Comment atteindre une alimentation 100% bio pour les monogastriques
La protéine végétale bio dans l’alimentation des monogastriques était un des sujets de la journée inter-filières, qui s’est déroulée en numérique le 9 décembre 2020. Il y a été notamment question de l’objectif du 100 % bio à atteindre dans l’alimentation des élevages au 1er janvier 2022 et des approvisionnements origine France.
La protéine végétale bio dans l’alimentation des monogastriques était un des sujets de la journée inter-filières, qui s’est déroulée en numérique le 9 décembre 2020. Il y a été notamment question de l’objectif du 100 % bio à atteindre dans l’alimentation des élevages au 1er janvier 2022 et des approvisionnements origine France.
Des changements se préparent dans l’alimentation des monogastriques dans les élevages biologiques. La proportion d’aliment bio est aujourd’hui de 95 %. A partir du 1er janvier 2022, l’alimentation devra être à 100 % bio, excepté pour les jeunes animaux (volailles de chair/poulettes de moins de 70 jours et porcs de moins de 35 kg) pour qui cette obligation ne rentrera en vigueur qu’en 2025. La date initiale du 1er janvier 2021 a été reportée en raison de la crise sanitaire Covid.
Lors de la « Journée inter-filières – La protéine végétale bio » qui s’est déroulée en webinaire le 9 décembre 2020, une conférence était consacrée à ce sujet de « La protéine végétale bio dans l’alimentation des monogastriques ».
Cette journée qui s’est déroulée de façon totalement numérique était co-organisée par la Coopération Agricole Auvergne-Rhône-Alpes, en partenariat avec la Chambre Régionale d’Agriculture, le Cluster Bio, la FRAB AuRA et le Pôle Bio Massif Central.
Recherche de références en alimentation bio
Mélanie Goujon, chargée de mission recherche et innovation en agriculture biologique à la chambre d’agriculture des Pays de Loire a présenté le projet Secalibio, porté par l’Itab (Institut de l’agriculture et l’alimentation biologique), IBB (Initiative bio Bretagne) et la chambre régionale d’agriculture des Pays de Loire.
Le programme vise à recueillir des références en alimentation bio.
Des expérimentations sont menées en élevage porcin à la station des Trinottières dans le Maine-et-Loire. Des essais de pâturage tournant ont montré que « les truies ont la capacité d’aller pâturer et de consommer le couvert », indique Mélanie Goujon. « Le pâturage peut contribuer aux besoins alimentaires des truies ».
En poulet de chair, des essais sont menées à l’Inra du Magneraud en Charente Maritime et au Lycée des Sicaudières dans les Deux-Sèvres sur les parcours. Les observations montrent une véritable consommation des plantes (trèfle blanc, chicorée, luzerne) par les animaux.
Le projet Secalibio s’intéresse aussi à l’enrichissement des assolements avec un ou deux protéagineux. Lequel ? Et quel est l’itinéraire le plus adapté ? C’est à ces questions que les travaux menés doivent répondre.
Les études se poursuivent pour « proposer des solutions probantes au producteur », souligne Mélanie Goujon.
Elle évoque aussi le projet européen OK NET ecofeed ainsi que le programme Valorage, qui va démarrer le 1er janvier 2021, suite à Secalibio.
De la protéine à partir de graines olégineuses origine France
Margot Mouilleau, responsable des filières biologiques chez Sanders Nutrition animale et Sophie Thouenon, directrice des filières biologiques du groupe Avril, ont présenté conjointement l’engagement de Sanders dans la filière bio. L’entreprise a créé la marque Alinat dédiée aux élevages biologiques. Pour permettre aux producteurs de faire face aux 5 % supplémentaires d’aliment bio exigés en 2022, l’objectif de Sanders est de « développer un sourcing origine France ». L’idée est de créer un « lien entre la partie végétale et la partie animale ».
Les graines oléagineuses sont aussi source de protéine. Pour le tournesol, par exemple, « le tourteau, c’est 50 % de la graine », assure Sophie Thouenon. Et « c’est le cas aussi pour le colza ». L’objectif est donc de « diversifier les protéines pour nos animaux » et c’est dans ce but que le groupe Avril (auquel appartient Sanders) et le groupe coopératif Terrena se sont associés en 2019 pour créer Oleosyn Bio. L’outil de trituration est situé à Thouars dans les Deux-Sèvres, produit d’une part des protéines végétales bio pour alimenter les filières animales, et d’autre part, des huiles bio 100% françaises pour le tournesol et le colza. Le process développé dans l’usine vise à « concentrer la protéine dans la partie tourteau », précise Sophie Thouenon.
Un second projet a démarré en 2020 avec Sojalim, une unité de trituration de graines de soja, située dans les Hautes-Pyrénées.
Disponibilité des matières premières origine France insuffisante
Jean-Charles Cizeron, directeur de Cizeron bio, est également intervenu lors de cette conférence. Son entreprise, basée en Haute-Loire, est spécialisée dans la nutrition animale biologique depuis 20 ans. Cet acteur du bio prône la régionalisation et la diversification des matières premières. Il faut « entrer en cohérence par rapport à la rotation », explique-t-il.
Selon lui, « on peut faire du bio mais il faut que l’ensemble des acteurs de la filière puissent gagner leur vie ». L’important est de « maîtriser les performances en élevage ». Lui suggère de limiter la concurrence entre l’alimentation animale et l’alimentation humaine et préconise pour cela une « utilisation modérée du tourteau de soja ».
Il s’inquiète par ailleurs de la disponibilité des matières premières origine France, et de la « compétitivité entre les différentes filières : porcs, volailles, vaches laitières.
Stéphane Travard, acheteur régional à la société DNA UCABIO SNA en Isère, prend la parole en tant qu’auditeur à la fin de la conférence et approuve le « bémol » de Jean-Charles Cizeron. « Il n’est pas possible de fournir du soja toute l’année », assure-t-il. « On veut aller dans le sens de la filière française mais on n’a pas la disponibilité ».
Un constat partagé en partie par Sophie Thouenon qui estime que « c’est dans cette logique que l’on doit générer la motivation des producteurs ». Pour elle, « nutrition animale et nutrition humaine vont de pair. Si on veut diversifier et avoir de la protéine pour nos animaux, on doit écraser de la graine ».