Récolte du maïs grain : des chantiers humides, qui peinent à avancer
Au 14 octobre, seules 13 % des surfaces en maïs grain étaient récoltées contre 67 % à la même date en 2023. Cette année, l'état des sols combiné à la nécessité de préserver la qualité du grain imposent de récolter à des humidités élevées. Les frais de séchage risquent d’être importants pour les agriculteurs malgré la volonté de certaines coopératives de proposer des solutions.
Au 14 octobre, seules 13 % des surfaces en maïs grain étaient récoltées contre 67 % à la même date en 2023. Cette année, l'état des sols combiné à la nécessité de préserver la qualité du grain imposent de récolter à des humidités élevées. Les frais de séchage risquent d’être importants pour les agriculteurs malgré la volonté de certaines coopératives de proposer des solutions.
À l’image des autres récoltes 2024, celle du maïs grain est tardive et s’étale dans le temps. La campagne ne permet pas de bénéficier de conditions favorables au séchage du grain au champ et conduit à récolter avec des taux d’humidité importants.
Des récoltes de maïs très en retard dans le Centre
Les équipes d’Arvalis des régions Auvergne, Centre et Île-de-France considèrent que la maturité physiologique du maïs (autour de 32 % d’humidité) sera atteinte dans ces secteurs entre le 20 et le 30 octobre pour les semis de début mai et en novembre pour les semis plus tardifs, soit à des dates plus tardives que d’habitude. Chez Axéréal, qui collecte sur une grande région Centre allant du sud de Paris jusqu’au nord de l’Auvergne, la récolte est très en retard. Selon les informations communiquées par la coopérative au 14 octobre, « la récolte de maïs est à peine démarrée et les agriculteurs attendent une météo plus clémente. Une pluviométrie durablement importante pourrait faire craindre des qualités dégradées dans certaines parcelles, mais il est trop tôt pour confirmer ce point, cela restant très variable en fonction des parcelles ».
Des rendements pour l'instant satisfaisants dans le Grand Est
Frédéric Wiart, responsable collecte chez Vivescia, indique que 45 % des maïs sont récoltés à ce jour, à une humidité de 33 %, ce qui reste « raisonnable ». Les rendements sont pour l'instant bons : « 100 à 130 q/ha au sud de Reims, 100 à 115 q/ha au nord, ce qui fait une moyenne entre 100 et 110 q/ha, bien supérieure à la moyenne olympique qui est autour de 90 q/ha ». Pour Frédéric Wiart, « c’est clairement une bonne année pour le maïs », mais il faut rester très prudent car la récolte est loin d’être terminée. La coopérative a décidé de ne pas augmenter ses tarifs de séchage (tarifs évolutifs par point d’humidité) en 2024 pour accompagner au mieux ses adhérents. Au nord de Paris, Agora, coopérative qui collecte dans l’Oise, annonce, elle, que « le maïs arrive avec un taux d’humidité moyen de 36 %, ralentissant les chantiers et les cadences de séchage ».
10 à 20% des surfaces de maïs récoltées dans le Centre-Ouest
Pascal Bugel, directeur productions végétales chez Terrena, estime que moins de 10% des surfaces ont été récoltées chez les adhérents de cette coopérative du Grand Ouest, alors que Thierry Guibert, responsable filière et structure du grain à la Cavac, révèle que les récoltes ont démarré « de façon laborieuse et chaotique » dans les Pays-de-la-Loire. 20 % des surfaces en maïs grain ont été récoltées, principalement dans le sud de la région (zones de marais), avec des rendements « corrects », à 110 q/ha en moyenne et 30 % d’humidité. Par contre, les maïs présents dans les zones de bocage sont plus humides (34 %), certains ont versé et la coopérative estime qu’une partie pourrait ne pas être récoltée.
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Dans l’ex-région Poitou-Charentes, Clément Gras d’Arvalis, explique que la météo pluvieuse de septembre et début octobre a été défavorable à une dessiccation rapide des maïs. Les récoltes sont donc attendues avec des humidités élevées proches de 30 %. Moins de 10 % des surfaces ont été récoltées, en majorité des parcelles non irriguées, mais les différents échos laissent à penser à une année correcte en termes de rendement, légèrement au-dessus de la moyenne quinquennale. Tout l'enjeu de cette campagne atypique sera de ne pas récolter trop tard si les conditions le permettent, pour préserver la qualité du maïs, tout en cherchant à se prémunir de frais de séchage trop élevés.
Des coopératives inquiètent des taux d'humidité en Aquitaine
Les récoltes se sont accélérées dans le Sud-Ouest pendant la deuxième semaine d’octobre à la faveur de belles journées, mais elles sont à nouveau stoppées par le retour des pluies. Chez Euralis, « l’organisation des chantiers est très compliquée », indique Franck Camet-Lassalle, responsable grands comptes, qui précise qu’au 15 octobre, « seuls 15 à 20 % des maïs étaient récoltés ». Avec des maïs aujourd’hui entre 29 et 30 % d’humidité, la problématique des frais de séchage se pose pour les producteurs. « Nous avons décidé d’un seul tarif à 29,8 €/t pour des humidités entre 20 et 32 %. Au-delà, nous sommes sur des tarifs évolutifs ». Franck Camet-Lasalle estime qu’il y a trop de risque aujourd’hui à vouloir sécher au champs et trop d’enjeux par rapport au semis des couverts derrière. Mais avec certains maïs semés fin mai qui affichent aujourd’hui des humidités de 38 %, la coopérative craint que la récolte ne s’étale jusqu’à la fin de l’année.
Du côté du groupe Maïsadour, un peu plus de 27 % de la récolte était rentrée au 17 octobre, à un taux d’humidité moyen de 29 %, énonce Grégory Moulis, directeur des productions végétales. Depuis quatre ans, Maïsadour détermine un plateau d’humidité avec un tarif unique de séchage pour fluidifier la récolte en permettant aux producteurs de déclencher plus précocement. Ainsi, cette année, le prix du séchage a été fixé à 27 €/t (en baisse de 7 % par rapport à 2023) pour un plateau allant de 22 à 32 % d’humidité. Au-delà il sera plus élevé. Ce tarif va augmenter de 3 €/t à partir du 1er novembre, révèle Grégory Moulis, pour tenir compte de la hausse du prix du gaz et de l’étalement de la période de séchage. « Nous allons attaquer les maïs des 2e et 3e périodes de semis qui vont être forcément plus humides. Le débit des séchoirs va être divisé par deux et nous devrons sécher sans doute jusqu’en décembre, ce qui n’est pas dans nos habitudes », précise-t-il.
Des rendements décevants sur les maïs irrigués
Côté résultats, chez Euralis, sur les premiers maïs récoltés, « les rendements sont bons mais pas exceptionnels, notamment en irrigué, où ils plafonnent car les plantes ont manqué de soleil ». Les rendements moyens sont estimés entre 103 et 104 q/ha (contre 97 q/ha en tendanciel) et la récolte est attendue à 500 000 tonnes. « Tout l’enjeu va être de rentrer les volumes maintenant », insiste Franck Camet-Lassalle. Même constat entre irrigué et non-irriguéchez Maïsadour, avec une moyenne pour l’instant à 103-104 q/ha, contre 95 q/ha en tendanciel. La récolte est attendue à 530 000 t, mais le groupe coopératif reste très vigilant sur la qualité. « Il n’y a pas d’alerte pour l’instant mais le risque sanitaire va augmenter avec la tardiveté de la récolte ».
Une récolte de maïs grain prévue à la hausse
La production de maïs grain (y compris semences), attendue à 14,5 millions de tonnes (Mt), serait supérieure de 11,4 % par rapport à 2023 et de 8,7 % par rapport à la moyenne 2019-2023, sous l’effet d’une hausse des surfaces cultivées (+ 22,5 % par rapport à 2023), indique Agreste dans sa note de conjoncture du mois d’octobre. Le rendement est estimé à 89,8 quintaux par hectare (q/ha), très en-deçà du niveau haut de 2023 (98,8 q/ha), et un peu supérieur à la moyenne des 5 dernières campagnes (88,2 q/ha). Mais les équipes d’Agreste précisent que « ces prévisions pourraient être encore sensiblement révisées, en particulier suite aux inondations provoquées récemment par la dépression Kirk ». En maïs non-irrigué, le rendement est estimé à 84,5 q/ha (-11,3 % sur un an et + 4,5 % par rapport à 2019-2023), alors qu’en maïs irrigué, il est estimé à 111 q/ha (-8,3 % sur un an et + 1 % par rapport à 2019-2023).