Comment épandre le digestat solide et le compost à faibles doses ?
L’épandage de fumure non conditionnée à forte valeur ajoutée, comme le compost ou la partie solide du digestat, impose certains équipements sur les épandeurs à fumier.
Quels matériels acheter et comment l’utiliser lorsque l’on souhaite épandre du compost ou la partie solide du digestat ? Ces produits à fortes valeurs fertilisantes sont généralement épandus à des tonnages à l’hectare très faibles, de l’ordre de 1 à 2 tonnes, voire moins.
Un produit affiné
Pour permettre d’atteindre de faibles dosages à l’hectare, il faut agir sur quatre leviers essentiels que sont une allure de travail élevée, une faible vitesse de tapis de fond d’épandeur, une hauteur de porte réduite et une largeur d’épandage importante. Dans ce contexte, la finesse du produit est indispensable. Lorsque la matière est sèche et naturellement fine, comme un compost plusieurs fois retourné, il est assez facile d’avoir une nappe fine et homogène. En revanche, si le produit est plus humide, il est davantage sujet à une répartition irrégulière par gros paquets. C’est là que prend tout son sens la table d’épandage. Cette dernière assure un émiettement fin, grâce aux hérissons horizontaux, avant que le produit ne tombe sur les deux plateaux d’épandage. À l’arrière des deux hérissons, de petites différences existent en fonction des marques concernant la tôle qui surplombe les deux disques d’épandage. Certains sont partisans de la tôle droite, qui évite l’accumulation de matière fraîche compromettant partiellement le travail d’émiettement réalisé en amont par les hérissons. D’autres préfèrent une tôle qui « s’enroule » autour des hérissons pour forcer l’émiettement. Quoi qu’il en soit, la matière tombe généralement à l’aplomb des axes des plateaux d’épandage. Pour profiter au maximum de la force centrifuge.
Une vitesse de tapis faible
Plus la vitesse du tapis est faible, plus la quantité de matière exposée aux hérissons est réduite et moins le dosage à l’hectare est important. Cependant, il arrive un seuil de vitesse linéaire du tapis en deçà duquel la régularité du flux de matière n’est plus assurée, avec des petits pics de volume lorsqu’une barrette arrive au bout du tablier : la régularité longitudinale d’épandage se dégrade. Dans cette situation, les épandeurs à quatre chaînes, que l’on trouve notamment sur les appareils à caisse large s’en sortent mieux, puisque les barrettes sont décalées et n’exploitent pas toute la largeur de la caisse : les petits pics sont plus diffus et plus étalés.
Une vitesse d’avancement élevée
Un autre levier pour réduire la dose à l’hectare consiste à augmenter la vitesse d’avancement. Il n’est pas rare de voir des ensembles avancer à 20-25 km/h dans les parcelles. Cela nécessite d’avoir un tracteur un minimum confortable et surtout d’une puissance suffisante pour atteindre rapidement l’allure de croisière après chaque demi-tour.
Donner de l’inertie pour épandre large
Le dernier levier sur lequel on peut agir, c’est la largeur d’épandage. Pour augmenter cette dernière, les plateaux d’épandage ont eu tendance, ces dernières années, à voir leur diamètre augmenter. À vitesse de rotation égale, un plus grand disque procure davantage de force centrifuge, donc plus de vitesse à la matière et une plus grande distance de projection. On observe le même effet en accroissant le régime des plateaux. Avec ses disques orientés vers les côtés, Bergmann se distingue en dirigeant le flux de matière vers le haut, prolongeant l’effet d’inertie et la distance de projection. D’autres, comme Jeantil, les inclinent vers l’avant.
La largeur d’épandage dépend de la nature du produit
La largeur d’épandage dépend bien sûr de la nature du produit épandu : les matières fines et sèches peuvent être plus difficiles à épandre sur de grandes largeurs et sont sensibles au vent. On observe également une variabilité sur les digestats solides, en fonction du type de séparateurs de phase par lesquels ils ont été triés – certains obtenant des produits plus secs que d’autres – mais aussi et surtout des ingrédients dont ils sont composés. « Certains intègrent dans leur digesteur des matières fibreuses (paille, foin) ou des produits soufflés, qui après digestion et séparation de phases, donnent des propriétés spongieuses à la fumure, explique Mickaël Senand, de Sodimac. Cette matière spongieuse absorbe l’énergie des pales. D’une largeur d’épandage de 30 mètres, avec les mêmes réglages, on peut passer à 18, voire moins. » Avec de telles largeurs d’épandage, le constructeur breton insiste aussi sur l’intérêt d’utiliser un déflecteur de bordure, au moins d’un côté, notamment le long d’axes routiers. Réduisant la largeur d’épandage à quelques mètres, ce dispositif permet de tout épandre dans la parcelle sans sous-doser le bord du champ.
« Lorsqu’on travaille à des dosages faibles, il devient nécessaire d’avoir des technologies pour réguler le dosage », affirme Sébastien Dillies de Ropa France, qui importe Bergmann. Même s’il est possible de faire sans, en passant du temps à peaufiner les réglages, la régulation DPAE s’appuyant sur une pesée dynamique apporte à la fois confort, ergonomie et précision, notamment dans les phases d’accélération de décélération en bout de champ. Elle permet de s’adapter rapidement à des natures et des dosages de produits différents, notamment en Cuma.