La Coopération agricole demande un plan de relance pour faire face aux impacts économiques du Covid-19
Le président de la Coopération agricole affirme que les dégâts économiques liés à la crise du Covid-19 sont importants et que le secteur nécessitera des aides pour traverser la crise. Un plan stratégique en 4 axes pour concilier reconquête de la souveraineté alimentaire et transition agroécologique sera présenté au gouvernement.
Le président de la Coopération agricole affirme que les dégâts économiques liés à la crise du Covid-19 sont importants et que le secteur nécessitera des aides pour traverser la crise. Un plan stratégique en 4 axes pour concilier reconquête de la souveraineté alimentaire et transition agroécologique sera présenté au gouvernement.
Le navire coopératif a tenu le cap dans la tempête, mais n’en est pas sorti indemne et aura besoin d’aide pour écoper. C’est en substance ce qu’a expliqué Dominique Chargé, président de la Coopération agricole (ex-Coop de France) lors d’un point presse tenu le 4 juin. Le responsable agricole veut donc que le secteur coopératif ne soit pas oublié dans le plan de relance de l’après-Covid. « Cette situation inédite va laisser des traces importantes sur la santé économique et financière de nos coopératives, et il y aura besoin de soutien », a mis en garde Dominique Chargé.
Selon les résultats d’une enquête menée par la Coopération agricole, les surcoûts engendrés par la crise, au-delà de la baisse du chiffre d’affaires, « vont obérer de 50 % le résultat des coopératives. Cela va avoir des conséquences sur leurs capacités à investir alors que d’énormes enjeux sont devant nous. » Les coopératives de plus petite taille sont celles qui ont été le plus pénalisées par la crise, et devraient pour une partie d’entre elles afficher un résultat nul ou négatif. Pour Dominique Chargé, il est ainsi probable que cette séquence renforce les mouvements de restructuration déjà engagés dans le monde des coopératives.
Un indispensable plan de relance pour la coopération agricole
La Coopération agricole estime indispensable que le secteur coopératif profite lui aussi d’un plan de relance orchestré par les pouvoirs publics. « L’agriculture et l’agroalimentaire auront besoin d’un plan de relance avec pour objectif le rétablissement de la souveraineté alimentaire, tout en répondant aux attentes des consommateurs, a souligné Dominique Chargé. Il faut pour cela restaurer la compétitivité des filières mais en accélérant les engagements dans la transition agroécologique, qui est indissociable de la reconquête de souveraineté alimentaire. »
Coop de France a bâti un plan stratégique en quatre axes incluant 30 mesures, qui sera présenté aux ministres de l’Agriculture, de l’Économie et du Travail, avec pour ambition qu’il remonte au cabinet du Premier ministre. Les quatre axes portent les thématiques suivantes :
- le renforcement d’un modèle agroalimentaire compétitif sur tous les marchés (avec la suppression des distorsions de concurrence et des investissements dans l’adaptation des modes de production)
- l’utilisation des atouts du modèle coopératif pour renforcer la structuration des filières et l’accélération la transition agroécologique (en sécurisant la capacité des coopératives à investir et en accélérant le transfert de compétence de la recherche vers le monde coopératif)
- le financement de la décarbonation afin que celle-ci ne devienne pas un handicap de compétitivité (mise en place d’un fonds de financement de la transition agroécologique)
- la promotion du « produire en France », avec des produits accessibles à l’ensemble des consommateurs européens et au service du développement des territoires (avec l’amélioration de la traçabilité et de l’information du consommateur), tout en prônant le soutien aux exportations de produits agricoles et alimentaires.
La crise du Covid-19 a fait « ressurgir des sujets qui faisaient partie de nos préoccupations depuis quelque temps déjà », a conclu le président de la Coopération agricole, pour qui le plan de relance doit viser à « reconquérir la dynamique de production en accélérant la transition de nos modèles pour répondre aux défis climatiques ».
Stratégie « de la fourche à la table » : un objectif de 25 % en bio « ambitieux »
Selon Dominique Chargé, l’objectif de 25 % de la surface agricole européenne en bio en 2030, prévu dans la stratégie « de la ferme à la table » présenté le 20 mai par la Commission européenne, apparaît « ambitieux ». « Je me pose la question de savoir si c’est réaliste », a affirmé le président de la Coopération agricole, pour qui la question à se poser est : « comment souhaitons-nous répondre à l’objectif de souveraineté alimentaire ? » Des doutes qui sont d’ailleurs partagés au sein même de la direction générale de l’Agriculture de la Commission européenne. L’un de ses administrateurs déclarait le 5 juin que les objectifs concernant l’agriculture biologique et la diminution de l’usage des pesticides étaient "forts" et qu’il n’était "pas certain qu’ils soient atteints" dans le calendrier imparti.