« Je valorise mon tracteur de 300 ch au chargeur frontal »
Agriculteur et entrepreneur, Damien Salley a préféré équiper son tracteur neuf de 300 chevaux d’un chargeur frontal plutôt que de renouveler son chargeur télescopique.
Agriculteur et entrepreneur, Damien Salley a préféré équiper son tracteur neuf de 300 chevaux d’un chargeur frontal plutôt que de renouveler son chargeur télescopique.
« Ce n’est pas le genre de montage auquel j’aurais pensé au premier abord », reconnaît Damien Salley. Cet agriculteur et entrepreneur de travaux agricoles à Soignolles, dans le Calvados, est équipé depuis ce printemps d’un tracteur Massey Ferguson MF 8S.305 doté d’un chargeur frontal FL.5033, le plus gros modèle de l’offre Massey Ferguson.
Un chargeur télescopique à renouveler
Manipulant chaque année quelque 3 000 à 3 300 tonnes de paille (et foin), qu’il achète en andains et revend en bottes cubiques 90x120 cm aux négociants de paille, Damien Salley cherchait à l’origine à renouveler son chargeur télescopique JCB Telescopic 534-70 de 135 chevaux, qui affiche 3 500 heures après quatre ans, par un modèle équivalent de 170 ch. « Mais les prix ont fortement augmenté en quatre ans, constate l’entrepreneur. Même si je partais sur un appareil plus puissant, il fallait compter 170 000 euros pour le nouveau modèle, contre 120 000 euros pour le JCB il y a quatre ans. »
Un tracteur avec chargeur plutôt qu’un télescopique
Damien Salley renonce finalement à investir dans un télescopique neuf et envisage avec son concessionnaire l’achat d’un tracteur de 130 chevaux avec chargeur. « Mais j’avais aussi comme projet d’acquérir un modèle de 300 chevaux, parce qu’on était juste en nombre de tracteurs, surtout au moment des semis », ajoute-t-il. C’est son vendeur de concession qui lui suggère alors d’équiper son futur gros tracteur d’un chargeur frontal. Si au début l’idée lui paraît saugrenue, un essai et le témoignage d’autres utilisateurs vont convaincre l’entrepreneur.
Deux pinces à balles sur le tracteur
En plus du tracteur de 305 chevaux, le chargeur capable de lever 3,27 tonnes à près de 5 mètres de haut ne représente qu’un surcoût de 25 000 euros. Il est équipé d’une pince à balles MX Manubal V7000HD (7 000 euros) capable de prendre quatre bottes. Damien Salley a également investi dans la même pince à balles modifiée par son concessionnaire pour être montée sur le relevage arrière. Ce deuxième outil de manutention permet de limiter les voyages en exploitant le relevage arrière du tracteur. « Quand j’ai réalisé un bloc de quatre bottes avec le chargeur, je le pose et le reprends avec la pince arrière, avant de reprendre quatre autres bottes avec le chargeur frontal, explique Nicolas Durel, un des salariés de l’entreprise qui effectue de nombreuses heures à la manutention. Quand je reviens au tas, j’ai huit bottes et non plus quatre comme avec le télescopique. »
Un engin de manutention plus confortable
Chaussé en pneumatiques IF 600/70R30 à l’avant et VF 650/85R38 à l’arrière avec une voie large, le tracteur doté d’un pont avant et d’une cabine suspendus s’avère très confortable au champ. « Les grosses roues permettent de passer plus facilement au-dessus des passages de pulvérisateur », apprécie Nicolas Durel. La transmission à variation continue procure de la souplesse dans les phases d’accélération et de décélération. « Il faut être souple, avertit Nicolas Durel, car avec la puissance du tracteur, on a vite fait d’un peu trop pousser quand on charge un camion. » Ce gain de confort se retrouve également pour les trajets routiers.
Comparativement au chargeur télescopique, la position haute du poste de conduite apporte un plus en termes de visibilité panoramique. Même l’absence d’un toit vitré n’est pas trop préjudiciable pour la visibilité haute. « J’empile huit bottes : cela ne va pas très haut », explique Nicolas Durel.
Une consommation de GNR réduite
Le salarié apprécie également le niveau sonore en cabine, très réduit. « Avec le télescopique, il faut toujours accélérer assez fort pour avoir de la performance. Avec le MF 8S, les performances hydrauliques sont telles que je roule au ralenti en ne réglant le débit qu’à 50 %. » Cela se ressent sur la consommation de GNR qui est plus faible. « Avant, il fallait faire le plein de carburant du télescopique tous les jours. Le réservoir du tracteur – 500 litres, contre 170 pour le télescopique – lui, tient trois jours », souligne le salarié.
Le tracteur lesté dans les roues arrière
Côté lestage, les masses de roues ne sont pas de trop lorsque le chargeur lève les quatre bottes de 410 à 460 kg chacune et que la griffe arrière ne porte pas de balles. « Si j’avais investi dans un petit tracteur chargeur, il aurait fallu le lester en permanence d’une masse sur le relevage arrière qui n’aurait pas pu accueillir une deuxième pince à balles », explique Damien Salley.
Moins maniable qu’un chargeur télescopique
Pour ce qui est des débits de chantier, « ils sont sensiblement identiques à ceux du télescopique, résume Nicolas Durel. On perd du temps à mettre les balles par quatre pour les reprendre avec la pince arrière, mais on en gagne à réduire les déplacements dans la parcelle. » Autre différence avec le télescopique, l’absence de quatre roues directrices. Cela implique de manœuvrer différemment, pour être bien droit face à la balle. Le chauffeur s’aide du relevage avant pour pousser légèrement les balles, afin qu’elles soient bien alignées, avant de les ramasser avec le chargeur.
Deux engins de manutention au lieu d’un
L’ancien chargeur télescopique est finalement resté sur l’exploitation. « J’ai décidé de le faire vieillir, confie Damien Salley. Mais il fera moins d’heures chaque année. Ça s’est avéré particulièrement bienvenu cette saison, où, avec la météo capricieuse, j’ai été amené à devoir manutentionner en même temps du foin, du lin et de la paille. »
Un tracteur moins puissant sur la presse à bottes carrées
Avant d’investir dans le 300 chevaux, Damien Salley était déjà équipé d’un tracteur MF 8S de 265 chevaux. Moins puissant que le dernier arrivé, celui-ci est dédié à la presse pendant la saison estivale. Ce tracteur aurait pu être équipé du chargeur et le nouveau être attelé à la presse. Mais ce choix aurait été moins pertinent, selon l’entrepreneur. « Lorsqu’on met le 300 chevaux sur la presse, on ne ressent plus les variations de charge et donc on anticipe moins les éventuels problèmes à venir lorsqu’il y a un pic de charge », explique Damien Salley.
En chiffres
2 salariés
1 100 ha de travaux à façon (semis, traitements), dont les 150 ha de SAU de Damien Salley
650 à 680 ha de battage
3 000 à 3 300 t de paille et foin pressés