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Limaces/agriculture de conservation : passez à la surveillance renforcée !

L’été pluvieux a été favorable aux limaces, notamment en situation de non-travail du sol. L’accroissement de leur population ne signifie pas forcément une augmentation des risques de dégâts. Explications.

Les résidus végétaux peuvent détourner les limaces des cultures, en non travail du sol.
Les résidus végétaux peuvent détourner les limaces des cultures, en non travail du sol.
© V. Marmuse

« Je ne considérais pas trop les limaces avant de passer en semis direct. Mais lors de ma première année en non-travail du sol, des limaces ont détruit certaines zones de blés qui succédaient à un colza. » Agriculteur à Cellefrouin en Charente, Guillaume Chamouleau a une autre perception des mollusques depuis quatre ans qu’il pratique le semis direct. « Je suis plus attentif, plus vigilant vis-à-vis de ces ravageurs en tenant compte du contexte météo du moment. En outre, j’anticipe davantage les interventions. »

Pour ses semis de colza, l’agriculteur a mélangé les granulés du produit Ironmax MG à 2 kg/ha aux semences, en prévision d’attaques sur cette culture très vulnérable. « En agriculture de conservation des sols, nous avons comme préconisations spécifiques d’appliquer l’antilimaces au plus près du semis, et non en plein avec un épandage. L’objectif est de protéger la culture dans ou sur la ligne de semis, précise Pierre Olçomendy, chef marché antilimaces chez De Sangosse. Notre produit Ironmax MG est constitué de petits granulés que l’on mélange avec des semences de céréales ou de colza. Il n’y a pas de décantation de ces granulés dans le semoir et ils passent bien dans les cannelures sans être brisés. Il est possible aussi d’appliquer un produit sur la ligne de semis en localisé avec une cuve spécifique montée sur le semoir et un micro-granulateur. »

Jusqu’à 5 fois plus de limaces en ACS par rapport à l’agriculture conventionnelle

Même si le non-travail du sol est favorable au développement des limaces, les dégâts ne sont pas pour autant systématiquement accrus sur les cultures menées ainsi. À l’automne 2020, l’Apad(1) a constitué, en collaboration avec De Sangosse, un réseau de suivi de limaces sur blés en ACS dans 15 parcelles chez des agriculteurs, en comparaison avec des situations en agriculture conventionnelle. « Le nombre de limaces est quasiment toujours largement supérieur en ACS, avec jusqu’à 5 fois plus d’individus en semaine 45 (début novembre). Pourtant, les agriculteurs n’ont pas fait de corrélation entre le nombre de limaces et les dégâts qu’ils ont observés, sauf pour deux d’entre eux », rapporte l’Apad. L’organisation l’explique notamment par des résidus du précédent cultural faisant diversion – les limaces les consomment - et une présence accrue de carabes prédateurs de ces mollusques.

Guillaume Chamouleau est sensibilisé à la préservation des auxiliaires. « Je suis passé de produits à base de métaldéhyde à des spécialités de biocontrôle composées de phosphate ferrique. J’accepte un peu plus de dégâts pour favoriser le développement des auxiliaires. La présence de haies, les couverts végétaux et la mise en place de bandes fleuries favorisent ces derniers, observe l’agriculteur. Je suis à la recherche d’un équilibre entre les populations de carabes et de limaces, en évitant les conditions d’un emballement des ravageurs. Cela passe par une surveillance accrue des limaces de façon à pouvoir intervenir suffisamment tôt si nécessaire. Le temps que l’on ne passe plus à travailler les champs, nous l’occupons à observer. »

Pour rappel, en agriculture conventionnelle, le travail du sol est un moyen de lutte efficace contre les limaces. « Des méthodes agronomiques avant les semis telles que les déchaumages et une préparation du lit de semences avec le moins de mottes possibles réduisent sensiblement les populations », précise Lise Gouaud-Lecoq, conseillère grandes cultures à la chambre d’agriculture de Charente. En ACS, il faut s’en passer.

(1) Association pour la promotion d’une agriculture durable.

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