburet, président de la fédération nationale d'agriculture biologique, ajoute qu’il existe un autre « recul majeur : l’abandon de la bio ». Selon lui : « C’est une désillusion pour nous. On n’a plus de cible à atteindre puisqu’il n’y a plus l’objectif de 25 % en 2030 qui était en cohérence avec le Green Deal. Il disparaît parce qu’il est soit disant inatteignable mais il EST atteignable. Pour preuve les nombreux projets d’installation en agriculture bio. On a besoin de corréler l’offre et la demande et ça s’accompagne de mécanismes de régulation. Il faut une bonne formation et une sensibilisation aux enjeux agronomiques ».
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L’absence de régulation foncière pointée du doigt
Elyne Etienne de la FNH ajoute qu’il n’y a « pas de renouvellement des générations s’il n’y a pas de transition agroécologique ». « Cette stratégie met en péril nos sols » affirme-t-elle en exprimant sa crainte quant au foncier : « Il y a plus de 100 000 fermes qui ont disparu en dix ans, cette loi ne prévoit aucune régulation foncière, ne prévoit rien pour protéger les terres de la spéculation, alors comment faciliter le renouvellement des générations ? ». Selon elle, le modèle agricole qui est proposé condamne les agriculteurs : « Le seul modèle proposé est la compétitivité mais ce n'est pas elle qui va garantir un revenu juste aux agriculteurs. Le texte choisit de favoriser les fermes usines, les agrandissements. Nous demandons une régulation immédiate pour permettre l’installation de nouveaux agriculteurs ».
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Tenir compte de la diversité des nouveaux venus en agriculture
Salomé Le Bourligu de SOL/Installons des Paysans estime qu’il faut tenir compte de la diversité des nouveaux venus en agriculture mais affirme que « le guichet unique France Installations-Transmissions n’a de nouveau que le nom et il ne répondra pas à la diversité des nouveaux besoins. Les chambres d’agriculture vont voir leur rôle renforcé alors qu’il aurait fallu associer d’autres acteurs ».
L'article 13 dénoncé
Pour Laure Piolle de FNE, l’article 13 de la LOA est « la pire régression pour l’environnement » en plus de trente ans en raison de l’ajout du caractère « intentionnel » des atteintes aux espèces protégées et de leur dépénalisation. Selon elle, ils s’agit « d’une impunité aux atteintes faites à la biodiversité » et de souligner que dans les faits « il y a très peu d’infractions graves commises par les agriculteurs en matière d’atteinte aux espèces protégées et à la biodiversité ».
Tribune, pétition et lettre ouverte
La LOA cristallise à ce point la colère des ONG qu’une tribune intitulée « Les agriculteurs méritent mieux et nous aussi » est parue ce matin sur le site de France Info. Les associations emmenées par la Fondation pour la Nature et l’Homme y dénoncent notamment la suppression des objectifs de développement de l'agriculture biologique et la possible réintroduction des néonicotinoïdes. Cette tribune appelle à une mobilisation citoyenne via une pétition demandant une politique agricole plus responsable et plus durable.
Autre initiative : l’envoi d’une lettre ouverte à la ministre de l’Agriculture pour dénoncer « un parcours à l’installation qui ne répond toujours pas aux défis du renouvellement agricole » et de pointer une agence France Transmissions-Installations « qui ne fait que reproduire l’existant avec un parcours qui exclut de nombreux porteurs et porteuses de projet agricoles ».
Retrouvez la lettre ouverte :