Les leviers pour faciliter la transmission en volailles
La transmission des exploitations est un véritable enjeu pour l’aviculture. Une meilleure insertion dans les formations agricoles ou encore la transmission progressive peuvent faciliter les reprises réussies.
La transmission des exploitations est un véritable enjeu pour l’aviculture. Une meilleure insertion dans les formations agricoles ou encore la transmission progressive peuvent faciliter les reprises réussies.
« Sur 4 500 exploitations à dominante avicole en Pays de la Loire, au moins 30 % seront à céder dans les cinq ans, a souligné Jean-François Ramond, président du Comité régional avicole (Cravi), lors de l’assemblée générale du comité. La transmission est donc un enjeu crucial. »
A priori, la transmission en volailles est plutôt plus facile que dans d’autres filières. « La rémunération arrive plus rapidement ; il n’y a pas de cheptel à acheter, pas besoin de tracteur au démarrage… », analyse Enzo Bourasseau, 23 ans, installé en 2020 en Vendée, en poulet label et canard. « L’intégration dans une filière est une chance, estime pour sa part Alexia Cantin, 27 ans, installée en 2017 dans le Maine-et-Loire, en canards prêts à gaver avec la coopérative Val de Sèvre. C’est sécurisant de savoir ce qu’on va gagner en fin de lot. Et comme la coopérative avance les canetons et l’aliment, il n’y a pas besoin de trésorerie. » La filière souffre toutefois d’un manque d’attractivité ou surtout de connaissance de ses métiers.
Mettre plus d’aviculture dans les formations
L’Ireo des Herbiers, en Vendée, est une des rares structures à proposer deux formations en aviculture, un certificat de spécialisation avicole (CS) et un BTS PA option Technicien avicole. En moyenne depuis quinze ans, 16 jeunes par an suivent le CS (5 en 2023), avec pour 40 % d’entre eux une installation dans les trois ans. « Mais il n’existe que sept formations en CS avicoles en France, indique Olivier Gaboreau, directeur de l’Ireo des Herbiers. Globalement, l’aviculture est délaissée dans les formations agricoles. « Il n’y a pas toujours de stage obligatoire en aviculture dans les certificats d’aptitude professionnelle. Le référentiel des CS avicoles n’a pas changé depuis 2000. Pourtant, quand nous avons obligé les BTS PA à deux semaines de stage en aviculture en première année, le nombre d’élèves qui se sont orientés en volaille a augmenté en deuxième année. »
Une étude de l’École supérieure d’agriculture d’Angers (Esa) a aussi montré que les nouveaux installés sont souvent passés par un stage. « L’expérience est essentielle pour se rendre compte de la réalité du métier », souligne Caroline Mazaud, enseignante-chercheuse en sociologie à l’Esa. Conscient du manque de visibilité de l’aviculture dans les formations, le Cravi travaille depuis quatre ans avec les établissements agricoles de la région pour promouvoir les métiers de l’aviculture. Des interventions sont faites dans les écoles, avec désormais un professionnel référent rémunéré. Une vidéo sur la conduite d’un élevage en volaille de chair sera aussi réalisée en 2023.
La piste de la transmission progressive
Une autre solution intéressante est l’installation progressive. Christophe Dilé, 60 ans, éleveur en Maine-et-Loire, transmet son exploitation sur trois années à Guillaume Séchet, d’abord salarié. « Guillaume voulait faire du lait, mais je l’ai formé à l’élevage de volailles et de porc et cela lui a plu, explique-t-il. Le fait que l’activité soit très planifiée lui convenait aussi, car l’organisation du travail est une priorité pour lui. » Après avoir étudié les chiffres, Christophe et Guillaume ont conclu qu’une installation progressive était plus intéressante pour les deux parties. « Je lui ai laissé les poulets label la premère année, puis les canards et une partie des porcs la deuxième année, avec une location à bas coût pour les bâtiments. Et fin 2023, je lui vendrai l’ensemble de l’exploitation. Cela lui permet de se faire la main progressivement, sans avoir trop de charges et de ne pas devoir trop emprunter. »
Installations 2021 en Pays de la Loire
En Pays de la Loire, la volaille arrive au troisième rang des installations en bio, avec 8 % des installations.
- 199 nouvelles offres de reprise d’exploitation déposées en 2021, selon l’Observatoire régional transmission-installation des Pays de la Loire, dont 17 % avec la volaille en production principale.
- 1 888 porteurs de projet recensés, plus nombreux après la crise Covid, dont 18 % avaient plus de 40 ans et 64 % étaient d’origine non agricole. Parmi les candidats du Répertoire départ installation, 13 % recherchaient un atelier volailles
- 510 installations aidées, dont 3 % avaient la volaille comme activité principale. Sur les 121 femmes installées, 11 % se sont installées en volaille.
Le nouveau profil des jeunes installés
Les installés sont de plus en plus nombreux à n’être pas issus du monde agricole, avec une volonté de ne pas entrer dans un schéma d’intégration.
« L’enquête montre que les profils et les priorités des gens qui s’installent évoluent », rapporte Caroline Mazaud. Les porteurs de projet sont de plus en plus nombreux à être non issus du milieu agricole et du milieu rural et n’ont pas reçu les « codes » par leur famille. Ils sont plus diplômés, avec au moins un BTS et souvent une formation généraliste avant la formation agricole. « Ils ont accumulé des compétences qu’ils vont transférer en agriculture. »
Ils s’installent plus tard, souvent après du salariat, et veulent avoir des vacances. Leurs priorités à l’installation sont la rémunération, l’équilibre entre vies professionnelle et privée, une autonomie dans le travail.
« En volaille, les projets sont souvent individuels, note Caroline Mazaud. C’est-à-dire hors filière longue organisée. Une filière très cadrée en volaille peut être un frein par rapport au désir d’autonomie. » Cinq ans après leur installation, les éleveurs sont assez satisfaits de la rémunération et de l’autonomie, mais l’équilibre entre vies professionnelle et privée pose toujours problème.