Aller au contenu principal

Semis du blé à la volée : une pratique économe mais des conditions à respecter

Le semis du blé à la volée peut contribuer à optimiser les charges de mécanisation et à gagner du temps. Il convient à tous les types de sol, si l’humidité est suffisante.

Un semis à la volée peut être pratiqué avec un semoir adapté sur un déchaumeur.
Un semis à la volée peut être pratiqué avec un semoir adapté sur un déchaumeur.
© M. Portier

« Le semis à la volée du blé convient parfaitement à nos sols avec présence de silex. Ainsi, nous réduisons nos charges liées à l’usure du matériel et au semis. » À Saint-Fargeau, dans l’Yonne, les agriculteurs du Gaec des Baillys(1) ont opté pour ce mode d’implantation un peu par la force des choses. Disposant déjà d’une trémie frontale pour le semis, le Gaec s’est équipé d’un déchaumeur à disques indépendants (DDI) Agrisem série R, acheté 25 000 euros. « Le DDI est équipé d’éclateurs qui permettent de répartir la semence de manière homogène et d’effectuer un semis à la volée rapide, 5 hectares à l’heure », explique Joachim Nicolas, l’un des associés du Gaec. Lorsque les conditions sont fraîches, le rouleau situé à l’arrière est enlevé pour ne faire travailler que les peignes en surface et recouvrir les graines projetées. « Grâce à notre déchaumeur DDI, nous avons juste besoin d’effectuer un passage de déchaumage à dents avant de semer à la volée », précise l’agriculteur.

« Pour garantir la levée de la semence, le sol doit être correctement ressuyé mais suffisamment humide et la matière organique peu abondante en surface pour obtenir un bon positionnement de la graine, indique Joachim Nicolas. Si l’une de ces conditions n’est pas remplie, nous ne prenons pas le risque de semer le blé à la volée. Il faut bannir les semis précoces pour éviter des pertes à la levée. Même s’il reste simple, ce mode d’implantation nécessite de respecter certaines conditions pour qu’il réussisse. »

Dans ses essais, l’institut Arvalis teste régulièrement le semis à la volée de blé avec un semoir pneumatique de type DPS 12. Ce dernier présente l’intérêt de bien répartir la semence au sol et de ne pas être soumis aux impacts du vent, aléa à considérer lors d’un semis à la volée. « Les résultats obtenus sont intéressants tant sur le débit de chantier que sur la levée de la céréale. Toutefois, le passage d’un outil de déchaumage à disques ou à dents, voire de bêches roulantes après le semis à la volée est essentiel pour enterrer la graine sur 3 à 4 centimètres de profondeur, indique Jérôme Labreuche, d’Arvalis. En cas de résidus importants en surface, il convient de privilégier un outil à disques ou un outil animé comme le rotavator, très utilisé derrière maïs grain. Dans tous les cas, pour que le recouvrement soit suffisant et homogène, il faut que le sol soit bien nivelé. »

 

 
Joachim Nicolas, agriculteur dans l'Yonne."Je pratique le semis à la volée du blé depuis deux ans, une technique que j'avais d'abord appliquée avec les cultures dérobées."
Joachim Nicolas, agriculteur dans l'Yonne."Je pratique le semis à la volée du blé depuis deux ans, une technique que j'avais d'abord appliquée avec les cultures dérobées." © J. Nicolas

 

Semée trop profonde, la levée de la graine est plus lente avec pour conséquence un tallage moins important par la suite. À l’inverse, enterrée trop superficiellement, la graine est exposée au risque de gel, de phytotoxicité d’herbicides ou de levées échelonnées en conditions sèches. La technique permet de semer rapidement de grandes surfaces, en utilisant des outils de déchaumage rapides et de grande largeur, comme la herse de déchaumage Magnum. L’agriculteur peut aussi utiliser un épandeur centrifuge à engrais en guise de semoir. « Ce matériel reste toutefois délicat à régler pour obtenir une répartition homogène de la semence, précise Jérôme Labreuche. La qualité du semis de ce mode d’implantation est également tributaire de la vitesse du vent. »

Un coût d’implantation de 20 à 35 euros l'hectare

Pour Christophe Bersonnet, conseiller spécialisé en grandes cultures à la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire, le semis à la volée du blé reste assez exceptionnel et est plutôt pratiqué en dernier recours pour réaliser des semis tardifs. « Il m’est aussi arrivé de préconiser cette pratique pour recharger un semis mal levé suite à une phytotoxicité afin de limiter les pertes à la récolte », précise-t-il.

Jérôme Labreuche rappelle « qu’en 2005, période à laquelle nous avons beaucoup étudié le semis à la volée du blé, le cours de la céréale était inférieur à 100 euros la tonne, ce qui suscitait alors un intérêt économique. Avec cette technique, on peut espérer implanter la céréale pour un coût de 20 à 35 euros à l’hectare, avec un passage d’épandeur à engrais et d’un autre outil à disques ou à dents, contre environ 30 à 50 euros l'hectare pour un semoir. Depuis quelques années, le contexte n’est plus le même et ce mode d’implantation est devenu de moins en moins répandu. » Pourtant, c’est une pratique qui permet de semer vite, plus tard en saison et de choisir le bon créneau météo, l’humidité du sol étant la condition sine qua non de la réussite.

(1) 370 ha : maïs, blé, orge et cultures dérobées.

Contrôler les adventices

Un blé semé à la volée peut être désherbé avec des herbicides de post-semis prélevée à condition que la graine soit correctement recouverte de terre. Pour ce faire, il convient que le sol soit bien nivelé et qu’un travail du sol superficiel soit effectué après le semis. Avant le semis du blé, il est rare que les conditions météo soient suffisamment séchantes pour permettre la gestion des graminées (repousses ou couvert semé avec ces espèces) par du travail mécanique. Comme pour toutes les techniques sans labour, le recours au glyphosate peut être utile.

Les plus lus

<em class="placeholder">Culture de tournesol soufrant de la sécheresse.</em>
Changement climatique en Nouvelle-Aquitaine : « Une ferme charentaise descend de 8 km vers le sud tous les ans »

En 2050, les températures en Charente seront celles du sud de l’Espagne aujourd’hui, mais le volume de précipitation sera…

<em class="placeholder">Sol nu après une récolte partielle du maïs grain.</em>
Culture secondaire et PAC : des dérogations à leur implantation dans certaines zones

Le contexte météorologique de cet automne 2024 n’ayant permis, l’implantation des cultures secondaires avant le 1er …

<em class="placeholder">Prélèvement d&#039;un échantillon de sol pour une analyse en février 2021 dans un champ de colza en Seine-et-Marne</em>
Phosphore : des analyses de sol incontournables pour mesurer cet élément nutritif

Seule une petite part du phosphore présent dans le sol est assimilable par les cultures. Les analyses de sol apportent des…

<em class="placeholder">Romuald Marandet, chef de service à l’Office français de la biodiversité (OFB) dans l’Aisne&quot;La période de septembre à février est idéale pour les travaux sur les ...</em>
Curage des fossés : «La période de septembre à février est idéale, sans formalité administrative la plupart du temps », selon l'OFB de l'Aisne

Chef de service à l’Office français de la biodiversité (OFB) dans l’Aisne, Romuald Marandet précise la réglementation en…

<em class="placeholder">champ de tournesol en fin d&#039;été dans le Cher pas encore au stade de la récolte à cause de feuilles encore vertes et de dos de capitule jaunes</em>
Tournesol : de mauvaises récoltes compensées par de bons prix de vente
Dans de nombreuses régions, la récolte du tournesol a été mise à mal entre parcelles non récoltées, faibles rendements, humidité…
<em class="placeholder">champ de betteraves sucrières avec le feuillage bruni à cause de la cercosporiose</em>
Betterave : les variétés tolérantes à l’assaut de la cercosporiose
La cercosporiose devient un problème majeur dans des situations plus nombreuses chaque année. Des variétés à haut niveau de…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures