Jaunisse de la betterave : nos trois conseils pour faire face à l'arrivée des pucerons
Suite à la décision d’interdire les traitements de semences de betteraves aux néonicotinoïdes, les agriculteurs betteraviers doivent redoubler de vigilance à l’égard des pucerons, vecteurs de la jaunisse.
Suite à la décision d’interdire les traitements de semences de betteraves aux néonicotinoïdes, les agriculteurs betteraviers doivent redoubler de vigilance à l’égard des pucerons, vecteurs de la jaunisse.
Les pucerons ont déjà débarqué en Centre-Val de Loire, en Île-de-France et dans l’Yonne. C’est notamment dans cette zone qu’ils avaient fait de gros ravages en 2020, occasionnant une jaunisse parfois dévastatatrice pour la culture de betteraves.
Si depuis cet épisode, des dérogations pour appliquer en préventif des traitements de semences aux néonicotinoïdes permettaient de rassurer les producteurs, ce ne sera plus le cas cette année. Les betteraviers devront compter sur des traitements aphicides et surtout bien observer les parcelles pour scruter les pucerons, en tenant compte des conseils de l’Institut technique de la betterave (ITB).
Bien reconnaître les pucerons pour appréhender le risque
« Le premier point important c’est d’être sûr qu’on observe bien des pucerons, insiste Amélie Monteiro, coordinatrice des projets de recherche jaunisse au sein de l’ITB. Le principal risque est de confondre pucerons et collemboles. Ces derniers ont une forme plus arrondie mais si un doute subsiste, il ne faut pas hésiter à toucher l’abdomen de l’insecte avec un objet pointu. Si ce geste entraîne un saut, c’est un collembole. »
L’autre risque de confusion se situe ente les pucerons ailés noirs et les verts. Pour les différencier, il peut être utile de retourner l’insecte pour vérifier la couleur de son abdomen. L’observation à la parcelle doit être minutieuse. « Les larves sont parfois très petites, confirme Amélie Monteiro. Il est nécessaire de bien déplier les feuilles de betteraves car les pucerons s’y dissimulent. Il faut aussi bien observer les feuilles naissantes. »
En plus de scruter les pucerons à la loupe, il faudra prendre soin de les compter pour estimer le risque. « Le seuil d’intervention est de 10 % de betteraves touchées avec au moins un aptère vert » rappelle l’ITB.
Suivre les conseils de l’ITB et « Alerte pucerons »
L’outil « Alerte pucerons » peut s’avérer fort utile pour estimer le risque sur un secteur donné. Disponible en ligne, cet outil d’aide à la décision s’appuie sur un suivi de l’évolution de la pression basé sur les observations d’un réseau d’experts, qui tiennent compte des conditions météorologiques.
Sous forme de carte, « Alerte pucerons » dispose d’un code couleur correspondant au nombre de traitements préconisés au regard du risque de transmission de la jaunisse par les pucerons virulifères. Enfin, les notes d’information régionales de l’ITB peuvent être précieuses pour évaluer le risque sur son secteur.
En cas d’intervention aphicide : éviter certains produits
L’ITB alerte les agriculteurs sur la résistance des pucerons verts à l’égard de certains produits. « C’est le cas des produits à base de pyrèthres et de carbamates, précise Amélie Monteiro. Les phénomènes de résistance avérée ne permettent pas de contenir les populations de pucerons verts. Ces produits ne sont donc pas conseillés dans la lutte contre les jaunisses virales. » Les spécialités Karaté K et Mavrik Jet sont donc à laisser de côté.
L’institut préconise donc deux solutions aphicides à appliquer de préférence de manière localisée, en mélange avec de l’huile homologuée : le produit Teppeki à base de flonicamide et le produit Movento à base de spirotétramat. Le Teppeki, autorisé une seule fois par an, est à privilégier à partir du stade 2 feuilles des betteraves. Le Movento est quant à lui restreint à trois applications, en respectant un intervalle minimal de 10 à 12 jours entre deux applications.
Une appli numérique pour identifier ravageurs, maladies et auxiliaires
Diagbet est un outil numérique, qui peut être utilisé sous forme d’application téléchargée sur smartphone. Il permet de reconnaitre les ravageurs, les auxiliaires et les maladies de la betterave. Pour cela, il fait appel à une clé d’identification des bioagresseurs, de fiches complètes reprenant les facteurs de risque et les moyens de lutte pour chaque bioagresseur, et des fiches sur les auxiliaires de la betterave. Diagbet recense 45 ravageurs, 38 maladies, 13 accidents de végétation (liés au climat, à la structure du sol et autres), 8 carences et 2 intoxications.