Les outils pour l’entretien mécanique des haies et leur coût d’utilisation
Les haies champêtres ou bocagères demandent de l’entretien régulier. L’utilisation d’outils adaptés au stade de développement des arbustes ou des arbres permet de préserver l’avifaune et les essences en place, tout en garantissant un aspect esthétique.
Les haies champêtres ou bocagères demandent de l’entretien régulier. L’utilisation d’outils adaptés au stade de développement des arbustes ou des arbres permet de préserver l’avifaune et les essences en place, tout en garantissant un aspect esthétique.
[Article mis à jour le 12 mars 2024]
En plus de caractériser le paysage, les haies champêtres ou bocagères, selon les appellations régionales, présentent plusieurs avantages. Elles protègent du vent les cultures et les bâtiments, réduisent l’évaporation de l’eau et luttent contre l’érosion. Elles servent aussi d’abris aux animaux et participent, par la production de bois de chauffage, piquets, poteaux, copeaux, plaquettes ou pellets, à abaisser l’utilisation de l’énergie fossile, ainsi qu’à la fourniture de matériaux pour la construction. Pour la sauvegarde des oiseaux, leur entretien est interdit du 16 mars au 15 août, sous peine de s’exposer à une pénalité de l’ordre de 3 % pour un premier constat (9% pour deux constats en trois ans) sur le montant de la prime PAC pour non-respect des règles de conditionnalité. De plus, les agriculteurs contrevenant à la règle d’interdiction de taille des haies entre le 16 mars et le 15 août sont passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende pour atteinte à la conservation d’espèces animales non domestiques et pour destruction de leur habitat.
Lire aussi : La taille des haies interdite aux agriculteurs dès le 16 mars
Les jeunes haies à tailler et à recéper
La taille d’une jeune haie s’effectue dès la deuxième année suivant la plantation. La coupe des arbustes s’effectue, durant l’hiver, le plus souvent à quelques centimètres du sol, selon les essences, afin d’engendrer la pousse de rejets qui étoffent le pied. Si des plants sont destinés à devenir des arbres, il est important de les tailler par défourchage en gardant uniquement la tige principale. Selon les chambres d’agriculture de Normandie, il est recommandé, les années suivantes, d’élaguer ou d’émonder les branches situées dans le tiers inférieur en les coupant à ras du bourrelet cicatriciel. Cette opération est à renouveler tous les trois à cinq ans à partir de la cinquième année.
Scier plutôt que broyer
L’entretien mécanique permet de gagner du temps et de contenir le développement des haies. Pour cette intervention, la faucheuse débroussailleuse à bras hydraulique est la machine la plus souvent employée, car courante dans les exploitations agricoles. Polyvalente, elle permet de broyer l’herbe et les ronces sur les talus, ainsi que de déchiqueter les branches. Son utilisation doit cependant être raisonnée en fonction du développement des sujets et du type de rotor utilisé : branche d’un centimètre maxi de diamètre avec les fléaux et jusqu’à quatre centimètres avec les marteaux. Avec ce matériel, si les arbustes sont trop gros, le bois éclate en laissant un aspect de saccage peu esthétique. De surcroît, les blessures infligées ouvrent la voie au développement de maladies. Le coût d’utilisation horaire de machines à rotor est, certes, parmi les plus faibles, mais l’opération doit être renouvelée quasi tous les ans.
Du temps gagné avec les lamiers
Pour passer moins souvent et assurer une coupe plus franche, la solution est de recourir aux lamiers munis de plateaux à couteaux ou de scies circulaires, deux types d’équipements souvent interchangeables. Ces outils présentent l’intérêt du débit de chantier, car ils sont plus larges que les têtes de broyage classiques : environ 2,10 mètres pour un modèle à quatre scies de 700 mm de diamètre, contre 1,20 mètre généralement pour les groupes de fauche des débroussailleuses. Le modèle à couteaux, plus rare, s’emploie pour la taille annuelle, car il n’accepte pas les branches de gros diamètre, au risque de les éclater. Il autorise une vitesse de travail maximale de 3 km/h, mais présente l’inconvénient de projeter le bois coupé. Le lamier à scies est recommandé pour les branches de 4 à 20 cm de diamètre. Il s’utilise entre 1 et 3 km/h selon le développement des sujets. Avec cet outil, il est recommandé d’équiper le tracteur de protections au niveau de la cabine, afin d’éviter la casse lors des chutes de grosses branches. Moins commun, le sécateur assure une coupe franche et sans projection de branches mesurant jusqu’à 10 cm de diamètre. Il présente une largeur de travail satisfaisante, par exemple 2,25 mètres chez Kirogn, mais est limité en vitesse d’avancement : 0,5 à 1 km/h. Sa qualité de travail est idéale pour l’entretien des haies à intérêt paysager. L’utilisation du sécateur et du lamier impose d’intervenir ensuite pour retirer le bois coupé ou le broyer. Les petits brins de taille sont notamment valorisables comme bois raméal fragmenté (BRF), qui constitue alors un amendement et un engrais pour les sols agricoles.
La solution économique de la coupe à blanc
Sur les haies développées, la coupe à blanc permet de récolter le bois pour le valoriser pour le chauffage et de régénérer la haie. Elle constitue une solution économique en s’opérant tous les 10 à 30 ans, selon les essences et les régions, et en permettant de récolter de 5 à 20 stères par longueur de 100 mètres de haies. En revanche, cette intervention réalisée à la tronçonneuse s’avère chronophage et assez dangereuse. Pour sécuriser les chantiers et gagner du temps, des prestataires proposent d’intervenir avec des grappins coupeurs montés sur des pelleteuses. Ces équipements simplifient la tâche, notamment lorsque le ramassage est réalisé avec un broyeur muni d’une grue. En cas de reprise à la main, la bonne organisation des chantiers est cruciale, car l’opération peut vite s’avérer pénible en raison de l’enchevêtrement des branches.
Regarnir pour chasser les ronces
Pratique reconnue pour les prairies, le regarnissage est un procédé aussi valable pour les haies. Il consiste à combler les trous formés par la disparition d’arbustes, afin d’éviter le développement des ronces et autres plantes indésirables. Pour cette opération, il est possible de bouturer certaines espèces comme le saule et le noisetier (ou coudrier). En cas d’utilisation de nouveaux sujets, il est important de sélectionner des plants suffisamment développés, afin d’éviter leur cannibalisation par la végétation en place. Cette opération peut s’accompagner d’une protection du sol par paillage, ainsi que par la pose de filets brise-vent et repoussant les chevreuils.