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Décoder les marquages des pneumatiques des tracteurs et engins agricoles

Plus les pneumatiques embarquent de technologie, plus les inscriptions sur leurs flancs se multiplient. Un point s’impose pour s’y retrouver parmi les différents chiffres, lettres et sigles.

Un pneumatique ce n’est pas que rond, noir et rempli d’air. Sa fabrication fait appel à de multiples technologies pour la construction de la carcasse et à un savant mélange d’ingrédients naturels et chimiques pour la composition de la gomme. Si la recette reste secrète, les grandes caractéristiques techniques sont indiquées sur ses flancs par une série de chiffres, lettres et sigles. Avec, par exemple, des 520/85 R38 155A8/152B TL sur le tracteur et des VF 750/65 R26 CFO 177A8 TL sur la moissonneuse-batteuse, il y a de quoi s’y perdre dans ces appellations à rallonge. Le TL, qui conclut le marquage, signifie tubeless, c’est-à-dire sans chambre à air. Toutefois, la présence de l’inscription « May be used tube type » autorise le montage d’une chambre à air. L’interprétation des premiers chiffres est la plus simple : le 520 et le 750 donnent en millimètres la section (largeur de flanc à flanc), mais ne reflètent pas réellement la largeur de la bande de roulement, un critère variant d’une marque à l’autre. Ces valeurs étaient auparavant exprimées en pouces (1 pouce = 2,54 cm) et, ainsi, un pneu de dimension 20.8 R38 d’hier équivaut à un 520/85 R38 d’aujourd’hui. À noter que Michelin retient encore l’ancienne dénomination pour certains de ses modèles Agribib. Les chiffres 85 et le 65 renseignent sur la série du pneumatique et correspondent au rapport entre la hauteur du flanc et la largeur du boudin. Le pneu VF 750/65 R26 dispose, par exemple, d’un flanc mesurant approximativement 487 mm de haut (65 % x 750 mm = 487,5 mm). Le R indique qu’il s’agit d’une structure radiale se caractérisant par une bande de roulement plutôt carrée. Il est remplacé par un tiret ou un D sur les carcasses diagonales au profil généralement arrondi. Les chiffres 30 et 38 donnent le diamètre en pouces de la jante mesuré entre les surfaces où repose le talon du pneumatique.

Plus la vitesse augmente, plus la capacité de charge diminue

Combinant un nombre et une lettre, à l’instar de 152B, les indices de charge et de vitesse sont deux critères indissociables. Ils permettent de connaître la charge maximale que le pneu supporte à la vitesse indiquée et à une pression donnée. Assez courant, l’indice de vitesse A8 correspond à 40 km/h, mais il est progressivement remplacé par les lettres B (50 km/h), C (60 km/h), D (65 km/h) ou E (70 km/h), afin de s’adapter aux dernières générations de tracteurs agricoles plus rapides. Dans notre exemple, le 520/85 R38 s’accompagne des combinaisons 155A8 et 152B. La première précise qu’à 1,6 bar (selon les données du constructeur), la charge maximale admise s’élève à 3 875 kg à 40 km/h (indice de vitesse A8). La seconde indique que le pneu peut aussi rouler à 50 km/h (indice B), mais il n’acceptera à cette vitesse que 3 550 kg. Le VF 750/65 R26 de la moissonneuse-batteuse, aux indices 177A8, supporte 7 300 kg à 40 km/h en respectant une pression de 2,4 bars, comme l’indique le tableau du manufacturier. Ainsi équipé, l’essieu avant de l’automotrice peut être chargé au maximum de 14 600 kg à 40 km/h.
 

Un meilleur respect des sols avec les technologies IF et VF

Les pneumatiques au préfixe IF (Improved Flexion) ou VF (Very High Flexion) bénéficient d’une conception de flancs acceptant une grande, voire une très grande flexion. Comme ils se déforment davantage, leur empreinte est plus grande et contribue à limiter la compaction. Ils affichent par conséquent de meilleures performances et, associés à un système de télégonflage, contribuent notamment à un meilleur respect des sols en autorisant une pression plus faible au champ. Ces pneus de haute technologie sont également intéressants pour les engins de récolte, car ils permettent dans certains cas de rester dans le gabarit routier inférieur à 3,50 mètres, tout en affichant une surface d’empreinte identique, voire supérieure, à celle d’un modèle plus large à carcasse standard. Les IF sont conçus pour porter jusqu’à 20 % de charge en plus à la même pression qu’un modèle standard de dimension identique. Ils admettent, à charge équivalente, une pression de gonflage jusqu’à 20 % inférieure. Les VF, encore plus performants, acceptent jusqu’à 40 % de charge supplémentaire qu’un modèle standard à pression identique ou autorisent une pression inférieure de 40 % à charge équivalente. Mais attention, les pourcentages sont des valeurs maximales valables pour une vitesse donnée. L’exemple de Michelin avec la dimension 710/70 R42 est parlant : à 65 km/h, la différence de charge entre une carcasse standard (MachXbib) et un pneu VF (Axiobib 2) est bien de 40 %, mais à 30 km/h elle tombe à 23 %. À 10 km/h, la différence descend à 13 %, étant donné que le standard supporte 6 200 kg et le VF accepte 7 000 kg. Pour cette même dimension, à charge identique de 5 500 kg, la pression est, à 10 km/h, de 1 bar avec le standard et de 0,8 bar avec le VF, soit une différence de 20 %. À 30 km/h, l’écart entre les deux technologies s’élève à 31 % et le VF s’avère intéressant, car il se contente de 0,9 bar, alors que le standard demande 1,3 bar. Dans ce cas, si le tracteur est équipé d’un système de télégonflage, il suffit de remonter le VF de 0,1 bar pour passer du champ à la route, voire de 0,2 bar pour rouler plus vite.

 © Michelin
 

 

A lire aussi : Des pneus de remorque plus respectueux des sols

Des consignes d’utilisation strictes pour les pneus CHO et CFO

Les engins de récolte, comme les moissonneuses-batteuses et les arracheuses intégrales à betteraves, voient leur poids augmenter au fur et à mesure du remplissage de la trémie. Les pneumatiques CHO (Cyclic Harvesting Operation) et CFO (Cyclic Field Operation) sont conçus pour résister à ces variations cycliques de charge. Ils acceptent ainsi de rouler sur une courte distance dans le champ (1,5 km maxi) avec la trémie pleine et à une allure maximale de 10 km/h, voire 15 km/h pour certaines marques à l’instar de Continental, Michelin et Mitas. La pente de la parcelle doit être également inférieure à 20 % (11 degrés). Pour ce type de pneumatique, les conditions de charge, de vitesse et de pression sont d’ailleurs définies par le manufacturier. Par exemple, un Continental 800/70 R 32 CHO 181A8/181B, gonflé à 1,2 bar, supporte au maximum 8 855 kg à 10 km/h ou 8 120 kg à 15 km/h sur une distance maximale de 1,5 km avec la trémie pleine en n’excédant pas 10 km/h. À la même pression et à 10 km/h en utilisation normale, sa capacité de charge descend à 6 940 kg. Cet écart important démontre l’intérêt de respecter les consignes de vitesse et de charge, sous peine de détériorer prématurément la carcasse.

Vérifier le bon gonflage en mesurant le rayon sous charge
Les manufacturiers communiquent le rayon sous charge, appelé aussi rayon écrasé. Cette valeur est, par exemple, de 827 mm sur le modèle Maxam AgriXtra 520/85 R38 155A8/155B. Son respect est particulièrement important, car il conditionne la longévité des pneumatiques, mais aussi ses bonnes performances. Un rayon sous charge inférieur à la valeur préconisée peut conduire à une dégradation de la carcasse. Sa mesure, facile à réaliser, permet de vérifier si le pneu est à la bonne pression.

 

De meilleures performances avec les jantes préconisées
Les manufacturiers recommandent souvent un type de jante, dont la largeur et le profil permettent d’exploiter pleinement les performances du pneumatique. Ils communiquent également, pour certaines dimensions, les références de modèles admissibles ou tolérés, mais dans ce cas il est possible que l’efficacité soit moins bonne. Les pneus de technologie IF ou VF exigent des jantes plus larges et ne sont généralement pas compatibles avec celles déjà présentes sur le tracteur. Toutefois, certains IF et VF répondent à la norme NRO (Narrow Rim Option) autorisant le montage sur des jantes plus étroites, dont les caractéristiques restent précisées par le fabricant. Cette compatibilité s’avère intéressante économiquement, car elle évite d’acheter de nouvelles jantes, mais peut se traduire là aussi par un impact sur les performances.

 

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